« Les accusées » d’Inezgane expriment leur gratitude

Sanaa et siham photoSanaa et Siham, les deux jeunes filles prises à partie par la foule, dans le souk d’Inezgane, avant d’être arrêtées pour leur tenue vestimentaire, ont été innocentées, ce 13 juillet, par le Tribunal de première instance de la ville où se sont déroulés les faits. Le procès est clos, après un premier report, le 6 juillet. L’arrestation et le procès des jeunes filles, qui ont vécu le cauchemar d’une mise en accusation après le premier cauchemar du harcèlement par une foule déchaînée, ont choqué l’opinion publique qui a largement réagi en organisant plusieurs manifestations de soutien et d’appel au respect des libertés individuelles, sous le slogan « Mettre une robe n’est pas un crime ».
Aujourd’hui, libres, les jeunes filles, qui ont d’ailleurs porté plainte contre leurs agresseurs, adressent une lettre ouverte à la société civile pour la remercier de sa mobilisation. Une lettre forte et émouvante.

LETTRE DES DEUX JEUNES FILLES D’INEZGANE :

 »Nous nous adressons à travers cette lettre à toutes celles et tous ceux qui nous ont soutenues dans ces moments difficiles du procès désormais connu au sein de l’opinion publique nationale comme « l’affaire des filles d’Inezgane », une affaire dans laquelle nous n’avons commis aucune faute et donc de laquelle nous ne sommes aucunement responsables. Nous avons pourtant été traînées en justice, en toute injustice, dans la peur et l’effroi, dans la douleur et l’émoi… 

Les tourments psychologiques qui sont désormais les nôtres sont difficilement qualifiables… De même que le déroulement des événements, de la manière dont nous les avons vécus, n’a pu qu’approfondir et élargir nos blessures du fait de toutes ces campagnes qui nous ont visées et qui nous atteintes dans notre dignité, dans notre intégrité physique et dans notre intimité psychologique et sexuelle… des campagnes tout à fait éloignées de la réalité des choses.

Nous avons en effet, et au début de cette affaire, été victimes de harcèlement sexuel, puis nous avons été agressées par des groupes de gens hystériques qui nous jetées des pierres, qui nous ont insultées et qualifiées des mots les plus vils et les plus orduriers. Puis nous avons basculé de victimes à accusées… accusées d’ « outrage à la pudeur publique ».

Mais le soutien de la société civile, à travers toutes ses composantes, nous a rendu le moral et nous a permis de trouver en nous la force de supporter les coups qui nous étaient assenés de toutes parts. 

Nous adressons sincèrement, profondément, nos remerciements et notre reconnaissance à toutes les associations et organismes, politiques ou civils, de défense des droits.

Nous remercions le collectif de défense qui nous a accompagnées lors de toutes les étapes de la procédure judiciaire. 

Nous remercions toutes les citoyennes et les citoyens qui nous ont soutenues, aidées, entourées de leur affection et de leur amitié, avec sincérité pour notre affaire et dévouement pour nos personnes, dans un admirable geste collectif de défense d’une cause juste.

A l’inverse, nous appelons toutes celles et tous ceux qui nous ont agressées, condamnées, qui ont colporté de fausses informations à notre égard, qui nous ont jugées sans même nous entendre, qui ont travesti la réalité sans même la connaître, qui nous atteintes dans notre dignité de femmes sans même nous rencontrer… A tous ceux-là, nous demandons d’interroger leurs consciences… 

Nous applaudissons le parquet pour la position qui a été la sienne lors de l’audience du procès, une attitude qui nous a rassurées et permis de retrouver confiance en nous. Cette position et cette attitude tranchent avec celles du substitut du procureur du roi qui nous a tellement nui, aussi bien à nous qu’à la justice de notre pays. 

Nous savons gré aux juges d’avoir été si attentifs, si compréhensifs, si épris de justice, ces magistrats qui nous ont permis à nous et à nos avocats d’établir la vérité des faits tels qu’ils se sont produits, loin des préjugés et des jugements pris à l’emporte-pièce.

Par ailleurs, nous regrettons toutes ces interprétations qui ont été faites sur le rôle joué par la police et qui ont porté atteinte à ce corps, et en dépit du fait que nous avons précisé que certains comportements étaient des actes isolés et individuels commis par des agents qui ont par la suite été entendus par leur hiérarchie, laquelle, ce faisant, nous a ainsi rendu justice. De toutes ces interprétations, la police ne doit pas être jugée car elle n’en est pas responsable en tant que corps constitué, surtout que l’affaire est devenue une affaire d’opinion publique.

