Une nouvelle ligne diplomatique de la Chine avec les pays arabes
Le sommet entre la Chine et les pays arabes, qui s’est récemment tenu, a marqué une étape majeure dans les relations diplomatiques sino-arabes. Ce sommet a été l’occasion pour la Chine de renforcer sa nouvelle ligne diplomatique avec les pays arabes et d’ouvrir de nouvelles perspectives de coopération, tant sur le plan économique que politique. C’est dans ce même prolongement que le ministère des Affaires étrangères de la Chine a organisé un voyage de presse en faveur des médias des pays arabes et de l’Afrique du Nord pour partager sur sa nouvelle ligne diplomatique avec les pays arabes.
Le ministère des Affaires étrangères de la Chine a tenu, le 30 octobre 2023, un briefing avec 21 participants de 14 pays arabes, dont Maroc représenté par Maroc Diplomatique, représentant divers médias, et des employés officiels des ministères religieux dans le but de permettre à Pékin de présenter une image claire sur le terrain de la nature de la vie vécue par les musulmans en Chine, en particulier dans la province du Xinjiang, qui est majoritairement ouïghoure.
Au siège du ministère des Affaires étrangères à Beijing, la délégation de journalistes a rencontré M. Lyu Jian, ambassadeur du Département des affaires d’Asie de l’Ouest et d’Afrique du Nord du ministère chinois des Affaires étrangères, et le Conseiller au département des affaires d’Asie de l’Ouest et d’Afrique du Nord du même ministère, M. Sun Jian.
Dans sa communication, l’ambassadeur Lyu Jian a réaffirmé la volonté de la Chine de travailler en étroite collaboration avec les pays arabes et du Maghreb, considérant ces pays comme des amis et des frères. Cette initiative vient en réponse à la récente rencontre lors du sommet entre la Chine et les pays arabes, où la Chine a réitéré sa volonté de développer une nouvelle doctrine vis-à-vis de ces pays.
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L’ambassadeur Lyu Jian explique que la Chine est prête à ouvrir une nouvelle voie diplomatique avec les pays du Maghreb et du Moyen-Orient, considérant ces pays comme des « petits frères » et des amis. Il souligne que la Chine peut compter sur leur collaboration pour progresser économiquement et résoudre les problématiques communes.
Les journalistes présents ont également pris la parole pour réaffirmer leur position et la collaboration des pays arabes avec la Chine sur des questions politiques et diplomatiques. Ils ont notamment évoqué la question de la Palestine et d’autres problématiques politiques auxquelles leurs pays respectifs font face, telles que le terrorisme et la sécurité des frontières.
Lors de ce briefing, toutes ces questions ont été abordées et l’ambassadeur Lyu Jian a réaffirmé la position de la Chine, soulignant son ouverture à collaborer avec les pays arabes dans le cadre de sa nouvelle ligne politique. La Chine souhaite développer cette collaboration en travaillant ensemble sur des questions économiques et politiques.
Le volet économique un vecteur important
Le renforcement des relations sino-arabes a été particulièrement marqué dans le domaine économique. La coopération économique entre la Chine et les pays arabes a connu une croissance significative, avec la Chine devenue le principal partenaire commercial de nombreux pays arabes. Les investissements chinois dans la région ont également augmenté de manière exponentielle, favorisant le développement de projets d’infrastructures, de parcs industriels et de zones de libre-échange. Cette coopération économique a créé des opportunités d’emploi et stimulé la croissance économique dans les pays arabes.
Sur le plan économique, l’Ambassadeur Lyu a souligné que Beijing avait signé des accords avec 21 pays arabes dans le cadre de l’initiative internationale « la Ceinture et la Route », plaçant ainsi le groupe arabe en position avancée par rapport aux autres pays participants. Cela a eu un impact positif sur le volume des échanges commerciaux conjoints, qui ont atteint 430 milliards de dollars l’année dernière, a-t-il précisé.
Le responsable chinois a estimé que les facteurs les plus importants pour le succès des relations bilatérales résident dans leur fondement sur la consultation, la coopération et l’intérêt mutuel. Il a souligné l’importance de ne pas imposer de conditions politiques à l’autre partie, contrairement aux États-Unis qui ont explicitement demandé cela, comme en témoigne leur volonté de changer le Moyen-Orient et leur rôle dans le déclenchement du « printemps arabe », qui a porté préjudice, voire détruit de nombreux pays arabes.
