Who’s Who des femmes scientifiques au Maghreb Un répertoire d’expertes pour promouvoir la diversité
À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes (8 mars 2024), le Bureau régional de l’UNESCO pour le Maghreb lance un appel à manifestation pour recueillir les profils inspirants de femmes scientifiques dans les pays de la région (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie). Cette action vise à mettre en lumière leurs contributions exceptionnelles et à assurer une meilleure représentation des femmes dans les activités relatives au domaine des sciences dans la région.
Intitulée « Who’s Who des femmes scientifiques au Maghreb », cette démarche novatrice vise à offrir une base de données publique présentant des femmes scientifiques reconnues dans leur domaine, favorisant ainsi leur représentation dans les publications et les événements scientifiques et renforçant leur rôle en tant que modèles pour les futures générations.
« Bien que notre 21ème siècle soit déjà très largement entamé, qui d’entre nous ne s’est pas senti un peu désespéré d’assister ou de participer à des événements ne rassemblant que des hommes parmi les orateurs et intervenants principaux, alors que nous nous étions jurés il y a déjà trente ans et plus que les choses devaient changer ? » déclare M.Eric Falt, Directeur du Bureau de l’UNESCO pour le Maghreb
Malgré les progrès réalisés en matière d’égalité des sexes, les femmes demeurent en effet largement sous-représentées dans de nombreux domaines professionnels, notamment dans le domaine des sciences. Cette disparité compromet non seulement la diversité des perspectives, mais aussi l’efficacité et la pertinence de la recherche scientifique.
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Selon les statistiques les plus récentes de l’UNESCO, seulement un chercheur sur trois dans le monde est une femme, ce qui est d’autant plus étonnant lorsque l’on considère le pourcentage très élevé de femmes qui obtiennent des diplômes universitaires scientifiques. Seuls 4% des prix Nobel scientifiques ont été décernés jusqu’à présent à des femmes.
Ainsi, la promotion de la participation des femmes dans les sciences est bien plus qu’une question de justice sociale ; c’est une nécessité pour garantir un avenir scientifique équitable, innovant et prospère pour toutes et tous.
Au sein de la région du Maghreb, comme partout dans le monde, le paysage de la participation des femmes dans le domaine scientifique présente des disparités significatives malgré tous les progrès réalisés en la matière. En effet, si l’accès des filles à l’éducation s’est considérablement amélioré ces dernières décennies, leur présence dans les filières scientifiques et leur représentation dans les carrières de recherche demeurent limitées.
En se référant au Rapport de 2018 de l’UNESCO sur la participation des femmes aux études et aux carrières scientifiques, les données spécifiques au Maghreb révèlent une sous-représentation significative des femmes dans le domaine scientifique. À titre d’exemple, au Maroc, bien que les femmes constituent 46% des étudiants en sciences, leur présence dans le domaine de la recherche scientifique ne dépasse pas 29%. Cette tendance est particulièrement notable dans des domaines clés tels que la physique, l’ingénierie et les technologies de l’information et de la communication.
Les chiffres sont similaires en Algérie, où les femmes représentent près de la moitié des étudiants en sciences mais environ 28% des chercheurs scientifiques, ou encore en Tunisie, où 45% des étudiants en sciences sont des femmes mais seulement 31% des chercheurs scientifiques.
Comme partout ailleurs dans le monde, la sous-représentation des femmes maghrébines dans les études et les carrières scientifiques est le résultat d’une série de défis complexes. Outre les stéréotypes de genre, les femmes sont confrontées à des obstacles socio-économiques qui limitent leur accès et leur progression dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM). Les attentes sociales et les pressions culturelles influencent les choix éducatifs des filles dès leur jeune âge, restreignant souvent leurs aspirations professionnelles dans les domaines scientifiques.
Ces divers facteurs contribuent à créer un environnement où les femmes du Maghreb, tout comme leurs consœurs d’autres pays, rencontrent des défis persistants pour accéder et réussir dans les domaines scientifiques. Pour promouvoir une participation équitable et enrichir la diversité dans les sciences, il est donc crucial d’identifier et d’aborder ces obstacles de manière systématique et inclusive.
Pour progresser vers une science plus inclusive et innovante, il est donc impératif de créer des espaces où les femmes sont représentées équitablement et où leurs contributions exceptionnelles sont valorisées et peuvent favoriser le développement de la science pour le bien de l’humanité.