La Turquie déterminée à combattre l’EI en Syrie malgré de lourdes pertes
La Turquie s’est dite jeudi déterminée à poursuivre son offensive dans le nord de la Syrie en dépit de lourdes pertes infligées à ses forces par le groupe Etat islamique dans son bastion d’Al-Bab, où 16 soldats turcs ont été tués mercredi.
Ce bilan est de loin le plus meurtrier enregistré par la Turquie en une journée depuis le déclenchement, fin août, de son intervention dans le nord de la Syrie pour chasser de cette zone les jihadistes de l’EI, mais aussi les milices kurdes syriennes.
Ces lourdes pertes illustrent l’intensification des combats autour du fief jihadiste d’Al-Bab, que les rebelles syriens appuyés par l’armée turque tentent d’enlever depuis plusieurs semaines.
Mercredi, 16 soldats turcs y ont été tués et des dizaines blessés dans une série d’attaques, dont plusieurs attentats à la voiture piégée, revendiquées par l’EI.
« Certes, nous avons à ensevelir des martyrs », a concédé jeudi le président turc Recep Tayyip Erdogan, confirmant que le bilan était passé de 14 à 16 tués. « Mais nous sommes déterminés à entretenir leur mémoire, à défendre ce qu’ils nous ont légué et à poursuivre cette lutte », a-t-il ajouté.
Les médias turcs diffusaient jeudi les images des proches éplorés des soldats tués, de jeunes hommes pour la plupart, récemment mariés ou pères depuis peu.
Selon un décompte de l’AFP, au moins 38 soldats turcs ont été tués en Syrie depuis le lancement, le 24 août, de l’opération turque « Bouclier de l’Euphrate ».
« Il s’agit pour la Turquie d’une lutte existentielle. C’est une grande bataille menée au nom de l’unité de la Turquie », a estimé jeudi le Premier ministre Binali Yildirim.
Selon l’agence de propagande de l’EI Amaq, le groupe jihadiste a mené mercredi au total trois attaques suicides à la voiture piégée contre les forces turques et les rebelles pro-Ankara lorsqu’ils ont tenté d’avancer vers Al-Bab depuis l’ouest de la ville. L’EI a assuré sur des forums jihadistes avoir tué ou blessé 70 militaires turcs.
L’aviation turque a, elle, frappé 47 cibles de l’EI autour d’Al-Bab, à 25 kilomètres de la frontière turque, selon l’agence progouvernementale Anadolu.
« Al-Bab est entièrement assiégée par l’armée syrienne libre et nos soldats », a assuré mercredi M. Erdogan, ajoutant espérer que la ville « tombera entièrement, tôt ou tard ».
Selon le ministre turc de la Défense Fikri Isik, « 1.005 terroristes de Daech » ont été tués depuis le début de l’intervention turque, un bilan qui ne peut être vérifié de source indépendante.
Après avoir aidé les rebelles à chasser l’EI de plusieurs localités, notamment Jarablous, Al-Rai et Dabiq, Ankara a dirigé ses forces vers Al-Bab, un bastion des jihadistes situé dans la région d’Alep, à 35 km au nord-est de la ville éponyme.
Les jihadistes semblent y opposer une résistance plus farouche: la campagne turque, dont la progression avait jusque-là été rapide, s’enlise et un nombre croissant de militaires turcs sont tués ou blessés.
Le mois dernier, quatre soldats turcs ont été tués près d’Al-Bab par une frappe aérienne imputée par Ankara au régime syrien. Moscou a démenti toute implication de ses forces et de celles de Damas dans ce bombardement.
Et l’état-major turc a annoncé début décembre avoir perdu tout contact avec deux de ses militaires dans le nord de la Syrie, dont l’EI a revendiqué l’enlèvement.
Outre l’EI, l’offensive turque vise les milices kurdes des YPG (Unités de protection du peuple), alliées des Etats-Unis en Syrie dans la lutte contre l’EI.
La Turquie soutient les rebelles opposés au président syrien Bachar al-Assad, mais est restée à l’écart de la bataille cruciale d’Alep, en passe d’être entièrement reprise par le régime avec le soutien de Moscou.
Ankara et Moscou, dont les relations se sont réchauffées ces derniers mois, parrainent avec Téhéran une trêve qui a permis d’entamer l’évacuation de la partie Est de la ville.