Vers la transition énergétique au Maroc, en termes d’énergies propres
Le Maroc est à un tournant dans son virage écologique. Le gouvernement a pris conscience de l’urgence d’entamer la transition énergétique afin de se positionner comme un acteur majeur dans le domaine des énergies renouvelables et de la mobilité électrique. Plusieurs pays industrialisés ont déjà entamé cette transition et le Royaume a compris la nécessité de se positionner dans ce secteur d’avenir, que sont les énergies renouvelables et la mobilité électrique.
Les énergies propres représentent des énergies d’avenir parce qu’elles émettent peu de CO2 et qu’elles ne nécessitent pas d’importer de combustibles. Cependant, elles ont un caractère intermittent : par exemple, le solaire ne peut fonctionner que lorsqu’il y a du soleil et l’éolien que lorsqu’il y a du vent. Mais les énergies renouvelables ne se résument pas qu’à ces deux sources. Il y a également l’hydraulique, qui permet de produire de l’électricité grâce à la force de l’eau, qu’il s’agisse du débit des fleuves et rivières (centrales au fil de l’eau) ou de la hauteur de la chute d’eau (barrages) ; la géothermie, qui consiste à exploiter la chaleur du sous-sol ; la biomasse, qui permet de produire de l’électricité grâce à la combustion de matières organiques végétales (bois, déchets agricoles, ordures ménagères) ; et les énergies marines, qui exploitent les courants, les marées et la matière marine.
Malgré la forte croissance de certaines filières renouvelables (hydraulique, éolien et solaire), la capacité de production est loin d’être complètement exploitée, que ce soit dans les pays du Nord ou du Sud. Le choix de ces sources d’énergie dépend du climat (présence de soleil pour le solaire ou de vent pour l’éolien) et des dotations naturelles de chaque pays (présence de mer pour les énergies marines, de lacs pour l’hydraulique).
L’intermittence des énergies renouvelables et le fait qu’on ne puisse pas stocker l’électricité à grande échelle risquent d’entraîner des déséquilibres entre l’offre et la demande d’électricité (par exemple, si la demande est forte à un moment de la journée où le vent est faible), ce qui perturberait le système électrique.
En termes d’emplois, un investissement de 1 million de dollars crée 14 emplois dans les énergies renouvelables contre 5 dans le pétrole et le gaz.
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Planification écologique
Le problème avec les mesures incitatives en faveur des énergies renouvelables, bien qu’efficaces, est que personne ne peut prédire la vitesse de la transition écologique, car elle dépend de la volonté des différents acteurs et de leur réaction aux mesures prises par l’Etat. Or, face au défi écologique, l’humanité manque de temps. Pour préserver les équilibres énergétiques, il est important de faire des prévisions sur la production (type d’énergie…) et la demande future (type de consommation). Ces prévisions seront d’autant plus justes que le rythme de la transition énergétique et celui de la rénovation des bâtiments seront planifiés à long terme.
Il faut élaborer un projet industriel définissant les secteurs et mettant en place des stratégies coopératives entre les entreprises (grandes et PME) pour répondre au défi écologique. La transition écologique a donc besoin d’une vue d’ensemble planifiée ; pour cela, il est nécessaire d’avoir un stratège à la tête de l’Etat.
L’Etat, considéré comme pilote et stratège de l’économie, a abandonné ce rôle au début des années 1980 en faveur d’une confiance dans les mécanismes de marché. Désormais, il s’agit de mettre la logique de marché au cœur de l’économie et, éventuellement, d’en corriger les défaillances. Son rôle se limite à créer un environnement favorable aux affaires, à ouvrir les monopoles publics à la concurrence et à corriger les externalités négatives par la création de quelques taxes sur les énergies polluantes. Ses fonctions de planificateur et d’investisseur sont désormais mises de côté. Avec la crise du Covid-19, le rôle de l’Etat stratège, notamment dans la réindustrialisation, a fait son retour dans le débat public, mais les propositions et les moyens alloués restent proches de la doctrine des années 1980 qui consiste à offrir au secteur privé un environnement favorable en abaissant sa fiscalité et à laisser faire les acteurs de marché.
L’Etat américain a piloté de vastes programmes d’investissement public, notamment dans l’internet. Il a financé en amont, dans leur phase la plus incertaine, des recherches que le secteur privé aurait refusé de réaliser, permettant ainsi aux entreprises privées d’en bénéficier. Le téléphone n’est devenu « intelligent » que grâce à des années de recherche publique et aux innovations qui en ont découlé, telles que l’Internet, le GPS, la reconnaissance vocale et l’écran tactile.
Vers la transition énergétique au Maroc
Le Royaume avance à grands pas vers la transition énergétique. À ce jour, 4 600 mégawatts d’énergies renouvelables ont été réalisés et sont en cours d’exploitation. Le ministère de la Transition énergétique a autorisé plusieurs projets d’une capacité supérieure à 2 000 mégawatts. Les projets en cours permettent de répondre à un cinquième de la demande d’énergie électrique au niveau national.
Dans l’optique de généraliser l’accès à l’énergie propre, plusieurs mesures et procédures ont été mises en place. En effet, la programmation d’une capacité supplémentaire d’énergies renouvelables supérieure à 7 500 mégawatts entre 2023 et 2027 est en cours.
Le rythme d’investissement annuel dans les énergies renouvelables, telles que l’hydrogène vert et le dessalement de l’eau de mer, a été multiplié par quatre, passant de 4 milliards de dirhams par an entre 2009 et 2022 à près de 15,1 milliards de dirhams entre 2023 et 2027. Cette croissance exponentielle est remarquable.
Concernant le transport électrique durant la période 2023-2027, les investissements afférents à ce domaine sont évalués à 30 milliards de dirhams, soit une moyenne de 5 milliards de dirhams par an. Sur la période 2009-2022, les investissements dans ce secteur ne dépassaient pas le milliard de dirhams par an.
Au niveau législatif, d’importants textes ont été promulgués pour développer une production décentralisée, particulièrement la loi relative aux énergies renouvelables et celle concernant l’autoproduction de l’énergie électrique.