UNFPA, UNICEF et ONU Femmes, en partenariat avec INSAF, plaident pour mettre fin au mariage coutumier des enfants au Maroc
Dans le cadre de la campagne internationale annuelle des 16 jours d’activisme des Nations Unies pour mettre fin aux violences faites aux femmes et aux filles, et en célébration de la Journée des droits humains, le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), ONU Femmes et l’association INSAF organisent conjointement un Séminaire sous le thème « Regards croisés : le mariage coutumier des enfants, une réforme juridique nécessaire ». Ce séminaire se tiendra le mercredi 8 décembre 2021 à partir de 14h au siège de l’Académie Régionale de l’Education et de la Formation de Casablanca-Settat.
Le mariage des enfants est une violation des droits humains. Malgré les lois qui l’interdisent, cette pratique reste courante au niveau mondial. Dans son dernier rapport « Vers l’élimination du mariage des enfants, Tendances mondiales et profils de progrès », présenté en octobre 2021, l’UNICEF estime qu’environ 650 millions de filles et de femmes vivant aujourd’hui ont été mariées avant leur 18ème anniversaire. Cette pratique atteint directement leur bien-être, leur santé et celle des enfants issus de ces mariages, et entravent aussi la scolarisation et le potentiel futur de ces filles.
Au niveau mondial, le mariage des enfants serait plus fréquent chez les filles pauvres et moins éduquées. En raison de la pandémie, l’année 2020 a été marquée par un record : la plus forte augmentation du nombre de mariages des filles depuis 25 ans, selon le récent rapport de la Commission de haut niveau du Sommet de Nairobi sur la CIPD25. Le même rapport alerte que d’ici à 2030, 10 millions de filles supplémentaires (un nombre supérieur aux estimations antérieures à la pandémie de COVID-19) risquent d’être mariées, selon les données de l’UNICEF.
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L’engagement du Maroc pour la lutte contre le mariage des enfants est une évidence que les Nations Unies au Maroc saluent. Cependant malgré tous les efforts entrepris, cette pratique demeure une réalité quotidienne de plusieurs milliers d’enfants marié.e.s avant l’âge de 18 ans et limite le potentiel du développement économique et social du pays. La corrélation entre le mariage et la vulnérabilité est très forte. Le mariage des enfants et les grossesses précoces forcent des millions de filles à abandonner leurs études et contribuent ainsi à leur exclusion, à l’abandon de leurs projets de vie et réduit considérablement leur capacité de participation à la création de la richesse nationale.
Aujourd’hui encore et en dépit des actions importantes menées, le phénomène du mariage des enfants, reste répandu au Maroc et touche majoritairement les filles. En effet, bien que le Code de la famille ait fixé l’âge du mariage pour les garçons et les filles à 18 ans révolus (Article 19), les exceptions incluses dans les articles 20 et 21 permettent encore d’accorder des autorisations aux demandes de mariage de filles, aussi bien dans le milieu rural que dans l’urbain. Selon les statistiques annoncées le 04 mai 2021 par le Ministre de la Justice, le nombre des mariages d’enfants a été réduit, en passant de 33.686 en 2018, à 20.738 en 2019 jusqu’à 12.600 en 2020. Ces taux cachent la réelle ampleur du phénomène puisqu’ils n’informent pas sur les formes de mariage coutumier qui impliquent des enfants. Aussi, la baisse du phénomène, en particulier enregistrée en 2020, est à prendre avec précaution en raison du contexte de la pandémie du Covid-19 et ses impacts en matière de mobilité et d’accès aux administrations publiques.
Cette rencontre autour de la pratique particulière du mariage coutumier permettra ainsi de mettre l’accent sur les efforts déployés par le Maroc à travers les différents départements ministériels invités et les acteurs de la société civile pour l’éradication du mariage des enfants en général et le mariage coutumier en particulier, pratique néfaste qui impacte la sécurité et la dignité humaine des filles. Elle sera aussi l’occasion de contribuer au débat sociétal avec des conclusions et recommandations pour renforcer la protection des droits des filles, en particulier les plus vulnérables, notamment en contribuant à l’élaboration de politiques, de programmes et de lois afin de ne laisser personne pour compte.