Et, enfin, de la même manière que nous saluons toutes les consciences vives et actives de ce pays, pour leur mobilisation et leur engagement, pour leur sens civique et leur esprit citoyen, nous exprimons notre réprobation et nos regrets pour ce qui s’est passé et, aussi, par ailleurs, nous formons des vœux pour que la plainte que nous avons déposée auprès du parquet contre nos agresseurs suive son cours normal, dans le sens de la justice et de l’équité, car c’est ainsi que nous serons moralement réhabilitées et, à travers nous, c’est ainsi aussi que les femmes de ce pays seront mieux considérées. » et tous ceux qui nous ont soutenues dans ces moments difficiles du procès désormais connu au sein de l’opinion publique nationale comme « l’affaire des filles d’Inezgane », une affaire dans laquelle nous n’avons commis aucune faute et donc de laquelle nous ne sommes aucunement responsables. Nous avons pourtant été traînées en justice, en toute injustice, dans la peur et l’effroi, dans la douleur et l’émoi…

Les tourments psychologiques qui sont désormais les nôtres sont difficilement qualifiables… De même que le déroulement des événements, de la manière dont nous les avons vécus, n’a pu qu’approfondir et élargir nos blessures du fait de toutes ces campagnes qui nous ont visées et qui nous atteintes dans notre dignité, dans notre intégrité physique et dans notre intimité psychologique et sexuelle… des campagnes tout à fait éloignées de la réalité des choses. 

Nous avons en effet, et au début de cette affaire, été victimes de harcèlement sexuel, puis nous avons été agressées par des groupes de gens hystériques qui nous jetées des pierres, qui nous ont insultées et qualifiées des mots les plus vils et les plus orduriers. Puis nous avons basculé de victimes à accusées… accusées d’ « outrage à la pudeur publique ». 

Mais le soutien de la société civile, à travers toutes ses composantes, nous a rendu le moral et nous a permis de trouver en nous la force de supporter les coups qui nous étaient assenés de toutes parts. 

Nous adressons sincèrement, profondément, nos remerciements et notre reconnaissance à toutes les associations et organismes, politiques ou civils, de défense des droits.

Nous remercions le collectif de défense qui nous a accompagnées lors de toutes les étapes de la procédure judiciaire. 

Nous remercions toutes les citoyennes et les citoyens qui nous ont soutenues, aidées, entourées de leur affection et de leur amitié, avec sincérité pour notre affaire et dévouement pour nos personnes, dans un admirable geste collectif de défense d’une cause juste.

A l’inverse, nous appelons toutes celles et tous ceux qui nous ont agressées, condamnées, qui ont colporté de fausses informations à notre égard, qui nous ont jugées sans même nous entendre, qui ont travesti la réalité sans même la connaître, qui nous atteintes dans notre dignité de femmes sans même nous rencontrer… A tous ceux-là, nous demandons d’interroger leurs consciences…

Nous applaudissons le parquet pour la position qui a été la sienne lors de l’audience du procès, une attitude qui nous a rassurées et permis de retrouver confiance en nous. Cette position et cette attitude tranchent avec celles du substitut du procureur du roi qui nous a tellement nui, aussi bien à nous qu’à la justice de notre pays. 

Nous savons gré aux juges d’avoir été si attentifs, si compréhensifs, si épris de justice, ces magistrats qui nous ont permis à nous et à nos avocats d’établir la vérité des faits tels qu’ils se sont produits, loin des préjugés et des jugements pris à l’emporte-pièce. 

Par ailleurs, nous regrettons toutes ces interprétations qui ont été faites sur le rôle joué par la police et qui ont porté atteinte à ce corps, et en dépit du fait que nous avons précisé que certains comportements étaient des actes isolés et individuels commis par des agents qui ont par la suite été entendus par leur hiérarchie, laquelle, ce faisant, nous a ainsi rendu justice. De toutes ces interprétations, la police ne doit pas être jugée car elle n’en est pas responsable en tant que corps constitué, surtout que l’affaire est devenue une affaire d’opinion publique. 

Et, enfin, de la même manière que nous saluons toutes les consciences vives et actives de ce pays, pour leur mobilisation et leur engagement, pour leur sens civique et leur esprit citoyen, nous exprimons notre réprobation et nos regrets pour ce qui s’est passé et, aussi, par ailleurs, nous formons des vœux pour que la plainte que nous avons déposée auprès du parquet contre nos agresseurs suive son cours normal, dans le sens de la justice et de l’équité, car c’est ainsi que nous serons moralement réhabilitées et, à travers nous, c’est ainsi aussi que les femmes de ce pays seront mieux considérées. »

 

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