Une victoire au parfum politique
Billet du jour N°3
La première victoire de l’Arabie saoudite sur l’Argentine, favorite, de la Coupe du monde au Qatar a provoqué des célébrations extatiques. Pour marquer cette victoire dans les annales de l’histoire sportive du royaume, le roi Salmane a même décrété mercredi un jour férié. Un succès sensationnel qui a également été vu sous l’angle politique, car la victoire a eu lieu sur un terrain presque ennemi, au Qatar. Effectivement, cette coupe du monde est particulière.
L’Arabie saoudite a célébré avec euphorie la sensationnelle victoire 2-1 contre l’Argentine au début de la Coupe du monde. Pour célébrer et maquer de manière indélébile cette victoire, le roi Salmane a ordonné un jour férié pour mercredi. Ce jour de congé concerne les employés du secteur public et du secteur privé ainsi qu’à tous les étudiants du royaume.
Les médias saoudiens ont salué une « victoire historique » et une « épopée héroïque ». Le gardien saoudien Mohammed Al-Owais, qui a assuré la victoire face au grand favori grâce à ses arrêts, a été particulièrement fêté. « Mille, mille félicitations, vous les héros », a écrit sur Twitter le ministre saoudien des Sports Abdalasis bin Turki al-Faisal.
Le chef de l’autorité saoudienne du divertissement, l’influent responsable sportif Turki al-Sheikh, a ouvert l’entrée de trois parcs d’attractions pour célébrer la victoire.
Dans la famille royale, le succès est attribué au prince héritier Mohammed Ben Salmane.
La victoire saoudienne a également été célébrée dans la joie dans d’autres pays arabes. Le commentateur du diffuseur sportif basé au Qatar Bein Sports anticipait avec enthousiasme la fin du temps d’arrêt de 14 minutes. « Où est le coup de sifflet final ? », a-t-il supplié l’arbitre lovène Slavko Vincic. Lorsque le coup de sifflet final a retenti, il s’est déchaîné avec un long « Allaaaaaahhhhhhhh » dans le microphone. Il avait déjà célébré l’avance 2-1 des Saoudiens avec une euphorie similaire. « C’est complètement fou, littéralement », s’est-il exclamé.
Dans le même temps, les partisans de la famille royale saoudienne ont tenté d’exploiter politiquement le succès. Ils ont souligné que le prince héritier MBS n’avait exercé aucune pression lors de l’accueil de l’équipe avant la Coupe du monde, ouvrant la voie au succès. L’héritier du trône est en réalité l’homme fort d’Arabie saoudite. Sur le plan international, MBS est fortement critiqué pour ses violations des droits de l’homme.
Sur son différend avec le Qatar, le 5 juin 2017, l’Arabie saoudite, Bahreïn et les Émirats arabes unis (EAU) ont fermé les frontières avec le Qatar, qui est situé sur une péninsule, et ont imposé un blocus avant d’être rejoint par l’Egypte. Les États avaient accusé le Qatar, entre autres, de soutenir le terrorisme et d’avoir des liens trop étroits avec l’Iran chiite. L’émirat avait nié les allégations. Ce fut l’une des crises les plus graves du CCG depuis sa création en 1981.