Un collectif espagnol dénonce l’utilisation par le polisario de femmes sahraouies comme outil de propagande
Le collectif « La Libertad es Su Derecho » (La liberté est leur droit) a dénoncé, vendredi à Madrid, l’utilisation par le polisario des jeunes femmes sahraouies retenues contre leur gré à Tindouf, en territoire algérien, comme une monnaie de change et un outil de propagande.
Le polisario mène une « manœuvre propagandiste » instrumentalisant les femmes sahraouies notamment celles ayant été kidnappées et retenues contre leur gré à Tindouf, a indiqué la porte-parole du collectif « La Libertad es Su Derecho« , Elisa Pavon, qui rassemble des familles et proches de ces femmes séquestrées.
Lors d’une conférence de presse à Madrid, Pavon a relevé que le poilsario est en train de manipuler ces femmes, d’un côté en les privant de liberté et les soumettant à des traitements dégradants dans les camps de Tindouf et, de l’autre, en les menaçant de représailles si elles parlent de leur calvaire dans lesdits camps au cas où elles réussiraient à se libérer et revenir en Espagne.
Elle a fait savoir, dans le même contexte, que les séparatistes obligent ces femmes à faire des déclarations à partir des camps de Tindouf pour démentir le fait qu’elles ne sont pas séquestrées et privées de leurs droits les plus élémentaires, ajoutant que ces séquestrations sont en violation totale de toutes les conventions internationales des droits humains.
« Le polisario essaye de museler ces femmes, faisant fi des souffrances de leurs familles adoptives espagnoles« , a-t-elle noté.
Elle a indiqué, par ailleurs, que le collectif « La Libertad es Su Derecho » a recensé jusqu’à présent 50 cas de jeunes femmes sahraouies retenues contre leur gré à Tindouf, rappelant que le journal El Mundo a réussi, à travers différentes sources, à vérifier l’existence de 150 femmes dans la même situation.
L’activiste espagnole a cité les cas de Maloma Morales et Koria Hafid, séquestrées et sans communication avec l’extérieur depuis respectivement trois et huit ans.
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« De manière générale, les droits des femmes dans les camps de Tindouf sont inexistants. La situation de privation de liberté des femmes dans ces camps est une pratique généralisée« , a dénoncé Pavon, notant que son action a un double objectif à savoir la sensibilisation aux causes de ce phénomène de séquestration, notamment le programme dit « Vacances en paix » pour enfants, dont une partie reste en Espagne sans documents et ne revient pas dans les camps de Tindouf, ainsi que la dénonciation des violations des droits humains dont sont victimes ces jeunes femmes.
« Nous avons dénoncé ces cas auprès du ministère espagnol des Affaires étrangères, d’institutions espagnoles concernées par la violence faite aux femmes, de l’ONU et du parlement européen à travers son équipe de travail sur les détentions arbitraires« , a-t-elle précisé.
L’ex députée du PSOE, Fátima Aburto, a pour sa part affirmé que les aides humanitaires accordées au polisario contribuent à maintenir la corruption et les privilèges des dirigeants des séparatistes et leurs familles.
Les donateurs ne tiennent pas compte de l’obligation que ces aides garantissent les droits de l’Homme des populations séquestrées dans les camps de Tindouf, notamment ceux des femmes qui représentent la catégorie la plus vulnérable, a-t-elle estimé.
Les pères des jeunes femmes sahraouies, Maloma Morales et Koria Hafed, âgées toutes les deux de 25 ans et séquestrées dans les camps de Tindouf, ont dénoncé ces deux exemples comme des cas de violence de genre extrême, un phénomène généralisé dans les camps.
Pepe Morales et Marie Carmen de Matos, parents adoptifs de Maloma, ont indiqué que les droits de leur fille adoptive et de plusieurs autres femmes sont en train d’être violés au quotidien depuis des années, malgré les multiples plaintes déposées auprès de plusieurs institutions espagnoles et internationales.
La mère adoptive de Koria Hafed, séquestrée lorsqu’elle était mineure, a dénoncé l’utilisation par le polisario de ces femmes séquestrées comme « outil de propagande« .
« Elles sont obligées d’enregistrer des vidéos où elles adoptent un discours différent de leurs appels de secours« , a-t-elle fait observer.