Le Maroc envisage plusieurs alternatives prometteuses au Gazoduc Maghreb-Europe
Par Taieb Dekkar*
Le journal algérien « El Watan » (proche des services de renseignements), qui est génétiquement hostile au Royaume du Maroc, a réclamé depuis plusieurs années, la recherche d’une alternative au Gazoduc Maghreb Europe (GME), qui transite par le Royaume, pour stopper le versement au Royaume des redevances de la traversée qu’il assimilait à «une assistance» gratuite à un pays «en ruine».
Je ne pense pas que ce journal ait changé entre- temps son appréhension à l’égard du Maroc, dans la mesure où ses journalistes ne sont pas nombreux à avoir visité le Royaume, qu’ils connaissent uniquement à travers les clichés de la propagande des années soixante dix.
Belaid Abdeslam qu’on surnomme à tort « le père de l’industrialisation » algérienne «clés en mains», tombée aujourd’hui en ruine, avait été appelé à la rescousse par les Généraux (1992-1993), comme chef de gouvernement, alors qu’Alger était plongée dans une grave crise multiforme (politique et économique). Il avait regretté la construction du GME, et préconisé la construction d’un nouveau gazoduc, qui relie directement l’Algérie à l’Espagne. Il redoutait, comme les dirigeants algériens d’aujourd’hui, « des mesures de rétorsion » du Maroc (pour faire pression sur l’Algérie sur le dossier du Sahara).
Je présume que les marocains savaient que la construction d’un second gazoduc direct Algérie-Espagne, bien que ses capacités soient inférieures à celles du GME (13,5 milliards de M3 contre 8) avait été envisagée dans cette optique, celle de se dispenser des services de la première infrastructure, dont la propriété appartient à l’Espagne, pour une durée de 20 ans (délai venu à son terme) , avant que le Maroc ne n’en acquiert automatiquement la moitié. Quant aux droits de passage, l’Algérie payait au Maroc, au titre de ses redevances (droits de passage), outre une partie en espèce, une autre en nature, qui équivalaient à la moitié de nos importations globales annuelles en gaz.
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Maintenant qu’Alger a décidé de se passer du GME, et suite à la découverte d’importantes réserves de gaz à Tendrara, hauts plateaux entre Oujda et Bouarfa (Est du pays), la reconversion du gazoduc GME est envisagée pour le transport de notre propre gaz vers les grands centres de stockage de Jorf Al Asfar et éventuellement l’exportation vers l’Europe. La connexion au GME sera opérée depuis Tendrara sur 120 kilomètres (jusqu’à Oujda) et à partir du Gharb jusqu’aux centres de stockage de jorf Al Asfar, sur 400 kilomètres.
Le Maroc, lui aussi, avait pris toutes ses dispositions, dans cette sombre perspective algérienne, pour assurer sa sécurité en matière d’approvisionnement, et devrait s’adresser à d’autres fournisseurs, en attendant la mise en service des gisements et des installations connexes de Tendrara.
Le Royaume millénaire du Maroc est dans une position économique, financière et sociale confortable, par rapport à l’Algérie, pour preuve, sa gestion rationnelle de la pandémie de la Covid-19 et ses performances reconnues, dans le domaine de la vaccination, avec pour objectif de parvenir à terme à une immunité collective.
L’Algérie des Généraux se trompe gravement en pensant qu’en suspendant l’utilisation du GME, transitant par notre pays, la famine risquerait de se répandre dans le pays et de provoquer une instabilité sociale. Ce discours n’est pas nouveau. El Watan devrait dépêcher ses envoyés spéciaux à Oujda pour constater de visu l’essor auquel cette ville de l’Oriental avait été promise, après la fermeture des frontières terrestres en 1994, contrairement à ses sinistres projections, fondées alors sur la suspension du flux des touristes algériens. Le Maroc avance, l’Algérie recule, c’est le constat de plusieurs de nos frères algériens, qui ont visité le Royaume en 2021.
*journaliste et écrivain