Lyu Jian a déclaré que la Chine et les pays arabes partagent une histoire ancienne et qu’il est essentiel d’organiser régulièrement des séminaires pour promouvoir l’esprit de bénéfice mutuel et rejeter les théories de conflit entre les civilisations ou l’«islamophobie». Il a également souligné que la Chine a réussi sa politique ethnique en raison de sa diversité avec 56 nationalités présentes sur le territoire. Les citoyens jouissent d’une autonomie garantie ainsi que de droits et de devoirs égaux. Par conséquent, le pourcentage d’extrémistes représentant une menace pour la stabilité du pays est faible. La Chine cherche à coopérer avec les pays arabes et islamiques pour lutter contre cette menace.
L’ambassadeur a souligné la grande importance accordée par le ministère chinois des Affaires étrangères à la visite et à l’échange de vues de la délégation, dans le contexte du grand intérêt pour les relations sino-arabes afin de créer et de façonner un avenir commun, en particulier à travers ce que le Président chinois Xi Jinping a appris sur l’esprit d’amitié basé sur la tolérance et la coopération mutuelle à travers une stratégie à long terme, non pas pour atteindre l’hégémonie de la Chine dans la région arabe, mais pour construire des relations de confiance mutuelle et un partenariat de développement basés sur des valeurs communes plutôt que sur des alliances, formant des cercles étroits, des confrontations et consacrant la concurrence. Cela a un effet négatif sur le libre-échange mondial.
Le sommet Chine-pays arabes accélérateur de la coopération
Sur le plan politique, le sommet entre la Chine et les pays arabes a renforcé la coopération entre les deux parties. Des accords ont été signés pour renforcer les liens diplomatiques et promouvoir la paix et la stabilité régionales. La Chine a également réaffirmé son soutien à la cause palestinienne et à un règlement juste et durable du conflit israélo-palestinien.
Outre les aspects économiques et politiques, la Chine s’engage également à promouvoir les échanges culturels avec les pays arabes. Des festivals culturels, des programmes d’échanges universitaires et des initiatives de coopération dans la recherche sont régulièrement organisés pour renforcer la compréhension mutuelle et les liens entre les peuples chinois et arabes.
Malgré ces défis, la coopération entre la Chine et les pays arabes devrait continuer à s’intensifier, contribuant ainsi à la stabilité et au développement tant de la Chine que des pays arabes. La volonté de la Chine de travailler en collaboration avec ces pays montre une nouvelle dynamique dans les relations internationales et témoigne de son investissement à construire des liens solides et mutuellement bénéfiques.
« État palestinien pleinement souverain avec Al Qods comme capitale »
Dans le contexte des questions régionales, et plus particulièrement du dossier palestinien, Lyu Jian a souligné la position claire de la Chine. Cette dernière appelle tous les acteurs concernés à résoudre leurs différends par le dialogue et la consultation. Elle a même facilité un accord entre l’Arabie saoudite et l’Iran, qui a eu un impact positif sur toute la région et a conduit au retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe.
Selon l’ambassadeur, la Chine s’engage résolument à assumer ses responsabilités en tant que présidente du Conseil de sécurité le mois prochain, dans le but de résoudre de manière juste la question palestinienne par le biais du dialogue et des négociations politiques. M. Lyu précise que Pékin rejette fermement le principe de la violence comme réponse à la violence, s’opposant ainsi à la politique américaine caractérisée par l’escalade et l’attisement des tensions. En effet, Pékin refuse de fournir un soutien militaire aux parties palestinienne et israélienne, car cela ne ferait qu’aggraver la crise et intensifier le conflit.
Lyu Jian a précisé que la Chine maintient sa position en faveur d’une résolution politique négociée, rejetant catégoriquement le principe de la violence en tant que moyen de résolution des conflits et ajoute que son pays soutient également le principe de deux États et la création d’un État palestinien souverain avec Al Qods comme capitale.
Le représentant chinois, en faisant référence aux États-Unis et à de nombreux pays occidentaux, a souligné que certains pays ignoraient le contexte historique de la région en favorisant une partie au détriment de l’autre. Selon lui, cette approche conduit à l’instabilité régionale. La politique étrangère de la Chine se distingue fondamentalement de celle des États-Unis : elle appelle à la construction d’un avenir et d’un développement commun, soutient l’aide mutuelle et rejette toute ingérence dans les affaires des autres. La Chine est convaincue qu’elle est du bon côté pour parvenir à un développement durable, contrairement à la logique occidentale en général et à celle des États-Unis en particulier, qui se fonde sur la poursuite d’intérêts personnels et considère les autres comme des adversaires.
L’ambassadeur chinois a également souligné la rapidité de la diffusion de l’information via Internet. Il a remarqué que bien qu’Internet facilite grandement la communication et la transmission des nouvelles, il permet également la propagation de fausses informations de la part de certains acteurs. Cette situation rend difficile la distinction entre vérité et tromperie, notamment en raison de certaines opinions délibérément manipulées par les médias occidentaux.