Accusé de plagiat, l’humoriste Gad Elmaleh passe aux aveux
Dans la tourmente depuis des mois en raison d’accusations de plagiat, l’humoriste Gad Elmaleh a finalement reconnu mercredi « une partie de vrai » dans ces attaques qui ont mis un coup de projecteur sur les pratiques pas toujours reluisantes du monde du stand-up.
« Voilà, au moment où le stand-up arrivait, avec ma génération, on s’est inspiré des Américains… », admet dans un entretien au journal Le Parisien ce grand fan de l’Américain Jerry Seinfeld.
« Une minute 30 de show sur vingt ou trente heures de spectacles que j’ai faits dans ma vie, ça ne résume pas ma carrière », a plaidé l’humoriste, l’un des plus appréciés en France, qui travaille aussi depuis quelques années aux Etats-Unis.
C’est la première fois que l’humoriste doté des nationalités française, marocaine et canadienne reconnaît sans ambages — bien qu’a minima — ce que les internautes ont constaté il y a des mois, avec les vidéos de CopyComic. Derrière cet avatar, se cache Ben, un internaute gardant l’anonymat qui dit s’appuyer sur sa mémoire, sa DVDthèque et YouTube pour épingler les auteurs présumés de plagiat.
Parmi eux, Tomer Sisley, Jamel Debbouze, Michael Youn et bien sûr, Gad Elmaleh, à qui il a consacré deux vidéos spéciales (« les gaderies ») diffusées début 2019 et vues respectivement par 2,1 et 1,3 million de personnes.
Ces vidéos ont provoqué un séisme dans le milieu très concurrentiel du stand-up, entre ceux évoquant un secret de polichinelle, ceux s’indignant du manque d’éthique de la profession et ceux préférant minimiser comme Manu Payet.
« C’est cher payé, pour un truc qui se résume à 10-15 min de vannes sur 25 ans de carrière », avait argué ce « pote » de Gad Elmaleh il y a quelques jours au Parisien.
Au Canada, où il a débuté sa carrière, un petit cabaret de Montréal a lui décidé de « bannir » Gad Elmaleh pour « protéger les (autres) humoristes et les créateurs ».
Face à la polémique, le comique qui joue dans une série inspirée de sa vie sur Netflix (« Huge in France », à l’accueil mitigé) s’était contenté de répliquer sous les traits de son personnage fétiche Chouchou… « Qu’ils aillent tous se faire bien… cajoler », avait-il lancé mi-février dans une vidéo à ses fans.
Une intervention qui n’avait pas calmé les esprits. Bien au contraire. La situation s’était envenimée, avec menaces d’action en justice, couverture de magazine et « guéguerre » entre humoristes pour identifier qui se cache derrière CopyComic.
En admettant des emprunts, Gad Elmaleh a un peu calmé ses pairs comme Muriel Robin, qui ne l’avait pas épargné en parlant de « vol intellectuel ».
« Je trouve ça bien qu’il ait reconnu. Je ne comprenais pas la défense qui l’amenait à nier quand il y a des preuves à ce point-là. Je n’ai jamais fait ça de ma vie. Il semblerait qu’il ne soit pas le seul… », a-t-elle affirmé mercredi à l’AFP. « C’est très pardonnable si c’est avoué », a-t-elle ajouté. Sur la toile, le ton était parfois moins conciliant, avec des internautes anonymes remontés à bloc.
L’humoriste a promis qu’on ne l’y reprendrait plus, promettant un nouveau one-man-show « 100% Gad », qui évoquera d’ailleurs la question du plagiat, « de manière drôle, honnête », ainsi que le rapport aux médias et aux réseaux sociaux.
Si c’était à refaire, « je ne le referais pas, mais je ne le regrette pas parce que je n’ai jamais été dans une démarche malicieuse ». « J’ai des rapports avec ceux dont je me suis inspiré, aucun ne s’est jamais plaint », affirme-t-il, insistant sur la violence d’une polémique, à ses yeux, excessive.
« Il y avait un fond de hargne, une volonté de nuire… Personne n’a envie d’être affiché dans la presse comme quelqu’un qui a volé », lance-t-il, sans le nommer, à l’adresse de CopyComic. Très peu présent sur les réseaux sociaux depuis l’été, ce dernier n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP mercredi.
Avec AFP