Vers la démission de Staffan de Mistura après la controverse sur la partition du Sahara

L’hypothèse de la démission de Staffan de Mistura, envoyé spécial des Nations Unies pour le Sahara, soulève des interrogations sur l’avenir de la médiation onusienne dans ce dossier du Sahara. Depuis sa nomination en 2021, de Mistura n’a pas réussi à obtenir de percée majeure dans les négociations entre le Maroc et le Polisario, soutenu par l’Algérie. Sa dernière proposition, qui évoque une possible partition du territoire du Sahara, a déclenché une vive controverse et pourrait bien marquer un tournant dans l’échec de sa mission.

Lors de son intervention devant le Conseil de sécurité de l’ONU, Staffan de Mistura a laissé entendre qu’il envisageait de quitter ses fonctions d’ici avril 2025, à moins qu’un progrès significatif ne soit accompli dans les pourparlers. Cette déclaration, en grande partie motivée par l’absence d’avancées notables dans le processus politique, a été perçue par beaucoup comme un aveu implicite de l’impossibilité de trouver une solution à court terme. « Si d’ici avril 2025, je n’ai pas fait état de progrès significatifs, il est probable que des questions soient soulevées concernant le rôle et la pertinence de la mission onusienne », aurait-il déclaré, selon des fuites rapportées par le journal espagnol El Confidencial.

L’une des propositions les plus controversées de l’envoyé spécial concerne la partition du Sahara, une idée inspirée du plan de James Baker, son prédécesseur, qui avait envisagé la création d’un État indépendant sur un tiers du territoire au sud, tandis que le reste serait intégré au Maroc. Ce schéma, selon de Mistura, pourrait représenter une forme de compromis entre les revendications d’indépendance du Front Polisario et le Plan d’autonomie marocain. Cependant, cette suggestion a été largement rejetée par le Maroc, qui demeure intransigeant sur la souveraineté intégrale du territoire dans le cadre de son offre d’autonomie.

La proposition de partition, bien qu’elle ait refait surface, semble s’éloigner de la trajectoire suivie par la communauté internationale ces dernières années. Le Plan d’autonomie du Maroc, présenté en 2007, a reçu le soutien d’acteurs influents tels que la France et l’Espagne, qui voient en cette initiative une solution réaliste et pragmatique au conflit. Toutefois, de Mistura a insisté sur le fait que le Maroc doit clarifier davantage les détails de cette proposition, soulignant que même ses partisans ne comprennent pas pleinement son contenu, ce qui laisse à penser que leur appui repose plus sur des intérêts politiques que sur une évaluation minutieuse de l’offre.

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En outre, l’envoyé de l’ONU a mentionné plusieurs exemples internationaux de régimes d’autonomie réussis, comme en Écosse, au Groenland et dans le Tyrol du Sud. Toutefois, il a souligné que l’autonomie proposée par le Maroc reste bien inférieure à celle pratiquée dans ces régions, notamment en ce qui concerne les pouvoirs dévolus aux autorités locales.

Face à ces critiques, le Maroc réaffirme invariablement que son Plan d’autonomie constitue la seule base de négociation acceptable. Depuis plusieurs années, Rabat bénéficie d’un soutien diplomatique croissant pour cette initiative, en particulier de la part des États-Unis, qui, sous l’administration Trump, ont reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara. Cette reconnaissance a renforcé la position du royaume sur la scène internationale.

Questionnement sur le rôle de la MINURSO

Alors que la mission de l’ONU au Sahara (MINURSO) touche bientôt à son 33e anniversaire, son rôle semble de plus en plus limité à la surveillance d’un cessez-le-feu fragile, sans perspective réelle de mise en œuvre d’un référendum d’autodétermination, initialement prévu lors de sa création en 1991. Le blocage des négociations, aggravé par l’émergence de nouveaux conflits d’intérêts géopolitiques dans la région, rend difficile tout espoir de résolution imminente.

Ainsi, la possibilité que Staffan de Mistura démissionne révéle l’impasse dans laquelle se trouve actuellement le processus de paix. Si aucune avancée substantielle n’est obtenue d’ici à avril 2025, sa démission pourrait marquer la fin d’une époque, et plus largement, soulever des questions sur la pertinence d’une implication continue de l’ONU dans ce conflit. De nombreuses voix, tant au Maroc qu’à l’international, commencent à douter de l’efficacité du cadre actuel des négociations, alors que la dynamique régionale évolue.

Dans un contexte où le soutien international au Plan d’autonomie marocain semble s’accroître, notamment en Europe, la perspective de voir les Nations Unies se retirer du dossier ne fait que renforcer l’idée que ce conflit est en passe de devenir un enjeu exclusivement régional. L’échec apparent de la médiation onusienne, illustré par la probable démission de de Mistura, pourrait inciter les acteurs régionaux à chercher de nouvelles voies diplomatiques, ou à faire face à la réalité d’un conflit gelé, où les solutions politiques s’amenuisent.

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