Au moins 80 morts et 350 blessés dans un attentat à Kaboul
Une bombe de forte puissance dissimulée dans un camion citerne pour eaux usées a fait au moins 80 morts et plus de 350 blessés mercredi près du quartier diplomatique de Kaboul, enveloppant le palais présidentiel et des ambassades étrangères dans un nuage de fumée noire.
L’explosion d’une rare violence s’est produite près de l’entrée fortifiée de l’ambassade d’Allemagne, sur une rue très fréquentée à cette heure de pointe de la matinée, a précisé un porte-parole de la police de Kaboul, Basir Mujahid.
« C’était un véhicule piégé près de l’ambassade allemande, mais il y a plusieurs autres enceintes importantes et des bureaux à proximité. Il est difficile de dire quelle était la cible exacte », a-t-il déclaré.
La mission de l’Otan à Kaboul, Resolute Support, a précisé dans un communiqué que les forces de sécurité afghanes venaient d’empêcher le véhicule de pénétrer dans la « zone verte » placée sous haute sécurité lorsqu’il a explosé.
La déflagration a brisé des fenêtres et soufflé des portes à plusieurs centaines de mètres à la ronde.
Des vidéos tournées sur place montrent des murs effondrés, des bâtiments éventrés et des véhicules détruits, dont de nombreuses voitures avec des morts ou des blessés à l’intérieur. La plupart des victimes sont apparemment des civils afghans.
A Berlin, le ministre allemand des Affaires étrangères a dit que des employés de l’ambassade d’Allemagne avaient été blessés et qu’un garde de sécurité afghan avait été tué.
Sigmar Gabriel a dénoncé sur Twitter une attaque « particulièrement méprisable » contre des gens qui travaillaient pour « assurer un avenir meilleur à l’Afghanistan ».
L’ambassade de France a subi des « dégâts matériels », a déclaré sur Europe 1 la ministre des Affaires européennes, Marielle de Sarnez, sans pouvoir se prononcer avec certitude sur la présence de victimes parmi les employés.
Les ambassades de Chine et de Turquie ont également été endommagées, ont indiqué ces deux pays. LES TALIBAN NIENT TOUTE RESPONSABILITÉ
Devant l’hôpital Wazir Akhbar Khan, le plus proche du lieu de l’explosion, des dizaines de personnes se sont rassemblées pour tenter de retrouver un proche ou d’identifier une victime à bord des ambulances qui acheminent les blessés et les morts.
« C’était comme un tremblement de terre », a décrit Mohamed Hassan, un jeune employé d’une banque touchée par l’explosion, la tête recouverte d’un bandage et la chemise blanche ensanglantée.
Les blessés en état de parler ont évoqué des scènes de panique et de confusion. Certains corps acheminés plus tard à l’hôpital étaient méconnaissables.
De nombreux blessés ont été transportés dans divers hôpitaux de Kaboul, a dit un porte-parole du ministère de la Santé, ce qui rend difficile leur comptabilisation et leur identification.
L’attentat n’a pas été revendiqué. Les taliban, qui comme le groupe Etat islamique ont mené plusieurs attaques à Kaboul ces derniers mois, ont nié toute responsabilité.
Le mouvement islamiste condamne toute attaque indiscriminée qui provoque des victimes civiles, a déclaré le porte-parole des taliban, Zabihullah Mujahid.
La violence de l’attentat confirme que le mois sacré du ramadan n’apportera aucun répit à la population afghane, le pays glissant de plus en plus vers le chaos.
Depuis le départ des dernières troupes combattantes de l’Otan fin 2014, les taliban ont repris le contrôle d’environ 40% du territoire de l’Afghanistan, selon les estimations américaines, même si les autorités tiennent encore toutes les grandes capitales provinciales, parfois difficilement.
Le président Donald Trump devrait prochainement se prononcer sur l’envoi de 3.000 à 5.000 soldats américains supplémentaires que lui réclament ses conseillers militaires pour tenter d’enrayer la progression des insurgés islamistes.