(Vidéo) Bruno Fuchs : Maroc France c’est une relation « d’abord fraternelle, ensuite stratégique »

La visite d’Etat du président français au Maroc est une « opportunité pour redéfinir les bases de la mobilité en se concentrant sur le développement commun plutôt que sur l’isolement. », une dynamique de développement face aux enjeux sécuritaires.

Lors de l’allocution du Président Emmanuel Macron au Parlement marocain, Bruno Fuchs, président de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, a renforcé l’idée d’un rapprochement stratégique et fraternel entre la France et le Maroc. Ce déplacement du couple présidentiel français, accompagné de nombreux acteurs de la société française – chefs d’entreprises, diplomates, journalistes, sportifs et parlementaires – incarne une volonté profonde de la France de « dire à ses amis marocains que la brouille est terminée », affirme M. Fuchs. Pour lui, ce voyage symbolise bien plus qu’une simple visite présidentielle. C’est le signal d’un tournant dans la relation franco-marocaine, une déclaration d’intention pour établir un « véritable partenariat gagnant-gagnant » entre deux nations liées par des enjeux stratégiques et une amitié ancienne.

Dans un entretien exclusif avec Maroc Diplomatique, Bruno Fuchs souligne l’importance d’une relation « d’abord fraternelle, ensuite stratégique », prenant en compte le rôle du Maroc non seulement en tant qu’allié de la France, mais aussi comme un acteur essentiel pour l’équilibre et la stabilité en Afrique. La dynamique nouvelle que le Président Macron espère initier repose sur la complémentarité et la coopération, dans un monde en mutation où la question des mobilités devient centrale.

Un discours pour un espace francophone ouvert

Bruno Fuchs rappelle l’initiative qu’il a lancée l’année dernière au sein de l’espace francophone, portant sur la mobilité dans cette région. Ce débat sur la mobilité s’inscrit dans un contexte global marqué par des tensions migratoires et des discours idéologiques prônant la fermeture des frontières. « On a dans nos pays et dans la plupart des démocraties un sentiment, une volonté, un discours idéologique disant qu’il faut fermer les frontières », observe-t-il. Cependant, pour M. Fuchs, cette approche est inadéquate et contre-productive. Il plaide au contraire pour des règles de mobilité « claires, précises et respectées par tout le monde », permettant des échanges encadrés et fluides au sein de l’espace francophone.

Le Maroc, un pays qui partage également ces préoccupations migratoires, est, selon lui, un partenaire privilégié pour penser et mettre en œuvre ces nouvelles règles. Bruno Fuchs voit dans cette visite une opportunité pour redéfinir les bases de la mobilité en se concentrant sur le développement commun plutôt que sur l’isolement.

Le président de la Commission des affaires étrangères insiste sur l’importance de ne pas confondre sécurité et fermeture. « On ne peut pas dire que lorsqu’on a un problème, il faut fermer les yeux et fermer les frontières », déclare-t-il. En évoquant le « glissement sémantique de la sécurité vers le sécuritaire », M. Fuchs met en garde contre la tentation de réduire les enjeux de sécurité à des mesures restrictives. Pour lui, le défi réside dans le renforcement des économies locales, le soutien aux citoyens de chaque nation et l’élaboration de politiques migratoires équilibrées qui garantissent à la fois sécurité et liberté de déplacement.

Ce discours trouve un écho particulier dans les relations franco-marocaines, où la stabilité régionale est cruciale pour les deux pays. Dans ce contexte, la reconnaissance du « plan de souveraineté » est, pour Bruno Fuchs, un levier susceptible d’apporter « stabilité et sécurité » dans une zone marquée par des conflits et des tensions. Cet engagement commun pour la paix et la stabilité permet d’établir une base solide pour une coopération à long terme.

Le Maroc, un partenaire essentiel pour le développement en Afrique

La vision de Bruno Fuchs s’étend au-delà des frontières bilatérales entre la France et le Maroc. Il appelle à un effort concerté de développement entre les deux pays, en incluant une perspective africaine. Dans une Afrique en pleine mutation, les investissements et la coopération régionale sont des éléments clés pour relever les défis économiques et sécuritaires. « Nous devons profiter de cette grande complicité entre nos pays pour imaginer des règles de mobilité et de développement adaptées à nos besoins communs et à ceux de l’Afrique subsaharienne », précise-t-il.

Pour M. Fuchs, le développement de l’Afrique subsaharienne passe aussi par une politique migratoire cohérente, capable de rassurer les citoyens français tout en offrant des opportunités de croissance à cette région. Il rappelle que les questions de mobilité ne peuvent être résolues de manière simpliste. « Il faut des règles qui rassurent nos concitoyens, car on ne peut pas avoir une immigration anarchique qui fait peur, il faut de la sécurité, mais aussi une vision vers l’international », insiste-t-il.

Le rôle du Maroc dans le débat public sur la sécurité et le développement

Bruno Fuchs souligne également l’importance de la contribution du Maroc dans le débat public sur les questions de sécurité et de développement. Il invite les Marocains à participer activement à la construction d’une réflexion commune sur ces sujets sensibles. « Le Maroc doit nous aider à bâtir un corpus de pensée qui alimente le débat public », déclare-t-il, appelant à une vision partagée et ouverte sur le monde. Selon lui, la France et le Maroc ont tout à gagner à poursuivre cette dynamique internationale, génératrice de richesses et de progrès.

Dans ce cadre, Bruno Fuchs met en garde contre une vision réductrice de la sécurité, appelant à un dialogue sur la sécurité qui soit moins centré sur le contrôle des frontières que sur l’amélioration des conditions de vie des populations. Pour lui, la sécurité passe d’abord par le développement et la stabilité des sociétés, et le Maroc a un rôle clé à jouer pour incarner cette vision équilibrée.

Bruno Fuchs rappelle que, en tant que parlementaire, sa préoccupation première reste le bien-être et la sécurité des populations qu’il représente. Pour lui, cette visite est l’occasion d’élargir le champ des possibilités en matière de sécurité, de développement et de coopération économique. « Ce qui me préoccupe, moi, c’est la sécurité et le bien-être des populations », affirme-t-il, appelant à un renforcement des efforts pour garantir la paix et la stabilité.

Le dialogue et la coopération entre le Maroc et la France ouvrent ainsi des perspectives prometteuses pour relever les défis régionaux et mondiaux. Cette alliance stratégique, fondée sur la reconnaissance mutuelle et le respect des intérêts communs, offre un modèle de collaboration pour un avenir partagé, au service des populations de chaque côté de la Méditerranée. Bruno Fuchs a ainsi tracé les grandes lignes de cette vision d’un partenariat renouvelé, résolument tourné vers le progrès et la solidarité.

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