Traite et trafic d’êtres humains: le Maroc affiche sa détermination à éradiquer le fléau
Depuis quelques années, le Maroc s’est mobilisé en faveur de la lutte contre le trafic humain et la traite des personnes . Deux fléaux qui persistent toujours dans le royaume malgré tous les efforts déployés. Jusqu’ici, le phénomène reste entier et requiert davantage d’actions stratégiques pour réduire voire éradiquer le fléau.
La traite des êtres humains constitue une forme d’esclavage moderne qui fait subir aux victimes un calvaire perpétuel.
Au Maroc, ce fléau prend encore de l’ampleur. Le nombre des victimes a connu une hausse significative, au cours des trois dernières années, pour atteindre 719 personnes. C’est ce qui a été d’ailleurs dévoilé dans le premier rapport annuel de la Commission nationale de lutte et de prévention contre la traite des êtres humains .
Le nombre de personnes poursuivies dans des affaires de traite des êtres humains a également enregistré des hausses importantes et successives, de l’ordre de 200% en 2018 et de 96% pour en 2019.
Par ailleurs, le rapport fait état d’un constat inquiétant. Plus de 47% des victimes de la traite d’êtres humains dans le royaume sont des mineurs. Soulignant que l’exploitation sexuelle représente la forme la plus dominante de la traite des êtres humains, avec 283 cas, suivie de l’exploitation dans la mendicité avec 56 cas, et le travail forcé avec 35 cas, à cela s’ajoutent d’autres formes de traite et de trafic des êtres humains.
En effet, les donnés enregistrées, au cours de l’année 2021, en témoignent clairement. Le Maroc a identifié 169 victimes, en 2021: 116 personnes sont victimes de trafic sexuel tandis que douze ont subi des travaux forcés, sachant que 79 des victimes recensées sont des enfants, soit 47,41%.
Soulignant à cet égard que le sujet de l’exploitation des mineurs, notamment celui du trafic des enfants au Maroc, a fait l’objet du scénario d’une série intitulée « Syndrome E » diffusée sur TF1. Une adaptation au cinéma du best-seller de l’écrivain Franck Thilliez paru chez Fleuve en 2010, qui se penche justement sur ce fléau susceptible d’entraver le développement humain du pays.
Des actions gouvernementales à renforcer
Le Département d’Etat américain s’est félicité ,dans un rapport consacré à la situation de la traite des êtres humains dans le monde au titre de l’année 2022, des efforts déployés par le Maroc dans le cadre de sa lutte contre la traite humaine. Des efforts qui se manifestent notamment dans l’augmentation des poursuites judiciaires en matière de traite des humains.
Signalant à cet égard que les tribunaux marocains ont condamné des trafiquants à de lourdes et importantes peines de prison. Et ce , grâce à la promulgation de la loi 27-14 qui pénalise le trafic sexuel et le travail forcé par des peines allant de cinq à dix ans d’emprisonnement, en plus d’une amende, si les victimes sont adultes. En revanche , si ces dernières sont mineures, la peine s’alourdit, allant de vingt jusqu’à trente ans d’emprisonnement et une amende.
Certes, l’adoption de cadre juridique a permis de mieux cerner le fléau et de placer le royaume sur la liste de surveillance de niveau 2. Néanmoins, beaucoup d’efforts restent à faire à plusieurs niveaux et d’autres politiques stratégiques devront être mises en place, selon le rapport 2021 du Département d’État américain qui souligne que le Maroc ne satisfait pas pleinement aux normes minimales pour l’élimination de la traite.