La préservation des langues maternelles, un des défis majeurs à relever à l’ère de la mondialisation
Dans un monde de plus en plus interconnecté et mondialisé et une prédominance des courants de standardisation culturelle et linguistique, plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer cette vague d’uniformisation et appeler à la préservation des langues maternelles, considérées comme un patrimoine culturel immatériel.
La journée internationale de la langue maternelle, célébrée chaque année depuis février 2000, est une occasion pour la communauté internationale de réfléchir sur l’importance de la préservation de la diversité linguistique dans le monde et de la promotion du multilinguisme, en vue de réaliser les objectifs de développement durable (ODD).
En effet, les langues locales, en particulier les langues des minorités et des peuples autochtones, participent à la transmission des cultures, des valeurs et du savoir traditionnel, contribuant ainsi à la sauvegarde d’un patrimoine immatériel menacé de tomber dans l’oubli.
Consciente du danger qui guette les langues maternelles, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a tiré la sonnette d’alarme, en annonçant que sur les quelques 6.000 langues existant dans le monde, plus de 2.500 d’entre elles sont menacées de disparition.
Les données sont inquiétantes: Plus de 200 langues se sont éteintes au cours des trois dernières générations, 538 sont en situation critique, 502 sérieusement en danger, 632 en danger et 607 vulnérables, selon l’UNESCO, qui ajoute qu’une langue « disparaît en moyenne toutes les deux semaines, emportant avec elle tout un patrimoine culturel et intellectuel ».
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La situation n’est cependant pas systématiquement alarmiste, l’organisation onusienne entrevoit une lueur d’espoir à travers notamment les progrès enregistrés dans l’éducation multilingue fondée sur la langue maternelle, dont l’importance est de mieux en mieux comprise, en particulier pour les premières années de scolarité.
L’action de la Communauté internationale en faveur de la sauvegarde des langues maternelles trouve également son fondement dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme (1948) qui dispose dans son article 2: « Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation ».
La Journée internationale de la langue maternelle 2018, célébrée sous le thème « Préservation de la diversité linguistique dans le monde et promotion du multilinguisme en vue de réaliser les objectifs de développement durable », sera l’occasion pour l’Unesco de mettre l’accent sur la diversité linguistique et le multilinguisme comme éléments clés pour le développement durable, notamment pour atteindre les cibles 4.6 et 4.7 de l’ODD 4 sur l’éducation.
Les Objectifs de développement durables s’appuient sur la diversité linguistique et le multilinguisme comme contributions essentielles à l’éducation à la citoyenneté mondiale. Ils constituent en effet des vecteurs de promotion du dialogue interculturel et du vivre ensemble.
La célébration de cette journée internationale est également une opportunité pour sensibiliser le grand public quant à l’importance que revêt cette question au niveau mondial et son impact sur l’avenir des générations futures.