Tunisie : HRW dénonce des abus graves contre des migrants africains
L’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) a publié mercredi un rapport accablant sur les violations commises par les forces de sécurité tunisiennes à l’encontre des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile africains noirs. Selon l’ONG, la Tunisie n’est pas un pays sûr pour ces personnes, qui subissent des passages à tabac, des détentions arbitraires, des expulsions collectives, des vols et d’autres abus.
Le rapport se base sur une série d’entretiens menés avec 24 personnes originaires de sept pays africains, qui ont vécu ou vivent encore en Tunisie, ainsi qu’avec des représentants de la société civile locale et des experts. HRW affirme avoir documenté des cas de torture, de recours à une force excessive, d’actions dangereuses en mer, d’évictions forcées et de discrimination raciale.
L’ONG pointe du doigt le discours du président Kaïs Saïed du 21 février 2021, dans lequel il a dénoncé l’arrivée de “hordes de migrants” venus “changer la composition démographique” de la Tunisie. Selon HRW, ce discours a encouragé les forces de sécurité à intensifier leur répression contre les migrants africains noirs, notamment après les affrontements qui ont éclaté début juillet à Sfax entre des habitants et des migrants, faisant deux morts.
HRW appelle les autorités tunisiennes à enquêter sur les abus commis par les forces de sécurité et à les sanctionner, à respecter les droits des migrants et à leur garantir un accès à la protection internationale. L’ONG demande également à l’Union européenne de suspendre son soutien à la Tunisie dans la lutte contre l’immigration irrégulière tant que ces abus ne cessent pas.
Les autorités tunisiennes n’ont pas encore réagi au rapport de HRW. Le président Saïed a qualifié le 8 juillet les accusations d’abus contre les migrants de “mensonges” et de “fausses informations”.