Tunisie: Saïed pose les bases d’une “nouvelle dictature” et agite l’épouvantail xénophobe
Douze ans après le “Printemps arabe”, le président tunisien, Kaïs Saïed, pose les bases d’une nouvelle dictature et agite l’épouvantail xénophobe, écrit l’hebdomadaire français “Le Point”, dans son dernier numéro.
A son élection, le Président avait tout pour être “heureux”: une opposition en guenilles, une jeunesse acquise à sa cause, une légitimité idéale pour combattre le fléau du pays, la corruption, qui est son cheval de bataille, mais « il a préféré consolider son pouvoir pour endosser l’habit d’un autocrate », note la publication.
Le média revient sur les actions du chef de l’État contre les critiques de sa gestion, avec une “offensive” ciblant toutes les oppositions du pays; responsables de partis politiques, syndicalistes, avocats et journalistes sont emprisonnés accusés “pêle-mêle d’atteinte à la sûreté de l’État et de blanchiment” ou sous couvert de la loi antiterroriste.
Le Point évoque aussi des arrestations sur “fond de suspicion liberticide” à l’égard des oppositions alors que le mot »traître » est devenu un élément de langage de la présidence.
Selon la publication, les arrestations constituent “l’acte III du règne de Kaïs Saïed” après le coup d’État (acte I) et la liquidation des institutions nées de la démocratie (acte II).
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Commentant la situation économique du pays, Le Point relève qu’”on se presse au chevet de la Tunisie pour lui prodiguer des conseils, des soutiens verbaux pour l’obtention d’un prêt du FMI. Les chiffres de la conjoncture n’étaient déjà pas favorables au déblocage d’une ligne de crédit, alors les arrestations sur fond de suspicion liberticide… À quoi s’ajoute la dernière sortie de Kaïs Saïed, le 21 février, à l’issue d’un conseil de sûreté nationale consacré aux migrants africains”.
Un »grand remplacement » version Tunisie, la déclaration présidentielle a mis le feu aux poudres, note l’hebdomadaire français. Agressions, familles subsahariennes jetées à la rue, avions affrétés de Côte d’Ivoire, de Guinée, du Mali pour rapatrier leurs ressortissants, énumère Le Point, évoquant un “fiasco complet”.
Et de poursuivre que si les pays européens ont à peine maugréé, l’Union africaine a condamné le caractère »raciste » de ces propos, et la Banque mondiale a annoncé dans une note interne »suspendre ses travaux avec la Tunisie ».
Se mettre à dos l’une des principales institutions financières du monde alors qu’on sollicite un prêt crucial avec le FMI, voilà qui est au mieux maladroit, au pire kamikaze, note l’auteur de l’article.
Avec MAP