Villes nouvelles : un projet urbain qui peine à clore

Lancé en 2009, un vaste projet urbain au Maroc peine à atteindre ses objectifs malgré des investissements importants. Ce retard soulève des interrogations sur la gestion et la coordination des grands projets d’aménagement, mettant en lumière des défis de planification, de coordination et de vision à long terme pour les nouvelles zones urbaines.

Le projet de la « ville », lancé en 2009, est encore bien loin de ses ambitions initiales et en est actuellement à ses premiers stades de développement. « Chrafat », un site situé à proximité de Tanger, a déjà absorbé plus d’un milliard de dirhams, alors que le budget global alloué à cette initiative est estimé à 2,8 milliards de dirhams.

Malgré cet investissement massif, la situation actuelle est préoccupante. Ce projet, censé accueillir 150 000 habitants, ne compte aujourd’hui que 36 résidents permanents. En termes de construction, seules 687 unités ont été achevées à ce jour, soit à peine 0,3 % de l’objectif initial. Cette situation montre que près d’un tiers des investissements prévus ont été engloutis pour un résultat quasiment inexistant.

L’absence de planification et de coordination entre les différents acteurs du projet, combinée à un manque d’implication des autorités locales, ont constitué des obstacles dans la réalisation du projet. De plus, des conflits juridiques concernant les terrains ont exacerbé ces difficultés, ralentissant encore davantage l’avancement de la construction. Ce projet, qui devait s’étendre sur 1 300 hectares et être un modèle d’urbanisme durable et respectueux de l’environnement, semble aujourd’hui bien loin de ses objectifs initiaux.

L’ambition affichée pour Chrafat était de créer une ville moderne et écologique, alliant développement résidentiel, préservation de l’environnement et infrastructures publiques performantes. Cependant, la réalité est toute autre. Les infrastructures publiques essentielles, telles que les écoles, les équipements sanitaires, les espaces publics et les réseaux de transport, n’ont pas été développées de manière adéquate, ce qui a entravé l’attractivité de la ville. Le constat est sans appel : les ambitions ont été largement dévoyées, et les objectifs sont restés lettre morte.

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Le constat d’échec ne se limite pas à Chrafat, mais s’étend également aux autres villes nouvelles prévues dans le cadre de ce vaste programme d’aménagement territorial. Des projets similaires sont en cours à Tamesna, près de Rabat, à Tamansourt, en banlieue de Marrakech, et à Lakhyayta, dans la région de Casablanca. Selon le rapport de la Cour des comptes, ces villes ont été traitées comme de simples lotissements immobiliers, sans vision globale qui intégrerait des fonctions variées telles que l’éducation, le tourisme, l’industrie et la culture.

Selon les médias, la plupart de ces villes n’ont pas dépassé 20 % des objectifs fixés, notamment en ce qui concerne le nombre de résidents et d’unités de logement construites. Ces projets étaient censés contribuer à la diversification économique de leur région respective, mais au lieu de cela, ils sont essentiellement restés centrés sur une fonction résidentielle sans développer les infrastructures complémentaires nécessaires à leur épanouissement.

L’exemple de Tamansourt est particulièrement frappant. Initialement, cette ville devait remplir des fonctions variées : résidentielle, universitaire, touristique et écologique. Or, à ce jour, aucun projet touristique, hôtelier ou universitaire n’a été lancé, et la ville reste dans un état largement inachevé. De même, Tamesna, bien qu’elle ait entamé son développement, n’a pas été en mesure d’offrir des services à la hauteur des attentes. Sa fonction reste, pour l’essentiel, résidentielle, sans que d’autres projets essentiels ne soient venus compléter l’offre.

Dans un souci de relancer ces projets, des conventions de partenariat et de financement ont été signées respectivement en 2013 et 2014 pour dynamiser Tamesna et Tamansourt. Cependant, malgré ces initiatives, il semble évident que les résultats sont loin de répondre aux attentes. L’échec de ces projets pourrait avoir des conséquences importantes sur la politique d’aménagement urbain au Maroc, soulevant des questions sur la gestion des grands projets d’infrastructure.

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