Vaccin anti-Covid: l’OMC débat d’une exemption aux brevets
L’Organisation mondiale du commerce débat jeudi d’une exemption des droits de propriété intellectuelle sur les vaccins anti-Covid pour les rendre plus accessibles, un anathème pour les groupes pharmaceutiques.
Cette proposition, de l’Inde et de l’Afrique du Sud soutenue par une centaine de pays selon l’ONG MSF, vise à faciliter un plus grand partage des connaissances et la démultiplication rapide des sites de production de biens médicaux urgents utilisés pendant la pandémie, tels que les vaccins.
Cette idée a également reçu le soutien hautement symbolique du directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui, dans un tweet, a indiqué qu’un feu vert des membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) permettrait de rendre « disponibles pour tous ceux qui en ont besoin à un coût abordable » les vaccins, traitements et tests utilisés pour lutter contre le Covid-19.
Cette proposition permettrait d' »augmenter la production dans de très nombreux pays en développement qui en ont la capacité », a expliqué aux journalistes Leena Menghaney, de la Campagne d’accès aux médicaments de MSF, en citant la Thaïlande, le Brésil, le Bangladesh et l’Amérique latine.
Mais il revient aux membres de l’OMC de trancher et ils ont pour habitude de prendre leurs décisions par consensus. Cela rend pour l’instant difficilement envisageable l’adoption de la proposition en faveur d’une « dérogation » à certaines règles de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC), qui ne fait pas l’unanimité.
Le texte prévoit que la dérogation soit « maintenue jusqu’à ce qu’une vaccination largement répandue soit en place à l’échelle mondiale et que la majorité de la population mondiale soit immunisée ».
Si la proposition est soutenue par de nombreux pays en développement, elle est en revanche rejetée par les pays où fleurissent les groupes pharmaceutiques.
« La propriété intellectuelle encourage un modèle commercial d’innovation fort. Nous n’aurions pas eu la possibilité d’avancer aussi rapidement dans le développement de traitements ou de vaccins sans le système de propriété intellectuelle », a déclaré le directeur général de l’IFMPA, le lobby des groupes pharmaceutiques, Thomas Cueni, lors d’un événement cette semaine.
Également présent à la table-ronde, le directeur scientifique du géant pharmaceutique américain Johnson & Johnson, Paul Stoffels, a expliqué que pour l’instant « nous nous concentrons sur la stabilisation de la technologie et nous nous assurons que nous pourrons la fournir l’année prochaine, avant de commencer à transférer la technologie et les capacités à d’autres ».
( Avec AFP )