Visa Schengen: A qui profite le désordre ?
Obtenir un visa Schengen pour se rendre dans certains pays européens est devenu un parcours de combattants. Dans le même temps, plusieurs demandeurs se voient refuser le sésame tant convoité, sans motif raisonnable ni convaincant, tandis que d’autres ne parviennent même pas à obtenir un rendez-vous pour le dépôt d’une demande de visa Schengen. Une situation qui profite pleinement aux intermédiaires illégaux ainsi qu’aux escrocs et ouvre la voie à un marché noir de revente des rendez-vous qui ne cesse de s’étendre. Voilà donc un véritable désordre qui accentue davantage la colère les demandeurs.
Les demandeurs marocains de visas Schengen font face à un véritable calvaire. Rien que l’obtention d’un rendez-vous pour le dépôt de leurs dossiers est devenue quasi-impossible notamment pour ceux qui désirent se rendre en France.
En effet, la quasi-totalité des tentatives des marocains pour s’octroyer un simple rendez-vous sur le site du prestataire de service, TLS Contact, s’avèrent vaines. Les créneaux libres sont rares, voire même inexistants.
Désespérés, les demandeurs de visas n’ont d’autres choix que de recourir aux intermédiaires qui profitent de la situation pour proposer illégalement un service payant pour l’acquisition rapide du rendez-vous tant désiré. Voilà donc ce qui donne naissance à un « marché noir » des rendez-vous de demande de visas.
Des fraudeurs connectés jour et nuit
Plusieurs escrocs se sont manifestés au cours des derniers mois. Ces derniers sévissent sur les réseaux sociaux, avec des annonces en ligne pour exposer leurs offres et services frauduleux aux Marocains et leur proposer des rendez-vous à la vente. Il suffit d’ailleurs de taper TLS ou BLS sur Facebook pour tomber sur une liste d’intermédiaires ou d’« agences » qui promettent ces fameux rendez-vous.
Tandis que d’autres intermédiaires s’installent à proximité des centres TLS ou même dans les cafés. Une question majeure se pose à cet égard . Comment font-ils pour s’octroyer autant de réservations de rendez-vous pour les revendre par la suite, à des prix exorbitants, au moment où d’autres personnes y veillent toute la journée, en vain.
En effet, en l’absence du contrôle des autorités concernées, ces arnaqueurs trouvent le terrain libre et deviennent ces « maitre du jeu » qui fixent, sans scrupules, les prix selon leurs grès. Soulignant dans ce sens que certains de ces rendez-vous sont revendus illégalement au prix du visa, soit environ 1000 dirhams, sinon plus.
A cet égard, le directeur général du Centre monétaire interbancaire (CMI), Ismail Bellali, avait mis en garde les citoyens, il y’a quelques mois, contre des arnaques en ligne devenues virale. Pointant du doigt des fraudeurs qui offraient leurs services sur les réseaux sociaux et demandaient des paiements en ligne via carte de crédit en contrepartie d’une date de rendez-vous proche pour les visas français. Et ce, en utilisant des techniques « bien rodées et sophistiquées” afin de gagner la confiance des « clients ».
L’Italie et les Pays-Bas réagissent
Les visas pour la France ne sont pas les seuls à faire l’objet d’arnaques. Des fraudes au rendez-vous ont été constatées également par les services consulaires de l’Italie et des Pays-Bas.
En effet, le consul général d’Italie à Casablanca, Marco Silvi, a déclaré la guerre contre les intermédiaires et leurs pratiques frauduleuses. Soulignant que l’obtention de rendez-vous de visa pour l’Italie est gratuite .
A noter que le diplomate a annoncé, dans une vidéo diffusée sur Twitter, le vendredi 9 septembre, la suspension des prises de rendez-vous des visas de regroupement familial à travers l’entreprise sous-traitante TLS Contact, pour une durée de deux semaines, afin de recenser les rendez-vous régulièrement pris pour identifier ceux pris par des intermédiaires.
La diplomatie des Pays-Bas a de son coté mis en place une batterie de mesures pour faire face à cette situation qui sévit les Marocains demandeurs de visas. En effet, le ministère néerlandais des Affaires étrangère a annoncé que des mesures techniques ont été prises suite à une correspondance adressée par la députée Kati Piri, du Parti travailliste (PvdA) , portant sur l’octroi de visas aux Marocains au niveau des consulats du Pays-Bas au Maroc. L’objectif étant d’empêcher les parties commerciales de réserver des créneaux pour les revendre ultérieurement.
« Un rendez-vous doit être pris directement avec un nom qui ne peut plus être modifié dans le système par la suite, et s’il est annulé, il n’est plus immédiatement libéré, mais cela se produit à un moment aléatoire. »,a-t-il déclaré. Et de poursuivre, « un rendez-vous doit être pris directement avec un nom qui ne peut plus être modifié dans le système par la suite, et s’il est annulé, il n’est plus immédiatement libéré, mais cela se produit à un moment aléatoire ». a-t-il expliqué.
La France a également déclaré « lutter avec détermination » contre ce phénomène. Néanmoins, le marché noir de revente des rendez-vous poursuit son extension au détriment des marocains demandeurs de visas qui payent des prix exorbitants sans pour autant obtenir le sésame.