France : Les partis politiques en ordre de bataille pour les Européennes

Les électeurs français sont appelés, les 8 et 9 juin prochain, aux urnes pour élire les 81 eurodéputés qui représenteront leur pays au Parlement européen.

Les partis politiques présenteront 37 listes de candidats aux électeurs qui vont voter au suffrage universel direct depuis les élections présidentielle et législatives de 2022, qui ont vu la réélection d’Emmanuel Macron, l’émergence d’une union de partis de gauche et une montée en puissance de députés d’extrême droite à l’Assemblée nationale.

La plupart des têtes de listes sont des eurodéputés sortants. C’est le cas de Jordan Bardella pour le Rassemblement national (RN), Marie Toussaint pour les écologistes, Raphaël Glucksmann pour le Parti socialiste, Marion Aubry pour La France insoumise et François-Xavier Bellamy pour Les Républicains. Parmi les nouveaux venus, on compte Léon Deffontaines qui mène la liste communiste et Marion Maréchal, qui représentera Reconquête, le parti d’Eric Zemmour.

Selon un sondage Ispos, relayé le 16 mai par les médias, le RN se place pour l’instant en tête des intentions de vote, loin derrière la liste (Renaissance/LREM, Modem et Horizons) menée par Valérie Hayer, tandis que la liste Parti socialiste-Place publique récolterait 14,5%, suivi par celle de La France insoumise à 8%, Les Républicains à 7%, Les Ecologistes et Reconquête à 6,5%.

Un autre sondage mené par Ifop-Fiducial énumère les thématiques qui focalisent l’intérêt des électeurs.

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L’enquête réalisée auprès de quelque 1.338 personnes inscrites sur les listes électorales met l’accent sur quatre enjeux pris en compte pour le vote de juin prochain.

Le sujet qui revient le plus chez les électeurs s’avère être celui du pouvoir d’achat (57%). Cet enjeu s’affiche surtout comme déterminant dans le choix de vote chez les catégories modestes (67%). Viennent en deuxième position le sujet de l’immigration et les préoccupations autour du système de santé (38%).

La guerre en Ukraine, le changement climatique, et l’avenir de l’agriculture sont également des thématiques évoquées par les personnes interrogées, même si ces dernières ne semblent pas manifester un grand intérêt à ce scrutin qui, pourtant, a un fort impact dans la vie des Européens.

Dans un débat télévisé, jeudi soir, le Premier ministre français Gabriel Attal, et Jordan Bardella, tête de liste du RN, ont présenté leurs visions sur les questions qui préoccupent les Français et la manière de les défendre en vue des Européennes.

Pendant une grande partie du débat, le pouvoir d’achat et la santé des industries françaises étaient au cœur des échanges. Le climat et la question migratoire étaient également au rendez-vous, avec un accent appuyé sur cette dernière étant dans le top 5 des préoccupations des Français selon de nombreux sondages, derrière le pouvoir d’achat.

Si le candidat du RN désire fermer l’entrée des migrants aux frontières de Schengen, évoquant un « problème sécuritaire » en Europe, Gabriel Attal qui représente à ce débat la candidate de son parti Valérie Hayer, ne veut pas d’une Europe forteresse. « C’est révoltant !« , rétorqua-t-il.

« On ne sera jamais d’accord sur l’immigration et c’est une fierté pour moi de ne pas l’être. En vous écoutant, on a l’impression que derrière chaque étranger, il y a un délinquant ou un terroriste en puissance« , a-t-il répondu à son adversaire.

Une autre particularité de ce scrutin est le désintérêt des Français par rapport à ces élections.

Toujours selon Ipsos, seuls 45% des personnes interrogées ont l’intention d’aller voter. Les élections de 2019 avaient enregistré un taux de participation de 50,12 % qualifié de record par les médias, soit une hausse de 7,69 points par rapport à 2014.

Emmanuel Dupuy, Président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), déplore à cet effet l’impression qui se dégage des débats autour des élections européennes en France qui tendent à focaliser ce scrutin sur un enjeu national, alors qu’il s’agit d’un enjeu lié plutôt au destin commun de l’Europe.

« En France, nous avons tendance à nationaliser l’enjeu des élections européennes en les personnalisant à travers de personnalités politiques ou des têtes de liste« , a expliqué dans une déclaration à la MAP ce professeur de géopolitique.

Les élections européennes n’ont jamais été très mobilisatrices, a-t-il précisé, notant que celles de 2019 sont le témoin d’un désaveu, voire d’un désengagement des citoyens européens un peu partout au sein de l’UE.

Selon l’institut de statistiques européennes Eurostat, les Français sont les plus pessimistes par rapport à l’Union européenne, avec seulement 47% intéressés par cette élection, contre 72 % aux Pays-Bas.

Le professeur Dupuy explique également que le désintérêt des électeurs français quant aux élections européennes est également dû au manque d’informations et au déficit de communication sur le véritable enjeu de ce scrutin, sachant que 80 % des textes qui sont transformés en lois en France découlent des directives européennes.

« En France on communique très peu sur l’Europe« , a-t-il affirmé, notant qu’à partir du moment où l’on parle peu des enjeux des élections européennes, on ne peut pas mobiliser suffisamment d’électeurs.

Sur un autre registre, l’expert français en géopolitique regrette la tendance des politiques de vouloir conforter l’idée d’un certain conservatisme européen à l’occasion de ces élections, « alors que ce n’est pas tout à fait le cas ».

Avec MAP

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