Vers une généralisation du soutien latino-américain au Sahara marocain
Par Carolina Techera (*)
Depuis quelques années, l’Amérique latine renforce sa position en tant qu’allié stratégique du Royaume du Maroc dans le dossier du Sahara, affichant son soutien à travers des avancées diplomatiques notables. Plusieurs pays de la région ont exprimé leur appui au plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007, reconnu internationalement comme une solution viable et durable à ce conflit.
Le dernier exemple, est la résolution du Sénat paraguayen adoptée à l’unanimité le 13 novembre, dans laquelle le pays réaffirme son engagement en faveur de la souveraineté marocaine. Le Sénat a proclamé en son article 2, « Soutenir le plan d’autonomie proposé par le Royaume du Maroc comme base pour parvenir à une solution pacifique, juste, durable et satisfaisante pour les parties, dans le cadre du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc » et en son article 3, « Exhorter le Pouvoir Exécutif, par l’intermédiaire du Ministère des Relations Extérieures, à adopter cette même position à travers des communiqués officiels et un soutien explicite dans les espaces et forums internationaux où le Paraguay participe. »
La déclaration paraguayenne souligne que le plan d’autonomie marocain, basé sur le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, constitue une voie solide vers la paix et la stabilité dans la région. Cette avancée historique ne renforce pas seulement les relations bilatérales entre le Maroc et le Paraguay, mais reflète également un alignement international croissant autour de la position marocaine, consolidant ainsi le soutien de l’Amérique latine en tant que bloc géopolitique clé dans ce dossier.
Un soutien accru au Maroc dans la région
Le cas du Paraguay s’inscrit dans un mouvement continental général.
En Équateur, après la décision prise en octobre 2022 de retirer sa reconnaissance de l’auto-proclamée RASD, les autorités ont procédé à la fermeture de la représentation du Polisario à Quito, éliminant toute trace d’officialisation. Selon des sources locales, les représentants du Polisario ont été évacués et leur prétendu « bureau diplomatique » a été fermé. Ce mouvement marque un changement définitif dans la position de l’Équateur, s’alignant sur une vision plus pragmatique en accord avec les dynamiques internationales.
Le Panama, de son côté, a décidé de suspendre ses relations diplomatiques avec le Polisario, une posture qui renforce la position d’autres pays latino-américains ayant reconsidéré leur relation avec cette entité.
Ce virage dans les politiques extérieures de ces nations reflète non seulement un soutien à la souveraineté naturelle du Maroc sur son Sahara, mais également une volonté stratégique de promouvoir la stabilité et l’intégration régionale dans un cadre de coopération économique et politique. Inscrit dans une dynamique Sud-Sud, promue par les Nations Unies, ce partenariat privilégie le partage de savoirs et la mise en œuvre d’initiatives concrètes et réussies dans des domaines clés tels que le développement agricole, la sécurité alimentaire, les droits humains, l’urbanisation, la santé ou encore la lutte contre le changement climatique.
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L’Argentine a également franchi des étapes significatives dans le renforcement de ses relations avec le Maroc. Lors d’une toute récente conversation téléphonique entre le ministre marocain des Affaires étrangères, de la Coopération Africaine et des Marocains Résidant à l’Étranger, Monsieur Nasser Bourita, et son homologue argentin, Gerardo Werthein, les deux parties ont souligné l’importance de consolider le dialogue politique et la coopération bilatérale. Cet échange a réaffirmé l’engagement des deux pays à préserver leurs intérêts mutuels et à promouvoir un cadre de coopération couvrant des questions régionales et internationales.
De même, outre le Brésil et le Pérou, le Chili, la République dominicaine et le Salvador ont renforcé leur lien avec le Maroc ces dernières années, établissant de nouvelles lignes de coopération et mettant en avant le plan d’autonomie comme la solution. Cet alignement généralisé de l’Amérique latine avec la proposition marocaine, illustre une convergence d’intérêts entre les pays de la région et le Maroc, qui ont renforcé leurs relations par des accords bilatéraux et multilatéraux.
Une reconnaissance internationale croissante pour le Royaume du Maroc
Le soutien international au plan d’autonomie proposé par le Maroc a été renforcé par des acteurs clés tels que les États-Unis, l’Espagne et la France.
