USA: les derniers droits de douane de Trump menacent directement les consommateurs
Les précédents droits de douane établis par le président Donald Trump dans la guerre commerciale sino-américaine avaient peu affecté les consommateurs. Il en ira bien autrement avec ceux annoncés jeudi.
« Cela touche les consommateurs frontalement« , a estimé Steve Pasierb, le président de la Fédération américaine du jouet, dans un entretien. « Il s’agit de produits finis, pas de matériau brut« .
Les nouveaux droits de douane supplémentaires de 10% sur les 300 milliards de dollars d’importations chinoises jusque-là épargnées doivent entrer en vigueur le 1er septembre, selon M. Trump.
Ils concerneront pêle-mêle les sèche-cheveux, les baskets, les téléviseurs à écran plat ou les robes de mariée.
Les distributeurs américains redoutent cette mesure depuis des mois.
« C’est très injuste pour le consommateur américain. C’est très injuste pour le fabricant », regrette Stephen Lang, directeur général de Mon Cheri Bridals dans le New Jersey et président de la Fédération de l’industrie des vêtements pour mariages et bals de fin d’année.
M. Trump a aussi prévenu qu’il pourrait augmenter encore les tarifs douaniers si Pékin n’acceptait pas les exigences américaines et évoqué la possibilité d’aller « bien au-delà de 25% ». Une perspective considérée comme catastrophique par M. Lang.
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« Il y a trop de testostérone entre ce gouvernement et le leur (aux Chinois, ndlr), et nous nous retrouvons pris entre deux feux », avance-t-il.
Plusieurs fédérations professionnelles ont critiqué l’initiative du président américain.
« Nous soutenons l’objectif de l’administration de restructurer la relation commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. Mais nous sommes déçus que l’administration s’appuie sur une stratégie erronée de taxes douanières », regrette ainsi le vice-président de la Fédération nationale de la vente au détail, David French, dans un communiqué.
« Ces droits de douane supplémentaires ne feront que menacer les emplois américains et augmenter le coût de biens de consommation courante pour les familles américaines », ajoute-t-il.
« Des représailles tarifaires, qu’elles soient de 10% ou 25%, sont des décisions malvenues », affirme pour sa part Gary Shapiro, président du lobby des groupes de grand électronique américain CTA. « Les droits de douane sont des taxes payées par les consommateurs américains, pas par le gouvernement chinois ».
Les actions des groupes de distribution ont fortement chuté jeudi, en particulier les chaînes Best Buy, Target et Macy’s. A un moindre degré, Apple et Nike y ont aussi perdu des plumes.
Les actions des géants Amazon et Walmart ont également baissé, mais moins que la plupart de leurs concurrents car ils sont perçus comme ayant plus de poids auprès de leurs fournisseurs.
En mai, le directeur financier de Walmart, Brett Biggs, avait déclaré que ses équipes commerciales travaillaient sur les droits de douane « depuis des mois » et planchaient sur « des stratégies d’atténuation appropriées », tout en prévenant qu’un certain impact sur les prix serait inévitable.
Le groupe Best Buy a refusé de se prononcer jeudi, mais s’était déjà élevé contre les droits de douane en juin.
« Best Buy suggère respectueusement que le Représentant américain au commerce n’impose pas de droits de douane sur les finances du consommateur, tout comme il l’avait fait l’année dernière lorsqu’il a judicieusement choisi de renoncer à imposer des droits de douane sur les téléviseurs à écran plat et autres appareils électroniques grand public en raison des conséquences négatives pour l’économie et les consommateurs américains », avait écrit le groupe dans une lettre.
La décision de jeudi pourrait menacer les dépenses de consommation aux Etats-Unis, un pilier de la croissance américaine, qui continue jusqu’à présent d’afficher de solides performances.
M. Pasierb, de la Fédération du jouet, remarque que l’effet des nouveaux droits de douane pourrait être quelque peu contrebalancé par le fait que de nombreux détaillants, par précaution, ont importé des biens dès le début de l’année.
Certains pourraient aussi décider de ne pas répercuter les coûts sur les clients en acceptant de réduire leurs marges.
Mais l’extension des taxes douanières n’en reste pas moins une source de préoccupation, « parce que si tous ces produits deviennent plus chers, vous aurez moins d’argent à votre disposition pour les jouets », souligne-t-il.
« Ma grande inquiétude, c’est que cela va affecter les dépenses faites lors des trois derniers mois de l’année, ce qui correspond à notre période décisive », ponctue-t-il.
Avec AFP