PLF2023, « le projet ambitieux qui manque d’imagination »
Le projet de loi de Finances pour l’année 2023 se veut ambitieux. Ses orientations générales, adoptées le mardi 18 octobre en Conseil des ministres, visent à relancer l’économie nationale fragilisée au cours des deux dernières années.
Toutefois, certaines des dispositions du PLF sont loin de faire l’unanimité et déplaisent aux professionnels qui dénoncent « un manque d’imagination » et pointent du doigt la non compatibilité desdites dispositions avec leurs aspirations.
Considéré comme un projet à véritable vocation sociale, le PLF 2023 aspire à relancer l’économie marocaine ainsi qu’à rétablir les marges budgétaires afin d’assurer la pérennité des réformes et partant améliorer le niveau de vie des Marocains. Dans ce sens, le gouvernement projette d’aboutir à un taux d’inflation de 2% ainsi qu’à une croissance économique de 4% en 2023 contre 1,5% enregistrée en 2022.
Des aspirations gouvernementales qui se veulent optimistes et ambitieuses, en dépit du contexte actuel difficile marqué par de multiples crises multiformes.
Toutefois, certaines des dispositions du PLF suscitent la polémique et soulèvent des voix qui dénoncent leurs caractères « aberrants ».
A cet égard, Mohamed El Fane, président de la Fédération marocaine de la franchise (FMF), et conseiller auprès du président de la Chambre de commerce, de l’industrie et des services de Casablanca-Settat, indique que le PLF marque un grand recul et « manque d’imagination » , pointant du doigt « ses failles » susceptibles d’entraver la croissance économique du royaume.
En effet, le président de la FMF a souligné, lors d’un entretien accordé à Maroc Diplomatique, que l’approbation des dispositions fiscales du PLF 2023, pourrait asséner « un coup dur » à bon nombre de secteurs notamment celui de l’entrepreneuriat au Maroc
« Le statut d’autoentrepreneurs sur lequel le Maroc affichait une grande ambition pour la création de l’emploi et la lutte contre l’informel se verra tué dans l’œuf par la PLF 2023 vu qu’il taxe d’une retenue à la source de 30% tout autoentrepreneur dépassant 50.000 dhs de CA par an. », a-t-il déclaré. Ajoutant que l’impact des dispositions du PLF portera également sur le secteur des services, l’un des plus grands pourvoyeurs de l’emploi au Maroc.
« Le secteur des services ( prestation de services et courtage) se constitue essentiellement de PME dont le chiffre d’affaires (CA) ne dépasse pas annuellement en moyenne 2 millions. Le PLF 2023 compte faire une retenue à la source de 20% directement sur le CA de ces entreprises…Par conséquent, beaucoup d’entre elles vont se retrouver en difficulté et se voir obligées de se délester d’une partie de leurs salariés. »,a-t-il expliqué.
PLF 2023 : Fin des OPCI ?
Les dispositions du PLF 2023 portent, par ailleurs, sur la fiscalité des organismes de placement collectif en Immobilier ( OPCI).
En effet, le Projet de loi de finance propose notamment de ne plus appliquer l’abattement de soixante pour cent sur les dividendes versés par les OPCI. Une disposition fiscale qui risque de limiter l’intérêt pour ces véhicules d’investissements, impactant ainsi le dynamisme de cet écosystème, jusqu’ici florissant.
Les professionnels du secteur ont d’ailleurs prévenu qu’il n’y aura plus aucun intérêt à porter un actif dans un OPCI. Chose qui impactera fortement les investisseurs ayant déjà apporté leur patrimoine dans cet organisme.
Des propos qui rejoignent celles de Mohamed El Fane qui indique que l’attractivité de ce véhicule d’investissements prendra un sérieux coup avec les aménagements du régime fiscal. « Le statut de l’OPCI à peine naissant est pris de court par le PLF 2023 vu la remise en cause de tous les avantages accordés par la nouvelle loi sur les OPCI et sur lequel les investisseurs locaux et étrangers avaient construits leur Business Plan pour drainer leurs fonds. Sachant que 200 milliards de MAD d’investissement étaient attendus. », a-t-il affirmé.
Voilà donc ce qui vient tirer la sonnette quant aux mesures défendues par le gouvernement, appelant ainsi l’exécutif à repenser ses stratégies pour la mise en place d’une réforme ne portant atteinte à aucune « frange de la population » et qui sera, de surcroît, en mesure de répondre aux projections des investisseurs à moyen et long termes.