Par une proclamation historique du 10 décembre 2020 du président Donald Trump, « Le Maroc a reconnu les États-Unis en 1777. Il est donc normal que nous reconnaissions leur souveraineté sur le Sahara occidental », les Etats-Unis ont officiellement reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara et soutenu l’initiative d’autonomie comme la seule solution viable et durable, une position appuyée par les figures les plus influentes du Congrès américain, et tout récemment, vendredi dernier à Rabat, par Madame Barbara Leaf, Secrétaire d’État adjointe américaine aux Affaires du Proche-Orient.
En 2022, le président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez a qualifié la proposition du Maroc comme « la base la plus sérieuse, crédible et réaliste » pour résoudre le conflit, marquant un tournant dans les relations bilatérales entre les deux royaumes.
Plus récemment, le président français Emmanuel Macron, lors de sa visite d’État à Rabat, a affirmé le 29 octobre dernier dans l’enceinte du Parlement, que « L’autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue, et le plan d’autonomie de 2007 constitue la seule base pour parvenir à une solution politique juste, durable et négociée, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. »
Et de préciser que les opérateurs et les entreprises françaises accompagneront le développement de ces territoires au travers d’investissements, d’initiatives durables et solidaires, au bénéfice des populations locales.
Cette position renforce assurément la cohérence du soutien des grandes puissances en faveur du plan marocain, qu’elles soient occidentales ou orientales, comme le démontre l’escale du 21 novembre du président chinois Xi Jinping à Casablanca après sa visite d’État au Brésil, lequel s’est dit prêt « à continuer de travailler avec le Maroc pour se soutenir mutuellement sur les questions concernant leurs intérêts fondamentaux respectifs et favoriser un plus grand développement du partenariat stratégique sino-marocain ».
L’Uruguay : pour un nouveau chapitre diplomatique avec le Maroc
L’Uruguay semble également prêt à redéfinir sa position sur le Sahara marocain. En décembre 2022, une délégation de sénateurs uruguayens, conduite par Jorge Gandini, alors vice-président du Sénat, avait effectué une visite officielle au Maroc, marquant un tournant dans les relations bilatérales. Lors de cette visite, les parlementaires uruguayens ont mis en avant les « résultats prometteurs » des dialogues politiques, économiques et commerciaux avec le Maroc, en soulignant le respect mutuel de l’intégrité territoriale et de la souveraineté des États.
En outre, des réunions de haut niveau ont eu lieu à Rabat, en marge de la deuxième édition du Forum économique euro-méditerranéen et du Golfe de l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée. Ces rencontres ont permis de discuter d’opportunités de coopération dans divers domaines, allant du commerce à la diplomatie parlementaire, posant ainsi les bases d’un renforcement significatif des relations bilatérales.
À l’occasion de la visite, la presse uruguayenne rapportait que le gouvernement uruguayen avait gelé ses relations avec l’autoproclamée RASD et prenait des mesures pour approfondir ses liens avec le Maroc. Ce rapprochement ne renforce pas seulement les liens diplomatiques et commerciaux entre les deux pays, mais reflète également un alignement avec la tendance internationale soutenant le plan d’autonomie marocain comme une solution pragmatique et durable.
Hier, dimanche 24 novembre 2024, le représentant du parti de gauche d’opposition Frente Amplio, Yamandú Orsi, a été élu président de la République Orientale de l’Uruguay, face au candidat du Parti national (centre droit) au pouvoir depuis 2020. Le Frente Amplio a confirmé au sommet de l’État sa place de première force politique du pays, après être sorti majoritaire au Sénat avec 16 sièges sur 30 et à l’assemblée avec 48 sièges de députés sur 99, à l’issue des élections générales du 27 octobre dernier. Ancien professeur d’histoire, le nouveau président Orsi, qui prendra ses fonctions le 1er mars 2025, n’ignore pas que la marocanité du Sahara, partie de l’empire de la dynastie Almoravide, remonte au 11ème siècle.
Au niveau politique et économique, il a une occasion unique d’opérer un virage manqué par son prédécesseur et de tirer parti du contexte régional favorable, afin d’avancer vers un renforcement définitif de ses relations avec le Maroc.Une décision en ce sens consoliderait sa position diplomatique non seulement avec le Maroc, mais avec l’Afrique, le Royaume, en tant que porte d’entrée du continent, pouvant assurément ouvrir de nouvelles opportunités économiques et politiques à l’échelle internationale.
(*)Carolina Techera ( Ancienne Consule de l’Uruguay à Paris)