(Vidéo) Après le Sahara, Alger ouvre un nouveau conflit territorial au cœur du Sahel
Les récentes tensions diplomatiques entre le Mali et l’Algérie signalent un nouvel épisode de la lutte pour la souveraineté et l’intégrité territoriale dans une région du Sahel déjà fragile. À la lumière des événements récents, le Mali a exprimé son mécontentement face aux commentaires du représentant algérien auprès des Nations Unies, qu’il a qualifiés de « provocation ». Cette situation s’inscrit dans un contexte plus large de tensions de plus en plus récurrente alimentée par Alger dans le Sahel, après le Sahara.
Le 26 août 2024, lors d’une session marquée par le 75e anniversaire de la Convention de Genève, l’ambassadeur d’Algérie à l’ONU, Amar Bendjama, a soulevé des préoccupations concernant l’implication de « certaines armées privées » dans les conflits en cours. Bien qu’il n’ait pas mentionné le Mali directement, ses remarques ont été interprétées comme un désaveu des opérations militaires menées par le Mali. Bendjama a évoqué une frappe de drone qui aurait provoqué la mort de 20 civils maliens, s’interrogeant sur la responsabilité des acteurs impliqués.
En réaction, le gouvernement malien a fermement rejeté ces accusations, dénonçant une ingérence algérienne injustifiée dans ses affaires intérieures. Des responsables maliens ont souligné que l’Algérie ne pouvait pas prétendre donner des leçons en matière de droits de l’homme, rappelant l’expulsion controversée de 350 000 Marocains en 1975 et les rapports récents de Human Rights Watch indiquant que plus de 20 000 migrants avaient été expulsés arbitrairement vers le Niger en 2023.
Le Mali a accusé son voisin d’abriter des groupes séparatistes qui lancent des attaques transfrontalières, ce qui place l’Algérie dans une position qui confirme les soupçonnent portée contre elle et qui l’accuse d’agir comme refuge pour des éléments subversifs contraires à l’ordre établi. Le Polisario en est un cas patent. Le responsable malien a même souligné que « l’Algérie sert de base aux terroristes pour attaquer notre pays », établissant ainsi un lien entre les menaces sécuritaires et les actions diplomatiques.
Bamako s’insurge de l’indignation sélective de la part d’Alger, qui, selon les autorités maliennes, s’alarme des pertes civiles maliennes tout en restant silencieuse face à des massacres plus étendus, notamment le récent massacre de plus de 200 Burkinabés. Cette indignation sélective est perçue comme une manipulation stratégique de la part d’Algérie, qui tente d’influer sur l’opinion publique tout en ménageant ses propres intérêts géopolitiques.
La question du soutien de l’Algérie à des groupes armés dans le Sahel est exacerbée par des spéculations entourant la coopération d’Alger avec le groupe Wagner. Des sources françaises ont évoqué un fonds d’aide d’un milliard de dollars alloué par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, à des projets de développement en Afrique, mais conditionné par le soutien à Wagner. Ces allégations visent à retourner la critique formulée par l’Algérie à l’encontre du Mali en raison de son alliance avec cette société militaire privée, transformant la diplomatie en un jeu d’accusations mutuelles.
Selon le journal français l’Opinion, l’Algérie passe à la « dissuasion militaire » contre le Mali : « Après la menace verbale, Alger s’est lancée dans la dissuasion opérationnelle à l’égard des autorités maliennes. Un chasseur Su-30 de l’armée de l’air algérienne a décollé le 27 août au matin de la base de Tamanrasset après avoir détecté une menace à la frontière du Mali. L’appareil a lancé des signaux d’avertissement à l’attention d’un drone turc TB2 qui survolait la zone, l’incitant à battre en retraite. »
Un fond de commerce politique pour Abdelmadjid Tebboune
Les événements s’inscrivent dans un contexte où l’Algérie est confrontée à des défis internes, notamment à l’approche de l’élection présidentielle algérienne du 7 septembre. Les médias maliens ont soulevé la possibilité que la position agressive d’Alger envers le Mali soit une tentative de distraire l’attention des problèmes politiques internes du pays, tels que la censure des médias et les arrestations d’opposants politiques.
La montée de cette confrontation diplomatique engendre des préoccupations de l’ONU et des Etats-Unis quant à la stabilité de la région du Sahel, déjà embourbée dans des conflits internes et des menaces transnationales. Alors que le Mali continue de se proclamer en droit d’opérer des actions militaires sur ses propres frontières, les autorités affirment qu’elles ne céderont pas aux pressions extérieures, déclarant de manière emphatique : « Le Mali ne renoncera pas à sa souveraineté, ni n’abdiquera sa responsabilité de protéger son territoire et son peuple. »
Cette situation rappelle un peu à celle du Sahara où l’Algérie par l’instrumentalisation du Polisario tente vainement de distraire le Maroc dans sa dynamique économique et du leadership en Afrique qu’il incarne depuis son retour gagnant au sein de l’Union africaine.