Un livre, une œuvre réussie de l’intelligibilité de la question du Sahara

Rabat Business School a abrité, le 29 août 2024, la cérémonie de présentation et de la signature du livre « The Self-Determination Delusion : How Activist Scholars and Journalists have Hijacked the Western Sahara Case » écrit par Dr. Samir Bennis. Ce fut l’occasion pour l’assistance et les médias présents d’entendre un son de cloche différent de ce qui a été entendu sur la question ressassé par des auteurs étrangers et marocains.

La question du Sahara, importe peu l’appellation « Sahara occidental », « Province du Sud», « Sahara marocain », est l’histoire de la jonction de plusieurs facteurs exploités par des anciennes puissances coloniales visant la perpétuation de leur domination autrement sur leurs anciennes colonies. L’Espagne et la France ont, en effet, savamment mis en œuvre cette stratégie pendant quatre décennies. Cette stratégie a été exécutée avec la coopération et la complicité de certains pays de la région.

La production scientifique sur la question du Sahara a été prolifique du côté des auteurs étrangers. La plupart privilégie l’approche factuelle, évènementielle et ferme les yeux sur la dimension géopolitique du conflit.

Pour leur part, les auteurs marocains se concentrent sur la dimension juridique et croient à l’ascendance de la règle du droit sur les visées géostratégiques des acteurs concernés par le conflit. Bernés par l’école et la jurisprudence en matière de gestion et de règlement de conflits internationaux, certains auteurs ne font qu’effleurer le fond du problème.

Au lieu de consolider la position du Maroc, ces auteurs donnent, sans qu’ils en soient conscients, l’opportunité à ses adversaires, l’Espagne et l’Algérie, notamment, de le coincer dans son argumentaire basé sur les notions de morale et d’éthique.

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Dr. Samir Bennis fait l’économie de tout ce qui a été écrit et dit sur le dossier’. Il passe au peigne fin le discours et le narratif des acteurs impliqués en sacrifiant à l’objectivité requise dans le cas d’espèce.

Plongeant dans les archives des Nations unies, notamment celles de la Quatrième Commission, il décortique les différentes résolutions émanant du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale. Il y décèle les subtilités, les incohérences et les pertinences en fonction du contexte et des rapports de force lors de leur adoption.

Il démystifie le narratif de l’Espagne et de l’Algérie et démasque celui entretenu pendant longtemps par des pays qui ont choisi la zone de confort en affichant un soutien de façade, comme fut le cas de la France jusqu’à ces dernières semaines.

Bien que l’auteur soit d’avis que le Maroc a effectivement gagné la bataille de la souveraineté, il fait une analyse prospective et met en garde contre la nonchalance qui pourrait entacher la diplomatie marocaine.

Car les adversaires du Maroc l’attendent au tournant. Ils ne s’avouent pas vaincus. Ces adversaires comprennent, entre autres, ceux auxquels le Maroc avait fait confiance pendant deux décennies au moins avant qu’il ne s’aperçoive de leur duplicité, sinon de leur complicité avec ses adversaires.

L’un des éléments les plus importants dans l’analyse du Dr. Bennis est la démonstration que la question du Sahara est un conflit régional qui revêt une dimension géopolitique indéniable. Mais c’est un conflit qui oppose deux acteurs majeurs que sont le Maroc et l’Algérie. Le Polisario n’y est qu’un prétexte. Ce mouvement ne peut même pas se prévaloir du statut de mouvement de libération nationale. Il ne peut prétendre non plus être le seul représentant des populations du Sahara. L’auteur démontre, preuve à l’appui, que les allégations avancées par les adversaires du Maroc sur la question des droits de l’Homme et de l’exploitation des richesses dans la région du Sahara sont infondées.

Le retrait des reconnaissances, dont l’entité autoproclamée (Rasd) se targuait au lendemain du déclenchement du conflit, en est la démonstration éloquente. Depuis le retour du Maroc au sein de l’Union africaine en 2017, la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le territoire en 2020 et la multiplication du soutien international au Plan d’autonomie proposé par le Maroc (plus de 109), le Polisario est sur la voie d’être inscrit sur la liste des mouvements proxy qui ont fait leur temps.

Aujourd’hui, il ne reste qu’une poignée de pays africains reconnaissant le Polisario et son entité autoproclamée. La vague des reconnaissances constatée entre 1976 et 1980 s’est calmée avant de s’estomper. Les reconnaissances qui ont eu lieu durant les années 1990 ont été insignifiantes. La plupart a été remise en cause. Les deux tiers des reconnaissances ont été retirées, gelées ou suspendues.

Il reste l’Algérie. Mais le comportement, dont elle fait montre devant la multiplication des soutiens au Plan d’autonomie présenté par le Maroc depuis 2007, ne laisse rien présager de bon. La fuite en avant est la seule partition que les décideurs algériens savent jouer. Elle est suicidaire, mais ils n’ont rien à présenter comme alternative à ceux qui ont cru à l’illusion de voir les provinces du Sud soustraites à la souveraineté marocaine.

Le livre invite les chercheurs et les décideurs politiques à se dégager de leur nonchalance et à prendre le taureau par les cornes.

La préface du livre est écrite par Dr. Hassan Hami, politologue, écrivain et ancien diplomate. Le connaissant très bien, il ne se serait pas hasardé à y poser sa signature s’il n’avait pas été convaincu de la qualité de son contenu et de la pertinence de l’approche utilisée.

Il reste à dire que le choix de la langue anglaise pour écrire le livre est dicté par le fait qu’il vise une audience plus large, notamment celle qui a été imbibée et manipulée par quatre chercheurs et journalistes qui ont véhiculé un discours nuisible au Maroc. Il s’agit de Maurice Barbier, Tony Hodges, Jacob Mandy et Stephen Zunes, qui sont malheureusement cités même dans des travaux sur le Sahara réalisés par des chercheurs marocains. Une traduction en langue arabe, française et espagnole est programmée par l’auteur.

Le livre du Dr. Bennis est un appel à la vigilance pour démystifier les écrits et les allégations qui œuvrent à déstabiliser le Maroc et à l’empêcher de continuer sur l’élan qu’il a pris depuis 2007 et accéléré depuis 2017.

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