Il y a 41 ans l’accord de Madrid sur la décolonisation du Sahara marocain
Ou quand l’Algérie persiste à saboter la légalité internationale
Le 14 novembre 1975, soit cinq jours après le succès de la Marche verte, le Maroc, l’Espagne et la Mauritanie signaient à Madrid l’Accord tripartite qui mettait fin à l’occupation du Sahara par l’Espagne. Après 45 ans de colonisation, des années de revendication par le Maroc de son territoire, au niveau de l’ONU, de la Cour internationale de justice (CIJ) et de plusieurs instances, et en marge de l’agonie du maréchal Franco hostile au droit du Maroc de récupérer ses provinces, l’accord de Madrid clôturait une période pour en libérer une autre. Décolonisation au sens littéral, accomplie en conformité avec la Résolution 1514 des Nations unies votée en 1961 et qui prenait acte de la résolution d’un conflit territorial entre les paries concernées, directement et de manière négociée.
Depuis le déclenchement officiel de ce qu’on appelle « l’affaire du Sahara » en 1975, les gouvernements algériens qui se sont succédé jusqu’ici, leurs services et leurs propagandistes, tous dans un même mouvement de mystification, n’ont cessé de jouer sur une confusion majeure. Celle de l’usage ou du mésusage volontaire du concept de décolonisation. Avec cette conséquence malheureuse que certains gouvernements et Etats du monde se sont laissé fourvoyer. Pis : les responsables de notre diplomatie nationale n’ont pas, voire jamais accordé une attention particulière à ce point précis, celui de la formule de décolonisation qui est à la propagande algérienne – à ses stipendiés comme Zuma, Chissano et autres – ce que le pivot est à une architecture. Tant et si bien que, d’une négligence à un simple et piteux abandon de la part de nos responsables, on arrive à ce paradoxe que ce sont les obligés algériens du polisario qui écrivent notre histoire, la déforment à leur guise et, grave, l’utilisent contre nous.
L’irrésistible fantasme d’accéder à l’Atlantique
Passe encore que notre dossier fut en cette époque à peine bien défendu, qu’il changeât de mains et d’acteurs ; mais qu’un point essentiel comme celui du processus de décolonisation fasse aujourd’hui l’objet d’une violation sémantique à dessein, d’une ignorance de notre part et serve d’argument à nos adversaires patentés, voilà qui nous interpelle. Le dossier du Sahara , finalement, n’oppose que le seul Maroc et la seule Algérie, celle-ci l’utilisant depuis le début – déjà 1973 en catimini – comme une « guerre de tranchées » avec l’objectif (in)avoué de s’approprier un territoire marocain depuis la nuit des temps, d’y installer une « république fantoche », la « rasd » et de s’accaparer de ses richesses, sans compter l’irascible rage d’encercler le Maroc dans ses frontières méridionales, par l’Atlantique et à ses frontières à l’est…Autrement dit, toute la géopolitique peaufinée depuis des siècles par nos Rois et notre histoire, tomberait dans l’escarcelle d’une Algérie qui, non contente de posséder en abondance pétrole et gaz, voudrait encore mettre la main sur les ressources du Maroc.
En fait donc de « décolonisation » que les gouvernements algériens n’ont cessé d’agiter depuis quarante ans maintenant, il s’agit d’un projet criminel de recolonisation des provinces du sud marocain par l’Algérie. La théorie des Nations unies, défendue par la 4ème Commission chargée des questions politiques spéciales et de décolonisation, est de faciliter l’accession des « peuples coloniaux » à l’autonomie. C’est inscrit et bel et bien exprimé par les législateurs et juristes de l’organisation internationale. Mieux : la Quatrième commission de l’ONU, dans le cas de différend opposant une puissance occupante et un pays revendiquant un territoire – comme ce fut le cas explicite de l’Espagne et du Maroc – , apporte officiellement son soutien à toute solution, à toute formule négociée, autrement dit elle entérine ce qu’on appelle de nos jours la « solution politique consensuelle » !
