Vacances d’été : Ces Marocains qui choisissent l’étranger
Par Sofia El Aouni
Les Marocains sont plus nombreux à voyager pendant les grandes vacances d’été. Si certains préfèrent visiter les différentes régions du Royaume, d’autres optent pour la découverte de nouvelles cultures et planifient annuellement des séjours à l’étranger, seuls, en famille ou entre amis.
Plusieurs raisons peuvent expliquer cette nouvelle tendance qui s’est progressivement fait une place dans les coutumes des vacanciers marocains, notamment le désir d’un dépaysement total, l’impact de l’ouverture médiatique du Royaume (chaînes tv, internet, réseaux sociaux…) sur la population, la baisse des coûts de transports et l’amélioration du niveau de vie de plusieurs marocains avec l’essor de la classe moyenne.
Sur ce dernier point, les statistiques du Haut Commissariat au Plan (HCP) font état d’une nette amélioration du niveau de vie au Maroc. En termes réels, le niveau de vie a progressé à un taux moyen annuel de 3,6%, entre 2007 et 2014, contre 3,3%, entre 2001 et 2007.
C’est ainsi que l’Espagne, pays voisin, arrive à attirer annuellement plusieurs Marocains, et leur nombre va crescendo. Les données du ministère de Travail, de l’Immigration et de la Sécurité social espagnol viennent corroborer cette tendance avec des chiffres qui reflètent l’engouement des Marocains pour le voyage à l’étranger.
En effet, le nombre de visas de court séjour accordés par l’Espagne, 2ème destination touristique mondial selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), aux ressortissants marocains a presque triplé entre 2001 et 2018, passant de 68.354 à 194.175.
Pour Yassir B., responsable dans une organisation internationale et père de 2 enfants, la proximité géographique a fait de l’Espagne sa destination privilégiée pour les vacances en famille.
« Avec un budget de 40.000 dirhams, j’arrive à passer des vacances qui répondent aux attentes de tous les membres de ma famille », a t-il confié à la MAP.
« L’Espagne est ma destination préférée, en une demi-journée je suis de l’autre côté de la rive, ce qui me facilite la mobilité pour les fins de semaine », s’est exprimé d’un air amusé, Adnane B., fonctionnaire célibataire, dont les escapades vers le pays ibérique sont devenues pour lui un rite qui se répète 3 fois dans la même année.
Pour ce trentenaire, la culture espagnole figure parmi les attraits du pays. « L’ouverture d’esprit, l’atmosphère conviviale et la sécurité dans les plages font de ce pays méditerranéen mon choix annuel », a-t il déclaré.
Dotés d’un tempérament curieux, aventurier et avide de découverte, les Marocains ne se contentent plus de voyager à un pays si proche. Beaucoup d’entre eux tentent des destinations lointaines comme la Thaïlande et la Turquie, voire les Maldives.
C’est le cas par exemple de Hicham A., un cadre supérieur marié sans enfants, qui a préféré la Thaïlande pour ses vacances d’été.
« Je me suis procuré le visa depuis l’Ambassade de la Thaïlande à Rabat au prix de 500 dirhams, mon séjour était de 30 jours, qui m’a coûté 20.000 dirhams par personne, incluant le prix des hôtels 3 étoiles et des déplacements par avion aux différentes îles du pays », a-t-il expliqué à la MAP.
Quant à la Turquie, ce pays à cheval entre deux continents séduit de plus en plus de Marocains, qui s’y rendent pour un double objectif: découvrir une culture riche et diversifiée et profiter des centres commerciaux, connus pour leur rapport qualité-prix très attrayant, pour faire du shopping.
Les statistiques du ministère turc du Tourisme font en effet état d’une hausse vertigineuse du nombre des Marocains, qui ont visité le pays d’Atatürk, avec 176.538 personnes en 2018 contre seulement 13.789 en 2003.
Par conséquent, les frais de voyage ont atteint près de 19 milliards de dirhams (MMDH) en devises au titre de l’année 2018, contre 9% en 2017, dépassant ainsi les recettes touristiques en devises engrangées par le Maroc (+1 MMDH).
Ainsi, l’Office des changes s’est mis au diapason des Marocains, à travers la revalorisation de la dotation touristique, désormais plafonnée à 45.000 dirhams voire à 100.000 dirhams, sous certaines conditions.
Cette mesure d’assouplissement vient concrétiser le choix du Maroc pour une économie ouverte et libérale et entraînera ainsi un gain de réactivité pour les opérateurs et les estivants marocains.