Enfants dans les conflits armés: une année 2020 particulièrement sombre
L’année 2020 a été particulièrement sombre pour les enfants touchés par les conflits, avec plus de 19.300 garçons et filles victimes directement d’une ou plusieurs violations graves, selon le rapport annuel du Secrétaire général de l’ONU sur les enfants et les conflits armés.
Cette enquête qui couvre l’année écoulée relève que le nombre total de violations graves est resté alarmant à 26.425.
Pour aggraver encore plus les choses, l’impact de la pandémie mondiale de COVID-19 a fait des ravages supplémentaires sur les enfants dans les situations de conflit armé et a compliqué les efforts des Nations-Unies pour atteindre ceux qui en ont le plus besoin, ajoute-t-on.
La pandémie a accru la vulnérabilité des enfants aux enlèvements, au recrutement, à la violence sexuelle et aux attaques contre les écoles et les hôpitaux, tandis que l’isolement et les mesures mises en place pour lutter contre la pandémie ont également compliqué le travail des observateurs et experts de la protection de l’enfance des Nations-Unies, comme cela a été détaillé dans une étude du Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés publiée en mai dernier.
«Les guerres des adultes ont de nouveau emporté l’enfance de millions de garçons et de filles en 2020. C’est totalement dévastateur pour eux, mais aussi pour l’ensemble des communautés dans lesquelles ils vivent, et détruit les chances d’une paix durable. Nous ne pouvons pas effacer le passé, mais nous pouvons collectivement travailler à reconstruire l’avenir de ces enfants, notre propre avenir ; en mettant la volonté, les efforts et les ressources nécessaires pour mettre fin et prévenir les violations graves contre les enfants, et en soutenant leur réintégration durable et en construisant un avenir sans conflit pour tous », a déclaré, à cette occasion, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Virginia Gamba.
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En 2020, les violations les plus répandues étaient le recrutement et l’utilisation, ainsi que le meurtre et la mutilation d’enfants, suivis de près par le refus d’accès humanitaire et l’enlèvement d’enfants. Plus de 8 400 enfants ont été tués ou mutilés par les guerres en cours, l’Afghanistan, la Syrie, le Yémen et la Somalie affichant le nombre le plus élevé de victimes d’enfants, selon le rapport.
Le recrutement et l’utilisation d’enfants ont persisté avec près de 7.000 enfants touchés en 2020, la plupart des cas se produisant en République démocratique du Congo (RDC), en Somalie, en Syrie et au Myanmar.
Les violations ayant connu la plus forte croissance exponentielle en 2020 ont été les enlèvements, à un taux stupéfiant de 90 %, et les viols et autres formes de violence sexuelle qui ont augmenté de 70 %.
En outre, les attaques contre les écoles et les hôpitaux sont restées excessivement élevées, y compris les attaques graves perpétrées contre l’éducation des filles et contre les établissements et le personnel de santé. L’utilisation militaire des écoles a également connu une augmentation, en particulier liée à la pandémie et à la fermeture temporaire des écoles, ce qui en fait des cibles faciles pour l’occupation et l’utilisation militaires.
En 2020, un enfant sur quatre victime de violations graves était une fille. Les filles ont été principalement touchées par le viol et d’autres formes de violence sexuelle (98 % de toutes les victimes étaient des filles), suivis par les meurtres et les mutilations, déplore encore cette enquête.
« Si les garçons et les filles vivent les conflits différemment et nécessitent des interventions pour mieux répondre à leurs besoins spécifiques, les données ont également montré que les conflits ne se différencient pas en fonction du sexe », a souligné Virginia Gamba.
Les situations de conflit où les garçons et les filles étaient les plus touchés par les hostilités sont restées les mêmes : Somalie, RDC, Afghanistan et Syrie. Ces pays représentaient près de 60 % de toutes les violations vérifiées en 2020 affectant les deux sexes. «Il est également très préoccupant de constater que de nombreuses attaques violentes contre des écoles avaient pour objectif spécifique d’empêcher les filles de recevoir une éducation« , a regretté la responsable onusienne.
( Avec MAP )