Travail : Engouement pour l’emploi public

Face à un secteur économique privé morose, marqué par une stagnation des salaires et une augmentation endémique des faillites de PME, ces facteurs nuisibles à l’économie nationale ont fortement impacté le secteur privé de manière négative. Cela a poussé les jeunes diplômés à se réorienter vers le secteur public. Les experts estiment que la formation des jeunes diplômés reste inadaptée aux besoins du marché du travail.

Au Maroc, le secteur privé est principalement constitué de PME, représentant plus de 95% des entreprises. Les « toutes petites entreprises » (TPE) constituent plus de 60% de ce total. La taille et l’âge d’une entreprise sont déterminants pour la création d’emplois durables et qualifiés. Le taux de mortalité des entreprises est très élevé au Maroc. Selon le Centre régional des investissements (CRI) de Casablanca-Settat, 25% des entreprises créées sont considérées comme « mort-nées », n’ayant jamais démarré leurs activités.

De 2003 à 2015, environ 51% des entreprises créées étaient encore opérationnelles au moment de l’enquête. Environ une entreprise sur trois ne dépasse pas le seuil de cinq ans d’existence. Plus de 90% des entreprises n’ont pas bénéficié d’accompagnement, et 50% des entreprises ayant déclaré faillite n’avaient pas préparé leur projet en amont.

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Cette situation est exacerbée par le secteur informel, qui représente plus de 30% de l’économie marocaine, selon les données de la Bank Al-Maghrib (BAM), et emploie plus des deux tiers des travailleurs.

Concernant les jeunes diplômés, la majorité a reçu des formations souvent inadaptées au marché du travail. Les statistiques doivent être complétées par des enquêtes sociologiques pour révéler la dimension qualitative du recrutement dans le secteur privé.

Le chef d’entreprise, surnommé « moul chakara » (détenteur de l’argent), entretient souvent au Maroc une confusion entre son patrimoine personnel et celui de l’entreprise, y compris dans le cas d’une société de capitaux (SARL ou société anonyme). Pour désigner une entreprise, employés, clients et fournisseurs utilisent le nom du patron plutôt que la raison sociale de l’entreprise. C’est dans le contexte de l’entreprise privée marocaine que le comportement des jeunes peut être mieux compris, notamment en matière de choix d’emploi entre le secteur privé et public. Cette réalité est en constante évolution.

Le rôle des acteurs économiques, en particulier la CGEM, et des pouvoirs publics, est crucial à travers les chantiers en cours, tels que la mise en œuvre de la nouvelle Charte des investissements.

Ces dernières années, le gouvernement a adopté des mesures fiscales incitatives pour encourager les entreprises à embaucher des jeunes diplômés. Cependant, ces mesures ne font pas l’objet d’une évaluation périodique pour mesurer leur impact réel.

Dans le cadre du dialogue social, un accord a été conclu qui semble défavoriser l’attractivité de l’emploi dans le secteur privé. Le barème d’imposition en matière d’IR devrait bénéficier tant aux salariés du privé que du public. Par ailleurs, une hausse du SMIG de 10% est prévue en deux tranches de 5% chacune, la première applicable à partir de janvier 2025, et la seconde à partir du même mois en 2026.

Pour le SMAG, l’augmentation est également de 10%, répartie en deux tranches de 5%, la première applicable dès avril 2025, et la seconde à partir du même mois en 2026. Cette dernière augmentation ne concerne pas le secteur de l’éducation, où les fonctionnaires ont déjà bénéficié d’une hausse nette supérieure à 1500 Dhs dès janvier 2024. Au ministère de la Santé, les professionnels, y compris les médecins, ont bénéficié d’une augmentation nette de 3800 Dhs.

Dans l’ensemble des secteurs, tant privé que public, il serait plus approprié de parler de revalorisation des salaires plutôt que d’augmentation, car ces hausses auront un impact limité, compte tenu de l’érosion du pouvoir d’achat due à l’inflation des dernières années.

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