US Africa Business: L’intégration de l’économie africaine passe par une connexion entre les ports
La 14e édition de l’US Africa Business Summit 2022, tenue à Marrakech sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, s’est poursuivie pour la troisième journée consécutive. Dans le cadre des activités de ce sommet, une conférence a été organisée autour de l’importance stratégique du littoral atlantique du continent sous la thématique suivante: « Connecter la bande côtière atlantique en vue d’une meilleure intégration au sein des chaînes de valeur internationales ».
Les intervenants ont passé en revue la situation du secteur portuaire africain qui souffre encore de beaucoup de maux. Ils ont notamment déploré le nombre très réduit en ports de grande profondeur et leur faible contribution au développement du secteur du transport et de la logistique. Ils ont en outre pointé du doigt la faiblesse en matière d’intégration de nombreux ports africains dans leur environnement, en plus d’évoquer la désuétude des infrastructures routières et ferroviaires qui relient ces ports à leur arrière-plan continental. Mais la pire tare qui a été relevée est bien sûr le manque de connectivité entre les ports africains et le niveau variable de développement et d’environnements juridiques.
Bien que la longue façade côtière du continent traverse de nombreuses grandes économies africaines, la part de l’Afrique au sein du marché mondial des transports ne dépasse guère 4 %, contre 60 % pour l’Asie.Intervenant dans le cadre de ce séminaire, Mme Sanaa El Amrani, Directrice du Département des Ports au Ministère de l’Equipement et de l’Eau, a qualifié l’expérience portuaire marocaine de success story étant donné qu’elle a abouti à de nombreuses réalisations importantes. Elle a en outre souligné que le secret de cette réussite résidait dans le fait que le Maroc avait établi une vision stratégique claire et longtermiste en vue de développer ce secteur clé. Cette vision est le fruit d’études variées sur le secteur, mais aussi d’orientations futures, en plus de la prise en compte par le Maroc de décisions audacieuses et volontaires. De ce fait, le Maroc dispose d’un système portuaire très compétitif aussi bien sur le plan régional qu’international, avec des ports spécialisés et parfaitement intégrés à leur environnement. A cet égard, Mme Sanaa El Amrani a cité en exemple le port Tanger Med, lequel joue un rôle clé dans le transbordement international, mais aussi le port industriel chimique de Jorf Lasfar, ainsi que l’immense port commercial de Casablanca et enfin le port d’Agadir , qui se spécialise dans l’exportation de produits agricoles et se caractérise par sa profondeur d’environ 600 mètres qui permet de recevoir des navires géants. Mme Lamrani est également revenue sur les différents ports en construction présents sur la mer Méditerranée et au niveau de l’océan Atlantique, parmi lesquels l’immense port de Dakhla qui se trouve à l’extrême sud du pays et qui est destiné à desservir toute l’Afrique de l’Ouest.
Mme El Amrani a souligné que l’efficacité du système portuaire africain passait aussi par la liaison des ports du continent, tant physiquement que numériquement.
De son côté, Mr Badr Drissi, responsable du département investissement du fonds souverain marocain Ithmar Capital, est revenu sur les avantages compétitifs que doivent fournir les pays africains afin de réussir à attirer les fonds et les investissements nécessaires au développement du secteur portuaire. À cet égard, Mr Drissi a souligné l’importance de garantir la clarté stratégique, la stabilité et un cadre juridique approprié.
Il a déclaré que les ports devraient être considérés comme des corridors, qui sont capables de relier l’économie de leur pays aux marchés mondiaux, soulignant la nécessité de planifier la création de ports de manière à ce qu’ils soient capables de se transformer pôles industriels et agricoles. Drissi a également ajouté : « Qui aurait imaginé, il y a 10 années de cela, que Tanger deviendrait un jour un port d’exportation de voitures. Aujourd’hui, le Maroc exporte annuellement 200 000 voitures via le port de Tanger. Idem pour le port de Jorf Lasfar: avant la construction de ce port chimique il n’y avait rien, et aujourd’hui nous avons une véritable zone industrielle portuaire de très haut niveau».
De son côté, Mr Oboyo Ofuriokuma, directeur général du Fonds Africa 50, a appelé à la nécessité d’établir en urgence un schéma directeur africain de développement du secteur portuaire, qui soit parfaitement coordonné et unifié au niveau continental.
Ofurukuma a en outre ajouté : « Nous possédons les matières premières nécessaires, mais aussi la plus grande concentration de terres arables au monde. Tout cela est révélateur des grandes opportunités et qualifications qui caractérisent notre continent. Cependant, si l’on n’investit pas dans des ports modernes et si nous ne les relions pas aux sites par le biais de réseaux routiers et ferroviaires appropriés, alors aucune de ces opportunités et qualifications ne nous sera utile.
Ofurukuma a également fait part de son espoir de voir un jour la Zone commerciale continentale africaine constituer un catalyseur puissant pour le développement de ces infrastructures, notant que la question n’est pas seulement liée aux ports maritimes, mais aussi aux ports continentaux terrestres qui sont connectés aux ports maritimes, d’autant plus que 13 pays en Afrique ne possédent pas de front de mer.