Un programme national de soutien sans précédent pour la Culture , les arts et les médias
Hassan Alaoui
D’emblée et par les temps qui courent, l’on peut considérer que la onzième réunion du Comité de veille économique, organisée le 6 janvier constitue un événement sans précédent. Les nouvelles mesures annoncées de soutien aux secteurs d’activités divers de l’économie tombent à point nommé, parce qu’ils demeurent toujours à la merci de la pandémie dévastatrice.
Et tout à l’honneur du ministère de la Culture, de la Jeunesse et des sports dirigé avec pertinence et compétence par Othman El Ferdaous, le secteur toutes activités confondues qui en dépendent ne peut pas ne pas s’en réjouir. La Culture, les médias, les arts, le sport, les entreprises, le transport touristique, les restaurateurs, la presse écrite spécifiquement et, plus significatif, les industries culturelles et créatives ont fait l’objet tour à tour d’une attention on ne peut plus conséquente. Dans ce cadre la signature des contrats programmes a constitué également l’occasion pour le Ministre de la Culture, de la Jeunesse et des sports de communiquer à un large spectre des réseaux sociaux, notamment facebook et youtube, sur les dernières initiatives de son département.
Intitulé « Perspectives 2021 : résilience et digitalisation » , le texte audio diffusé , en arabe et en français, où le ministre annonce que « l’année 2020 a été une année redoutable pour les salariés et les entreprises des secteurs du troisième temps consacré à la culture, au cinéma, à la jeunesse , aux sports et aux médias » est une première. Il se félicite de la signature des contrat-programmes signés par le Comité de veille économique et relatifs aux dits secteurs. Il se place aussi dans l’esprit des innovations de son département. Othman El Firdaous indique que, concernant la presse écrite, « ce contrat programme s’ajoute au dispositif de soutien à la presse qui succédera en 2021 à l’opération de soutien exceptionnel qui a mobilisé 235 millions de dirhams en 2020 ».
Le ministre souligne par ailleurs que pour « les entreprises des industries culturelles et créatives, une cellule d’assistance au montage de dossiers pour participer au programme Intelaka sera mise en place, en plus d’un véhicule d’investissement pour accompagner certains projets ». Enfin, dans sa conclusion, il rappelle « qu’au-delà des mesures de soutien et de résilience instituées par les quatre contrats programmes , la transformation digitale ( recommandée vivement par le CESE) , constitue le fil rouge des projets de relance que le ministère da la Culture inscrite dans son plan d’action annuel ».
Chaque secteur est impliqué dans le Contrat-programme qui voit se prolonger le soutien de l’Etat, mais aussi valoriser ses potentialités par temps de crise. Le contrat-programme concernant le secteur des Industries culturelles et créatives (FICC) , relevant de la CGEM est à lui seul un modèle. Frappé sévèrement par la crise pendant des mois, que Neila Tazi, présidente de la Fédération, qualifie « d’année blanche », ce secteur traverse en effet des moments extrêmement difficiles et les entreprises qui y travaillent, au nombre de 1000 comme aussi les 100.000 salariés qui sont concernés , en appellent au secours. Lors de l’une des sessions de la Chambre des conseillers en octobre dernier, Neila Tazi avait déjà tiré la sonnette d’alarme sur l’état très critique du secteur de la culture. Face à « l’année blanche » qu’il traverse , elle n’en démord pas : « Restons optimistes, on n’a pas le choix », assure-elle . Cela dit, les nouvelles mesures décidées par le CVE apporteraient-elles à ce secteur une solution , un nouveau souffle et l’espoir de reprendre à terme sa mission dans de bonnes conditions ? En fait il s’agit d’une mission, parce que la vie culturelle et artistique constitue l’un des ressorts majeurs de l’émancipation, du développement de tout pays.
Il n’est que de mesurer, comme l’a expliqué la présidente de la FICC, combien la Culture a hissé une ville comme Essaouira, grâce à son festival international des Gnaouas. Une ville que d’aucuns, non sans mépris, qualifiaient autrefois de « cul-de-sac » et qui, depuis 22 ans maintenant, prend sa revanche de l’isolement cruel vécu, et connaît un développement exponentiel multiforme grâce à la culture, la musique et les arts. Toujours au chapitre de la culture, d’une manière globale, le Contrat programme cosigné par la FICC couvre la période 2020-2022 et « s’articule sur quatre axes stratégiques ». En premier lieu, il y a la préservation de l’emploi avec le versement d’une indemnité mensuelle forfaitaire de 2000 dhs, à compter du 1er juillet 2020 et jusqu’au 31 mars au profit des salariés des entreprises des ICC frappés par la crise de la Covid19 .
Ensuite, le soutien économique et financier à travers la poursuite des délais de remboursement des crédits « Damane Oxygène », le lancement de deux nouveaux produits de garantie et la mise en place d’u moratoire pour le remboursement des échéances des crédits bancaires et des leasing jusqu’au 31 mars 2021, sans pénalités. Le 3ème axe concerne le renforcement de la commande publique destiné à couvrir les défaillances du marché liées aux contraintes sanitaires à travers notamment la mise en place d’une plateforme digitale pour la valorisation du patrimoine immatériel, les spectacles vivants, les festivals du Royaume et les autres savoir faire.
Enfin, autre volet qui n’en est certes pas le moindre, porte sur la gouvernance et la représentativité. Il s’agit du lancement d’un chantier de mise à niveau économétrique et statistique pour mieux appréhender la dimension économique du secteur. Rappelons que le secteur privé contribuera aux travaux de cette étude et à ses instances de pilotage.
Il convient de rappeler que le projet d’un plan stratégique national pour le développement des Industries culturelles et créatives (ICC) figure parmi les principales recommandations proclamées à l’issue des 1ères Assises des Industries culturelles et créatives co-organisées en octobre 2019 par le Ministère de la Culture et la FICC, sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi. Il convient de souligner que la Culture, la Jeunesse et les sports franchissent désormais une étape significative de leur relance et, à plus ou moins moyen terme, déterminante grâce au soutien de l’Etat, à l’engagement soutenu et renouvelé en faveur du secteur du ministre de la Culture, de la Jeunesse et des sports et de la Fédération des Industries culturelles et créatives.