Tunisie. Des dizaines d’organisations condamnent les arrestations arbitraires de migrants subsahariens
Plus d’une vingtaine d’organisations tunisiennes et internationales actives en Tunisie ont, jeudi, dénoncé dans un communiqué commun les violations des droits de l’homme subies par les migrants d’Afrique subsaharienne, et appelé les autorités tunisiennes à lutter contre les discours de haine, la discrimination et le racisme à leur encontre et à prendre action urgente pour garantir la dignité et les droits des migrants.
Les signataires condamnent fermement les arrestations arbitraires de migrants d’Afrique subsaharienne et appellent le gouvernement tunisien à honorer ses engagements à la mise en œuvre des accords internationaux sur les droits des travailleurs migrants et des réfugiés, ainsi que les recommandations de l’Examen Périodique Universel ( UPR) et le Comité pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille (CMW).
Ils expriment leur profonde préoccupation face à la marginalisation des groupes les plus vulnérables, en particulier les migrants en Tunisie, qui souffrent d’exclusion sociale et de pauvreté, privés d’accès à un travail décent et formel et à toute source de revenu, et une situation administrative qui aggrave leur souffrance et les oblige, ainsi que leurs familles, à faire face à des défis qui ne peuvent être surmontés que par l’action courageuse du gouvernement pour les aider.
Les signataires exigent la protection et la garantie des droits des migrants et le respect de leur dignité, considérant que les autorités tunisiennes doivent mettre fin à l’exploitation dont ils sont victimes au travail.
Selon le communiqué, la prise de ces mesures sera également bénéfique pour le marché du travail tunisien, où les migrants représentent une force innovante capable de dynamiser l’économie nationale s’ils sont traités avec des lois équitables et des politiques de l’emploi respectueuses des droits de l’homme.
Ils réitèrent dans le communiqué leur appel au gouvernement tunisien à assumer cette responsabilité historique et à déployer tous les efforts possibles pour mettre en place un cadre de régularisation des migrants présents sur le territoire tunisien, répondant aux différents appels de la société civile et apaisant les craintes des autorités nationales et les organisations qui les expriment depuis des années concernant l’exploitation et la vulnérabilité des travailleurs non réguliers en Tunisie.
En outre, ils soulignent la nécessité de mettre à jour et de développer un cadre juridique sur la migration et l’asile pour se conformer aux normes internationales, ainsi que de donner la priorité au lancement d’une stratégie nationale de migration qui garantit l’intégration et la protection des droits.
Selon le communiqué, ces derniers jours, plus de 300 migrants ont été arrêtés, placés en garde à vue et traduits en justice.
Ils ont été interpellés à la suite d’un contrôle d’identité « au visage » ou encore du fait de leur présence au tribunal pour soutenir leurs proches.
« Dans le même temps, l’État tunisien fait la sourde oreille à la montée des discours haineux et racistes sur les réseaux sociaux et dans certains médias, ciblant spécifiquement les migrants d’Afrique subsaharienne », lit-on dans le communiqué.
Parmi les organisations signataires, le Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux (FTDES), la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH), l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATDF), Avocats Sans Frontières (ASF), l’Association Tunisienne de la Défense des libertés individuelles (ADLI), l’Organisation tunisienne contre la torture (OTCT) et bien d’autres.