Le rôle de la langue arabe comme pont entre les civilisations mis en avant à Nairobi
L’ambassadeur du Maroc au Kenya et représentant permanent du Royaume auprès d’Onu-Habitat et Onu-Environnement, El Mokhtar Ghambou, a mis en avant, mercredi à Nairobi, le rôle joué par la langue arabe, à travers l’histoire, comme pont et passerelle entre les civilisations.
« Porteuse de culture, de savoir et de sciences, la langue arabe a joué entre le IXe et le XIIIe le rôle de passeur de culture vers l’Europe par le biais de traductions d’ouvrages arabes en latin puis vers d’autres langues européennes. Celles-ci en gardent encore l’empreinte avec des centaines de mots d’origine arabe, ou ayant transité par l’arabe », a souligné M. Ghambou dans une allocution au nom du groupe arabe à l’occasion de la journée mondiale de la langue arabe, organisé ce mercredi à l’Office des Nations Unies à Nairobi.
Il a tenu à rappeler dans ce sens, que la langue arabe, avec plus de 350 millions de locuteurs arabophones dans le monde et 220 millions de personnes arabophones de langue maternelle, est le cinquième groupe linguistique le plus usité sur la planète. Elle est aussi la langue officielle des pays Arabes.
La langue arabe est aussi une langue officielle des institutions internationales comme l’Organisation des Nations Unies, l’Organisation de la coopération islamique, l’Union du Maghreb Arabe et l’Union africaine.
Le diplomate marocain a ajouté, à ce propos, que c’est avec la diffusion de l’Islam que l’arabe a connu une expansion extraterritoriale rapide avant de s’installer sur tous les continents au cours de l’Histoire.
→ Lire aussi : Polémiques concernant les langues : L’aménagement linguistique
La conquête musulmane de la péninsule ibérique par les Omeyyades, la domination musulmane en Europe du 8ème siècle au 16ème siècle et la domination Ottomane pendant plusieurs siècles jusqu’à la veille de la Première Guerre Mondiale, favorisent l’expansion de l’islam, et laissent des traces indélébiles dans les langues et cultures des pays d’Europe, a-t-il détaillé.
La langue arabe a donc été le véhicule des pensées d’avant-garde dans les domaines littéraires, philosophiques et scientifiques : l’héritage des grandes civilisations du Moyen-Orient, de même que la pensée grecque et latine, furent repris et développés en langue arabe, a soutenu M. Ghambou, ajoutant que les langues européennes – français, espagnol, italien, anglais – sont imprégnées par plusieurs siècles d’influence de la langue et de la culture arabes.
Cette influence a été mise en avant par le secrétaire générale des Nations Unies, Antonio Guteres, dans sa lettre d’orientation à l’occasion de la journée mondiale de la langue arabe pour l’année 2018, dans laquelle il a affirmé que la langue portugaise a été largement influencée par la langue arabe, a tenu à rappeler le diplomate marocain. Pour sa part, Ebrahee Ssali, Coordinatrice pour l’arabe au Département des langues européennes et orientales de l’Université Makerere, à Kampala, en Ouganda, et président de la section Ouganda de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, a souligné le rôle joué par la langue arabe dans l’alphabétisation des populations d’Afrique de l’Est, ajoutant que le « Swahili », langue la plus utilisée par la population de cette région, comportent les traces de l’arabe.
« Le swahili qui était écrit à l’origine en langue arabe comporte actuellement plusieurs termes arabes », a-t-il noté, appelant les pays musulmans et arabes à redoubler d’efforts en vue de promouvoir la langue arabe pour lui redonner son aura d’antan.
Il a exhorté les pays musulmans et arabes à investir dans la langue arabe à travers la mise en place d’instituts et de centres culturels arabes dans l’ensemble des pays occidentaux en vue de prémunir la langue arabe contre la marée des langues étrangères. En marge de cette manifestation, le Maroc a organisé un stand où étaient exposés des produits d’artisanat ainsi que des mets de l’art culinaire marocain.