Vers une solidarité nationale
Le gouvernement marocain a décidé la fermeture de tous les cafés, restaurants, salles de cinéma et de théâtre, salles des fêtes, les clubs et salles de sport, les hammams, les salles de jeux et les terrains de sport de proximité. D’autres lieux recevant du public sont fermés également. Tout ceci a été fait dans le but, salvateur de limiter la propagation du virus covid-19, qui est en train de mettre à terre la Terre toute entière.
Ces mesures de confinement touchent également d’autres secteurs comme le bâtiment, l’industrie, l’agro-industrie, l’agriculture, la pêche. Des centaines de milliers de personnes sont mises au chômage technique ou en chômage tout court pour une durée minimale de quinze jours à un mois, le temps de renverser la tendance dévastatrice de la pandémie actuelle.
Un Fonds a été annoncé d’une valeur de dix milliards de dirhams mis en place pour lutter contre le virus et mettre à niveau les installations de santé. Toutefois, le gouvernement n’a pas encore parlé des mesures qu’il compte prendre pour venir en aide à tous ces milliers d’emplois qui se retrouvent aujourd’hui à l’arrêt. Or il est impératif d’agir et vite.
Les gens sont déboussolés et ne savent pas quoi faire. Les mesures de confinement se déclinent au jour le jour, sans communication claire et sans annonces fortes, quant au devenir d’une grande partie de la population qui se trouvera dans le besoin dans quelques semaines.
Il est nécessaire et primordial de rassurer la population, afin qu’elle puisse adhérer volontairement au processus actuel de sauvegarde nationale. Les mesures coercitives qui pourraient être employées afin de contraindre le grand nombre à respecter les mesures drastiques de confinement, si elles ne sont pas accompagnées de mesures de solidarité, n’auront d’autre résultat que de générer de la violence, ce dont nous n’avons nullement besoin en ce moment.
Il faut aussi rassurer l’opinion publique en permettant de soulager les ménages en ce qui concerne un certain nombre de dépenses comme l’eau ou l’électricité, dont les factures du mois à venir devraient être tout simplement annulées, car avec le confinement généralisé des gens chez eux, ils auront tendance à consommer énormément, ce qui fera exploser leurs notes d’énergies ménagères.
Il est tout aussi primordial de créer un Fonds de solidarité pour le secteur privé et des services qui est amené à mettre son personnel en chômage technique obligatoire. Cette solidarité passe par un effort national en matière de soutien aux ménages, quels que soient leurs revenus.
Dans ce sens, il y a lieu de réfléchir à des exonérations fiscales exceptionnelles, des réductions d’impôts sur le revenu, des annulations de cotisations sociales et de l’aide directe à celles et ceux qui auront perdu leur travail ou ne seront pas payés à cause de cet arrêt d’activité.
Ce Fonds de solidarité peut être aussi directement alimenté par la réorientation des taxes sur le carburant, les taxes des marchés de gros, la TVA des collectivités locales et les taxes sur le ciment ou la Taxes sur les terrains non bâtis.
L’activité économique nationale va certainement pâtir des conséquences causées par le coronavirus sur l’économie mondiale et qui aura un impact direct sur nous.
Personne ne veut même imaginer l’impact ni la taille de la crise économique planétaire qui se profile, dans les prochains mois ou les prochaines années.Nous allons payer très cher, à l’échelle internationale, la non prise en compte assez urgente des conséquences de ce mal viral.
Notre pays a, jusqu’à présent, pris les bonnes décisions en matière de confinement et il sera amené à en prendre d’autre plus douloureuses encore, dans les prochains jours, à l’instar d’autres pays, touchés par le même virus.
Tous les citoyens marocains doivent être conscients de la dangerosité de ce mal et doivent s’astreindre, coûte que coûte, à ce confinement contraignant, mais salutaire pour tous.
Les fléaux ne sont pas étrangers à l’histoire de notre pays, et ils étaient plus meurtriers, car on mourrait encore chez nous, il y a à peine un siècle de cela, de la peste, du typhus, de Bouguelib (choléra) ou de la tuberculose. Des structures de santé, de renom, existaient, avant leur abandon ou fermeture, comme l’hôpital de Ben Smim, l’un des plus importants au monde, à l’époque, et qui traitait efficacement toutes les infections pulmonaires, dont le coronavirus est un si friand laudateur. Mais il n’est pas encore arrivé le moment de faire le bilan des déshérences sanitaires dont souffre notre pays, même si le sujet alimente profondément la peur qu’éprouvent les citoyens marocains envers l’univers de la santé dans leur pays.
Cette crise doit être, surtout, l’occasion pour nous tous, natifs ou originaires de cette terre marocaine, d’être plus que jamais déterminés à bâtir une nouvelle société, plus juste, plus saine, plus solidaire. Chacun d’entre nous doit apporter sa pierre à l’édifice national, sans calcul, sans hypocrisie, sans exclusive.
Nous devons tous être solidaires les uns envers les autres, autant que nous sommes, les riches envers les pauvres, les bien portants envers les malades, les jeunes envers les vieux, hommes ou femmes de quelque région dont nous sommes originaires et quel que soit le type d’activités que nous exerçons. Nous formons une seule et même Nation, et c’est dans ces moments difficiles que l’on jauge la grandeur d’un pays et de ses habitants. Les Marocains forment un grand peuple, formidable, combatif, fier, patient. Aujourd’hui, plus que jamais, ce Peuple se doit d’être solidaire envers lui-même, s’il veut survivre tout simplement…