Conjoncture : le gaz s’oppose à la détente inflationniste

À la lumière des statistiques contradictoires concernant la consommation réelle de bouteilles de gaz par les Marocains, qui dépasse les 200 millions, des chiffres non officiels suggèrent que le gouvernement économisera plus de 2 milliards de dirhams grâce à sa décision d’augmenter le prix des bouteilles de gaz. Cette hausse du prix des bonbonnes de gaz n’est pas sans conséquences. Elle a d’ailleurs immédiatement été suivie par la menace proférée par les boulangers d’augmenter le prix du pain de 20 centimes l’unité. Une mesure unilatérale que les professionnels du pain n’excluent pas pour une denrée essentielle et dont le prix est actuellement plafonné à 1,20 dirham, grâce à la subvention étatique accordée sur le blé tendre.

Le rapport d’apurement joint à la loi de finances 2024 révèle que la consommation des Marocains au cours des huit premiers mois de 2023 s’est élevée à 166,6 millions de bouteilles de 12 kilogrammes. En 2022, les Marocains ont consommé environ 227 millions de bouteilles de gaz de 12 kilogrammes. De nombreux indicateurs suggèrent que le secteur agricole contrôle la plus grande partie de la consommation, mais ces chiffres restent souvent vagues à la lumière du débat actuel.

Le gouvernement avait pris la décision d’augmenter le prix des bouteilles de gaz à partir de lundi, faisant craindre une hausse des prix des matières agricoles produites avec du gaz utilisé pour pomper l’eau et élever des volailles. Le ministre de l’Agriculture, Aziz Akhannouch, avait confirmé lors de la dernière session plénière conjointe de la Chambre des représentants et de la Chambre des conseillers que la bouteille de gaz de grande taille vendue au citoyen pour 40 dirhams a un prix réel de 130 dirhams, soulignant que la différence de 70 dirhams est payée par l’État à travers le soutien du fonds de compensation.

Cependant, cette augmentation des prix des bouteilles de gaz contraste avec la baisse de l’inflation au Maroc. Des données officielles récentes montrent que l’inflation est sur une tendance positive, l’inflation sous-jacente ayant légèrement ralenti en avril à 2,2 % en glissement annuel, contre 2,4 % le mois précédent. Pourtant, la décompensation du gaz risque d’entraîner une hausse des prix d’autres produits tels que le pain, les boissons chaudes dans les cafés et les repas dans les snacks.

Dans l’ensemble, le rythme des hausses de prix a ralenti au niveau de l’inflation globale, s’établissant à seulement 0,2 % en avril en glissement annuel, contre 0,9 % en mars. Il s’agit du niveau d’inflation globale le plus bas au Maroc depuis avril 2021. Ces évolutions positives sont attribuées à la baisse des prix des denrées alimentaires de 1,3 % en avril, contre une augmentation des prix non alimentaires de 1,3 %.

L’inflation est l’une des problématiques auxquelles le Royaume est confronté depuis 2022, atteignant 6,6 % cette année-là, puis retombant à 6,1 % l’année dernière. Ces niveaux sont les plus élevés depuis les années 90 et ont été causés par la hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants. L’inflation au Maroc au cours des deux dernières décennies a été en moyenne d’environ 1,5 %.

Sur la base de ces indicateurs, Bank Al Maghrib s’attend à ce que l’inflation annuelle tombe cette année à 2,4 %, proche de l’objectif de 2 % du gouvernement. Ces prévisions sont également conformes à celles du Fonds monétaire international. Ces chiffres indiquent des signes d’amélioration des indicateurs économiques du Maroc, mais qui contrastent avec une probable hausse des prix en raison de la décompensation du gaz butane qui risque encore de créer des remous au sein des ménages et surtout des organisations de défense des consommateurs.

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