(Vidéo) Élections Françaises 2024 : Abdelghani Youmni désigne les gagnants et perdants

Les élections législatives françaises de 2024 ont révélé des dynamiques politiques inattendues, marquées par des victoires et des défaites significatives. Selon Abdelghani Youmni, conseiller à l’Assemblée des Français de l’Étranger, économiste et professeur de gestion publique, les résultats montrent deux grands gagnants et deux grands perdants.

« Les grands gagnants sont le Nouveau Front Populaire, la gauche unie, et le peuple français, » a déclaré Youmni. « Le peuple a renoué avec les principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme et les héritages de figures emblématiques comme Jean Jaurès et Jean Moulin. En rejetant un ‘second Vichy’, le peuple français a montré une volonté de se battre pour ses valeurs. »

Les grands perdants, selon Youmni, sont le parti du président de la République, souvent désigné comme le parti macroniste, et l’extrême droite, qui a un moment cru être aux portes du pouvoir. « Ces triomphes populaires ne sont pas une première en France, » a-t-il ajouté. « Nous avons vu des moments similaires durant la Seconde Guerre mondiale, en 1986, en 2002 avec l’élection de Jacques Chirac, et maintenant avec ces élections de 2024. »
Youmni insiste sur la sagesse du peuple français : « C’est un peuple qui aime la politique mais qui connaît aussi les extrêmes, car il les a testés. Je savais qu’il y aurait une différence de 20 à 30 sièges entre l’extrême droite et la gauche, mais je ne savais pas qui serait premier. La gauche s’est retirée de plus de 180 circonscriptions, permettant ainsi à Ensemble d’être élu, tandis qu’Ensemble ne s’est retiré que de 45 circonscriptions. Le peuple français a sauvé la France de l’extrême droite à trois reprises : en 2017, en 2022 et aujourd’hui. »

Concernant le Nouveau Front Populaire, Youmni explique : « Il ne s’est pas formé autour de la France Insoumise. Après les élections législatives, un rapport de force a donné à la France Insoumise un certain leadership, mais leurs positions sur les problèmes européens ont souvent été éclipsées par des questions du Moyen-Orient. Nous aurions préféré aborder des enjeux nationaux comme la dette, le déclassement, la pauvreté, la discrimination envers les migrants, les retraites et les financements. »

La question de la dette nationale, s’élevant à 3000 milliards d’euros, est cruciale selon Youmni. « Nous devons reconfigurer l’économie française pour la rendre plus productive et assurer une redistribution basée sur le travail plutôt que sur la dette, » a-t-il souligné.

En analysant les évolutions du système politique, Youmni note que la Constitution de la 5e République a introduit une certaine proportionnelle, menant à un régime de démocratie parlementaire avec trois blocs distincts. « Cela signifie qu’il n’est plus possible d’obtenir une majorité simple, nécessitant désormais la formation de coalitions allant du centre à la gauche, un modèle efficace comme dans les pays scandinaves et chez nos voisins allemands, » a-t-il expliqué.

Pour les Français de l’étranger, les enjeux économiques et sociaux diffèrent. « Les préoccupations dans la 9e circonscription ressemblent à celles des banlieues défavorisées en France, tandis qu’à l’étranger, beaucoup de binationaux craignent de perdre leur citoyenneté française, » a précisé Youmni. « Il est important de reconnaître cette diversité. »

Youmni a également exprimé des inquiétudes concernant les relations diplomatiques et économiques, notamment entre la France et le Maroc. « Une montée de l’extrême droite aurait pu mener à la relocalisation de nos usines au Maroc, à des restrictions de visas et à des contestations de la double nationalité, » a-t-il averti. « Aujourd’hui, j’ai beaucoup d’espoir en un gouvernement de centre-droit ou de centre-gauche, voire de gauche. »
Sur les relations internationales, Abdelghani Youmni reste optimiste quant à l’avenir, souhaitant une coopération renforcée entre l’Europe et le Maroc dans le cadre de la triangulation Afrique euro-africaine. « L’avenir réside dans la prospérité partagée entre tous les citoyens du monde, sans distinction de couleur, de religion ou de nationalité. Les politiques doivent placer le citoyen au cœur de leurs actions pour servir au mieux l’intérêt général, » a-t-il affirmé.

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