Vision ferroviaire 2040, un marché objet de convoitise des multinationales
Le Maroc avance dans le cadre de la « Vision ferroviaire 2040 » du Maroc, un projet majeur qui vient d’être lancé, qui ne manquera pas de susciter l’intérêt des grands acteurs internationaux du secteur ferroviaire. L’entreprise espagnole Ineco, spécialisée dans l’ingénierie, a remporté un contrat prestigieux pour la conception préliminaire du service ferroviaire reliant Oued Zem à Béni Mellal. Ce projet s’inscrit dans une dynamique de modernisation et d’expansion ambitieuse du réseau ferroviaire marocain, dont l’objectif est de transformer le transport ferroviaire en un levier de développement économique stratégique pour le pays.
La « Vision ferroviaire 2040 » repose sur un plan de modernisation et d’extension du réseau ferroviaire marocain, visant à améliorer la connectivité entre les grandes villes, mais aussi à renforcer l’intégration des zones rurales et régionales. À terme, l’ambition du Royaume est de couvrir 87 % de la population avec un réseau ferroviaire à grande vitesse, contre seulement 51 % aujourd’hui. Ce projet colossal a pour objectif non seulement de désengorger les grandes métropoles, mais aussi de stimuler la croissance économique en facilitant l’accès aux principales régions industrielles et agricoles du pays.
La réalisation de cet ambitieux programme suppose des investissements massifs, tant dans le renouvellement des infrastructures existantes que dans la construction de nouveaux tronçons ferroviaires. Le Maroc, avec l’appui d’entreprises internationales, cherche à se positionner comme un acteur majeur en matière d’infrastructures de transport en Afrique et dans le monde arabe.
L’entreprise Ineco, en partenariat avec le cabinet marocain CID, a été choisie pour piloter la première phase du projet, qui consiste à étudier et concevoir la ligne ferroviaire reliant Oued Zem à Béni Mellal. Cette phase inclut le doublement et le réalignement d’environ 40 kilomètres de voie existante entre Khouribga et Oued Zem, un chantier stratégique visant à renforcer la capacité du réseau actuel et à améliorer la fluidité du trafic ferroviaire.
Mais ce n’est pas tout : le projet prévoit également la suppression des passages à niveau sur une portion de 120 kilomètres entre Sidi El Aïdi et Oued Zem, une mesure nécessaire pour améliorer la sécurité et réduire les risques d’accidents sur cette ligne très fréquentée.
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Par ailleurs, le projet prévoit la conception d’un nouveau tracé ferroviaire de 60 kilomètres reliant Oued Zem à Béni Mellal, un investissement crucial pour désenclaver cette région et améliorer l’accessibilité entre deux axes économiques clés du pays. Cette initiative marque une étape importante dans la concrétisation de la Vision 2040, en faisant du réseau ferroviaire un vecteur essentiel de la compétitivité économique du Maroc.
Ce contrat n’est pas un cas isolé. En effet, il s’agit de la troisième collaboration entre Ineco et l’Office national des chemins de fer (ONCF) en 2024, ce qui témoigne de la montée en puissance du rôle de l’Espagne dans le secteur ferroviaire marocain. Le savoir-faire technique et l’expertise d’Ineco sont de plus en plus sollicités, notamment pour le développement de lignes à grande vitesse et l’optimisation des infrastructures ferroviaires existantes.
Un marché en pleine expansion, attire les multinationales
Le secteur ferroviaire marocain est aujourd’hui un véritable terrain de jeu pour les entreprises internationales, attirées par les perspectives de croissance offertes par la « Vision ferroviaire 2040 ». La modernisation du réseau, couplée à l’intensification des investissements publics et privés, ouvre un large éventail d’opportunités pour les multinationales de l’ingénierie, de la construction et des technologies ferroviaires.
Les entreprises espagnoles, notamment, ont su s’imposer comme des partenaires privilégiés dans ce processus de modernisation, grâce à leur expertise et à leur expérience dans la conception et la réalisation de grands projets d’infrastructures. Ineco, par exemple, bénéficie d’un savoir-faire reconnu dans la gestion de projets ferroviaires complexes et dans la réalisation de lignes à grande vitesse, domaines dans lesquels elle a démontré un leadership incontesté. Cette collaboration avec le Maroc renforce encore les liens stratégiques entre les deux pays, sur fond de coopération en matière d’innovation et de développement durable.
Mais les multinationales ne sont pas les seules à tirer parti de cette dynamique. Le secteur ferroviaire marocain attire également des investisseurs étrangers désireux de profiter des opportunités offertes par l’extension du réseau et par la création de nouveaux pôles industriels et commerciaux. Le Maroc, par sa position géographique stratégique entre l’Europe et l’Afrique, est devenu un hub incontournable pour les échanges commerciaux régionaux et internationaux. Le développement d’infrastructures ferroviaires modernes constitue un élément clé de cette stratégie de mise en réseau du pays avec ses voisins et le reste du monde.
Des enjeux géopolitiques et économiques de taille
Le projet ferroviaire marocain s’inscrit également dans une dynamique géopolitique plus large, dans laquelle le secteur des infrastructures joue un rôle de premier plan. L’extension du réseau ferroviaire, notamment par le biais de lignes à grande vitesse, est perçue comme un vecteur de compétitivité régionale et internationale. Dans ce contexte, le Maroc ambitionne de devenir un leader en matière d’infrastructures de transport en Afrique, ce qui pourrait également favoriser l’intégration de la région du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne.
Par ailleurs, le développement du secteur ferroviaire marocain devrait avoir un impact positif sur d’autres secteurs économiques clés, tels que le tourisme, l’agriculture, et l’industrie. En effet, une meilleure connectivité permet de faciliter la circulation des biens et des personnes, ce qui ouvre des perspectives de développement pour les régions moins accessibles du pays, tout en stimulant les investissements étrangers dans des secteurs porteurs comme l’industrie manufacturière, l’agroalimentaire et l’énergétique.