Le 14 novembre 1975, après le succès de la Marche verte et deux semaines marathoniennes et alors que le général Franco agonisait, le Maroc, l’Espagne et la Mauritanie signaient l’Accord tripartite de Madrid. Sa finalité ? Ni plus, ni moins que rétrocéder le territoire du Sahara marocain que l’Espagne occupa en deux temps, à la fin du XIXème siècle et en 1930. L’accord de Madrid illustrait une décolonisation en bonne et due forme, sans guerre ni effusion de sang. Il s’inscrivait dans la droite ligne de la doctrine de l’ONU. Que les dirigeants algériens, sans foi ni loi, l’aient combattu et – leur presse aidant – le combattent avec acharnement relève d’un singulier cynisme.
Pourquoi ? Parce que la même Algérie – tout à l’honneur de son peuple – n’a pas seulement combattu glorieusement pour arracher son indépendance, mais elle a négocié deux années durant avec la France, à Melun, à Evian ensuite et Dieu sait que la séquence des négociations sur le volet du Sahara algérien a constitué une dure partie, parce que les représentants du GPRA ( Gouvernement provisoire de la République algérienne) avaient pour consigne de ne « céder aucun pouce » du Sahara…En juillet 1962, l’Algérie a accédé à l’indépendance et ses dirigeants ignoraient jusqu’à la revendication du Maroc sur son Sahara, déposée sur les bureaux des Nations unies bien avant, autrement dit au lendemain de l’Indépendance en 1956. Quant au polisario, instrument crée ex nihilo par les prédécesseurs du DRS en 1974, personne ne contestera que ses dirigeants sont originaires du Maroc, ni plus moins, manipulés et devenus créatures des services algériens…
La contradiction algérienne
Pourquoi donc ce qui était bon pour l’Algérie avec la France, ne le pourrait être pour le Maroc avec l’Espagne ? Pourquoi le Maroc ne serait-il pas dans son droit et dans « ses bottes », comme l’est une Algérie qui, au mépris du bon voisinage avec le Maroc, s’épuise à lui contester son Sahara ? D’autant plus que l’Espagne en colonisant le Sahara marocain n’avait pas trouvé un territoire vide, sans âme et sans vie, mais des populations qui ont été de tous temps attachés aux Rois du Maroc, accomplissaient leurs prières au nom du Sultan, échangeaient avec une monnaie frappée à l’effigie du même Sultan, bref toute une histoire et une mémoire façonnées dans une interdépendance qui n’a jamais fait défaut…
Invoquer encore la décolonisation du Sahara marocain, répandre cette folle qualification d’un « Maroc colonial », dire et redire , et faire répéter par d’autres que le « Sahara constitue la dernière colonie dans le monde », occulter la vérité historique et politique au nom d’un expansionnisme qui ne dit pas, ou plutôt dissimule mal son nom, se contredire eu égard au principe de décolonisation négociée tient in fine du machiavélisme de mauvais aloi. La décolonisation du Sahara marocain, en vertu de l’article 1514 des Nations unies et application de la règle de la 4ème Commission, a obéi au principe de négociation directe, entre la puissance occupante – l’Espagne – et l’ayant-droit qui n’est autre que le Maroc, le seul pays qui a eu à faire face à deux empires coloniaux, la France et l’Espagne, qui a dû négocier à deux reprises sa libération avec des puissances différentes…
Le Maroc a considérablement investi au Sahara depuis sa libération en 1975, et plus particulièrement depuis l’avènement du règne de S.M. Mohammed VI. L’année 2016 a vu la mise en œuvre d’un programme de plus de 77 milliards de dirhams qui sont mobilisés pour doter les provinces du sud de chantiers majeurs…Exactement dans l’esprit de la 4ème Commission qui stipule que dans le cadre d’une autonomie, la rétrocession du territoire à son ayant-droit s’accompagne d’une obligation imposée à ce dernier : assurer les conditions de développement et d’émancipation politique et économique aux populations concernées. C’est peu de dire que le plan d’autonomie avancée, le plan de développement économique en cours dans nos provinces du sud apportent la meilleure réponse à nos détracteurs…