Moulay Hafid Elalamy dresse le bilan de six mois d’interdiction des sacs en plastique
Les autorités marocaines sont on ne peut plus déterminées à mettre en œuvre l’interdiction des sacs en plastique. Et c’est l’initiateur du projet, Moulay Hafid Elalamy qui tient à le faire savoir. Lundi, alors que les regards étaient tournés vers l’élection du président de la Chambre des Représentants, le ministre de l’Industrie a dressé le bilan de six mois de mise en application de la loi n°77.15. S’il est perçu qu’il y a eu baisse remarquable de la commercialisation et de l’usage, les mesures d’accompagnement à la reconversion marquent le pas.
Ceux qui ont cru que l’interdiction des sacs en plastique n’était qu’un effet passager de la Cop22 et que leur production, commercialisation et utilisation allaient reprendre de plus belle juste après, ont dû vite déchanter. Le Maroc a pris la pleine mesure des exigences environnementales qui se posent et n’est pas prêt à tergiverser sur cette orientation. C’est en substance le message clair qu’a véhiculé le ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie numérique, Moulay Hafid Elalamy, lors d’un point de presse dédié à la présentation du bilan de la mise en œuvre de cette loi qu’il a organisé, lundi soir à Casablanca. Selon le ministre, la mise en œuvre de la loi interdisant la fabrication, l’importation, l’exportation, la commercialisation et l’utilisation des sacs en matières plastiques a enregistré des résultats encourageants durant les 6 premiers mois. Cependant, l’usage des sacs en plastique perdure faute de mobilisation des citoyens. « C’est un projet national qui nous mobilise tous et dont l’enjeu mérite notre volonté collective », a affirmé M. Elalamy tout en admettant que l’utilisation des sacs plastiques a été considérablement réduite depuis l’entrée en vigueur de la loi, mais pas du tout éradiquée totalement. Cela n’empêche pas, selon lui, qu’elle l’est quasiment dans le commerce moderne et le recours aux produits alternatifs a connu une hausse remarquable au niveau des commerces de proximité. Du point de vue du ministre, la baisse « remarquable » de l’usage des sacs en plastique est imputée aux opérations de contrôle efficaces menées au niveau local, dans les unités de production, aux points de vente et aux frontières. Sur ce plan, il a indiqué, concernant le contrôle de la production, que « 1.536 opérations ont été réalisées et 20 PV d’infraction ont été transmis aux Procureurs du Roi ». S’agissant du contrôle du marché, il a affirmé que 9.077 infractions ont été relevées au niveau des 261.855 points de vente contrôlés et 1.076 PV d’infraction ont été transmis aux Procureurs du Roi. Quant au contrôle aux frontières, 19 tonnes de sacs plastiques ont été saisies, selon le ministre. En gros, ce sont 139 jugements qui ont été prononcés avec des amendes d’un montant de 2,76 millions de dirhams, a précisé M. Elalamy.
Quant aux opérations de ramassage et d’élimination des sacs en plastique, dont le chef de file est le ministère de l’Intérieur, elles ont permis la collecte de plus de 6.800 tonnes de sacs qui ont été incinérés dans des fours de cimenteries, en collaboration avec l’Association Professionnelle des Cimentiers.
Pour ce qui est des alternatives à mettre en place, M. El Alamy a signalé que les capacités de production annuelle de produits de substitution sont estimées à 4,6 milliards de sacs en papier, à 100 millions de sacs tissés et 120 millions de sacs non tissés.
Se réjouissant de ces résultats qui ont été réalisés, le ministre a précisé que les mesures déployées font l’objet d’un suivi régulier dans le cadre d’un Comité interministériel rassemblant les ministères de l’Intérieur, de la Justice et des Libertés, de l’Industrie, le ministère délégué à l’environnement et l’Administration des Douanes et Impôts Indirects.
D’un autre côté, le ministre est revenu sur les mesures d’accompagnement des professionnels impactés par l’interdiction. Tout en rappelant que son département a mis en place un fonds de 200 millions de dirhams dédié au financement et à l’accompagnement à la reconversion. Il a assuré qu’à ce jour, 72 entreprises ont répondu à l’appel à manifestation d’intérêt lancé en mai 2016 et sont éligibles pour bénéficier de l’appui du fonds. Néanmoins, il n’y a que 16 d’entre elles seulement qui ont déposé leurs dossiers d’investissement et bénéficient du soutien de l’Etat.