Tunisie: l’année 2017 « sera encore plus difficile » faute de réformes

L’année 2017 « sera encore plus difficile » que l’actuel exercice pour la Tunisie, « si on ne fait rien » d’ici là en matière de réformes, a prévenu, vendredi, le chef de gouvernement désigné Youssef Chahed.

« Nous serons, alors, amenés à suivre une politique d’austérité, c’est-à-dire que l’Etat se trouvera dans l’obligation de compresser les dépenses de santé et de sécurité sociale, de licencier des milliers de fonctionnaires, d’augmenter les impôts pour les citoyens et les sociétés et de suspendre les investissements de développement et d’infrastructures« , a mis en garde M. Chahed, en ouverture de la séance du vote de confiance au Parlement.

Pour son premier passage dans l’hémicycle, le jeune politicien a tenu, chiffres à l’appui, un discours de vérité sur la situation économique et financière du pays, marquée par un net ralentissement de la croissance, qui ne doit pas dépasser 1,5 % à fin 2016 contre des prévisions de 2,5 %, ainsi que la hausse vertigineuse de l’endettement extérieur, qui va s’élever à 62 % du PIB contre 21 pc en 2010.

Le jeune politicien a cité aussi l’aggravation sans précédent du déficit budgétaire, qui doit s’établir à plus de 3,9 pc à cause d’un trou de 2.900 millions de dinars imprévus, au moment où la monnaie locale poursuit sa dégringolade, au grand dam des exportateurs, doublée de la chute drastique des recettes du tourisme et du phosphate.

Face à cette situation « exceptionnelle », Youssef Chahed a promis « des mesures exceptionnelles« , à leur tête « la réhabilitation de la valeur du travail », « la hausse de la production et de la productivité » et « l’incitation de l’investissement national et étranger ».

« Nous allons faire preuve de grande fermeté contre tous les sit-in illégaux et les rassemblements anarchiques », a averti M. Chahed, en allusion aux grèves sauvages et aux protestations sociales ayant longtemps bloqué la production du phosphate et causé le départ de sociétés étrangères.

« Nous n’allons plus tolérer qu’un groupe prenne en otage une usine ou une unité de production« , a-t-il ajouté, brandissant la menace de sanction contre les fonctionnaires « négligents« .

Sauf grosse surprise, le nouvel exécutif, censé être un « gouvernement d’union nationale« , devra décrocher une majorité très confortable, bien au-delà des 109 voix requises pour son investiture par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP, Parlement), qui compte 217 membres.

Outre Ennahda et Nidaa Tounès, les deux plus grands blocs parlementaires, l’investiture du gouvernement Chahed est cautionnée par l’Union patriotique libre (UPL), parti du riche homme d’affaires Slim Riahi, Afek Tounès, Mouvement Projet de Tunisie (MPT), formation regroupant les dissidents du Nidaa, et des députés proches de personnalités de gauche ayant accepté d’intégrer le gouvernement d’union.

A bientôt 41 ans, Yousef Chahed, un technocrate reconverti dans la politique au sein du parti de Nidaa Tounès, a fait sa première entrée au gouvernement en tant que secrétaire d’Etat à la pêche, en février 2015, avant de devenir ministre des Affaires locales suite au remaniement de janvier 2016, sous la houlette du Premier ministre sortant Habib Essid.

En juin dernier, le président Béji Caid Essebsi avait lancé l’initiative de la mise en place d’un gouvernement d’union jouissant de la cohésion la plus large pour faire face à l’actuelle crise multidimensionnelle en Tunisie, en menant les réformes nécessaires à la relance de l’économie et à l’incitation de l’investissement, en plus de la stabilisation du front social.

 

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