Scandale MetooUniv : Les premières sanctions tombent
Après s’être saisie du dossier sur le scandale « Sexe contre bonnes notes », la justice a prononcé les premières sanctions à l’encontre des enseignants incriminés. Non satisfaites, les victimes réclament l’extension des sanctions pour les autres accusés.
Le tribunal de Settat a condamné un professeur de l’Université Hassan 1er, hier, à deux ans de prison. L’accusé d’attentat à la pudeur, de violence et de harcèlement sexuel à l’encontre d’étudiantes, est professeur d’économie à la Faculté des sciences économiques et de gestion de l’Université Hassan 1er de Settat.
L’accusé est l’un des cinq professeurs poursuivis pour avoir prétendument accordé des notes plus élevées à des étudiantes en échange de relations sexuelles. Au total, onze victimes se sont manifestées. L’audience a débuté mercredi matin avec l’absence de la victime. En effet, l’étudiante a renoncé à son droit de réclamation après qu’un accord a été conclu avec le suspect. Elle aurait reçu une somme de 70.000 dirhams pour renoncer aux poursuites civiles. Mais le juge a néanmoins prononcé le verdict.
Des documents révélés au cours de l’affaire montrent que pendant des années, plusieurs professeurs ont utilisé les plaintes des victimes pour les réduire au silence en les menaçant de conséquences juridiques. Un lanceur d’alerte qui a révélé l’affaire, en 2016, a également été victime d’intimidation. Il a été d’ailleurs traduit en justice par deux des cinq professeurs présumés.
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En ce qui concerne le doyen de cette université réputée mais controversée, il a été limogé, fin décembre, suite à un rapport négatif de l’Inspection de l’Education.
Rappelons que l’histoire a été révélée en septembre par la fuite sur les réseaux sociaux de messages qui auraient été échangés entre les professeurs et les étudiantes.
L’affaire avait provoqué alors la colère au sein des organisations féminines, mais ce n’est pas une surprise – une série de scandales de ce type ont terni la réputation des universités marocaines ces dernières années.
L’affaire actuelle est différente dans la mesure où elle a, en fait, été portée devant les tribunaux – la plupart des incidents signalés ne sont pas allés aussi loin.
Par ailleurs, les groupes de défense des droits de l’Homme disent que cela est symptomatique d’une société dans laquelle la violence sexuelle reste répandue et de nombreuses femmes ne se sentent pas à l’aise de rapporter leurs expériences par crainte de représailles possibles ou du préjudice perçu à leur réputation et à celle de leur famille.