La camarilla de Moulay Hicham, un prince en totale déconfiture financière
Par Haim Zagouri (L’OBS)
Tout le monde se rappelle encore l’échec retentissant de la manœuvre de Moulay Hicham visant à provoquer l’interpellation surprise par la police française, de Mounir El Majidi, secrétaire particulier du Souverain marocain, après avoir ourdi avec son protégé Zakaria Moumni le dépôt en France d’une plainte pour torture contre ce proche collaborateur du Roi.
La découverte de cette énième machination par le magazine « Jeune Afrique » n’avait fait que confirmer la réalité de cette volonté démoniaque du cousin du Roi de s’acoquiner à tous les coups avec des crapules n’ayant ni foi ni loi, dans l’espoir vain de porter atteinte à l’image de Mohammed VI et de son entourage, dont la vertu est manifestement inexistante chez la horde formant le premier cercle de la camarilla de Moulay Hicham, devenue célèbre, plus pour le parcours sulfureux de ses membres, que pour leur dissidence politique « à géométrie variable ».
C’est le cas d’Aboubakr Jamai, ce journaliste mythomane qui n’arrive plus à démordre de sa thèse éculée dont il a fait son fonds de commerce au sujet du monopole qu’exercerait encore le Souverain marocain sur l’industrie agro alimentaire nationale, alors qu’il sait pertinemment que les désengagements de la SNI de « Cosumar », « Centrale Laitière », « Lesieur Cristal » et « Bimo » ont tous été actés avec transparence par la publication de communiqués officiels de cette holding. Par contre Boubky (le surnom donné à Aboubakr Jamai pour ses interminables pleurnicheries) aime à justifier son « exil-fuite » en France, par son incapacité à payer une amende de 3 millions Dhs de dommages et intérêts pour avoir diffamé le belge Claude Moniquet de l’ESISC (Centre Européen de Recherche, d’Analyse et de Conseil en Matière Stratégique), en oubliant bizarrement de rappeler la réalité de ses turpitudes financières par lesquelles il a, en complicité avec le pittoresque assureur Fadel Iraki et le Kerviel de l’ex-Wafabank, en l’occurrence Ali Amar, organisé la liquidation judiciaire de la société éditrice du « journal hebdomadaire, afin d’échapper au paiement d’une ardoise due à l’Etat, s’élevant a 14.000.000 Dhs, dont notamment les sommes de 5.000.000 Dhs redevable à la CNSS et 7.000.000 Dhs au préjudice des impôts. Ce fraudeur du fisc qui ne cesse de lancer des diatribes contre la prétendue hégémonie du « Makhzen économique » est le même qui avait opté pour l’achat d’un terrain de 2000 m² à Bouskoura, au lieu de régler les cotisations sociales de ses employés.
Le profil d’Ali Lmrabet n’en est pas moins équivoque. Viré des Affaires Etrangères parce qu’il s’est fait remarquer pour sa promptitude à distribuer des gifles au lieu de réagir avec diplomatie, l’aubergiste potentiel de Tétouan a cru pouvoir gagner sa vie en insultant tout ce qui bouge dans ses journaux, à telle enseigne que ses collègues de la profession, comme l’espagnol Ignacio Cembrero, sont aujourd’hui persuadés qu’il est sérieusement atteint de psychopathie. Fauché après ses nombreuses mésaventures dans la presse écrite, ce trublion, qui reconnaît sans fausse honte que c’est son épouse espagnole qui lui paye aujourd’hui ses cafés, est passé maître dans la signature de contrats avec des maisons d’édition espagnoles, dont il empoche de substantielles avances en euros…sans pour autant délivrer de manuscrits. C’est sans doute du vol « piquant » et « satirique ».
L’autre Ali, Amar de son nom, n’est plus à présenter coté « roublardise », depuis l’avortement en 1995 de son casse bancaire, qui sur la base d’une falsification de documents allait porter un coup fatal aux réserves de change nationales. Depuis lors, il s’est converti dans le journalisme, mais il se murmure sous cape ici et là, qu’il aurait tout de même conservé quelques uns de ses vieux réflexes de margoulin financier et qu’il ne serait pas allé de main morte dans l’allégement des caisses de l’ex-« Journal Hebdomadaire », en profitant surtout des contrats « échange marchandise », au moment où les employés étaient dépecés de leurs droits à la CNSS. Par la suite, son nom brillera à nouveau dans une vulgaire affaire de cambriolage de domicile perpétré de connivence avec son ancienne dulcinée Zineb Rhazoui, avant qu’il ne soit licencié pour plagiat par un site d’information français avec lequel Amar avait un temps collaboré. C’est ce qu’on peut considérer comme étant un véritable « changement dans la continuité ».
Enfin, il y a le « Picsou Chéri » de Moulay Hicham, celui qui lui apprend les quelques deux ou trois formules pompeuses en français, que le prince affectionne d’utiliser sur les plateaux des chaînes françaises, pour tenter d’imiter le style unique de Hassan II. Il s’agit bien évidemment du journaliste Ahmed Reda Benchemsi, celui qui est arrivé à décrocher une bourse à Stanford en adjoignant à son dossier d’inscription à cette université américaine des publireportages dithyrambiques sur le cousin de Mohammed VI. Mais Benchemsi, qui s’est farci l’écriture de l’autobiographie de Moulay Hicham, n’excelle pas seulement dans le mercenariat de la plume. Il est même disposé à la casser en reniant son identité, pourvu qu’il y ait du fric à se faire. C’est ce qu’a révélé en 2013, le journaliste américain Max Blumenthal, qui au terme d’une longue investigation journalistique a découvert des liens pas très catholiques entre le nouveau site électronique lancé par Benchemsi, à savoir « Free Arabs Press » et « l’American Islamic Congress », une organisation liée au milieu conservateur américain et foncièrement islamophobe.
Cette information n’a pas beaucoup surpris les anciens collègues de Benchemsi, qui se souviennent de l’avidité de ce journaliste « tournesol » à engranger des insertions publicitaires pour sa revue « Telquel », quitte à négocier un compromis avec ceux qu’il accusait d’assassiner à l’époque la liberté d’expression au Maroc. A ce propos, il se dit même que Benchemsi consultait infailliblement l’ancien patron des flics, Hamidou Laanigri, avant l’écriture de ses éditoriaux. Bien sur, tout cela avait lieu avant que Benchemsi ne devienne le cafard de service de l’ONG « Human Rights Watch ».
Ils sont encore légion ce type d’aigrefins au sein de la camarilla de Moulay Hicham, et il ne serait pas juste d’oublier de citer les cas du journaliste El Houcine Mejdoubi qui a toujours mangé dans la main de Moulah Hicham (son seigneur), l’universitaire Abdellatif Housni qui n’a jamais publié les chiffres de vente de sa revue trimestrielle « Wijhat Nadar », dont il prétend être le directeur, et aussi le dingo Ahmed Benseddik, qui a renié son allégeance au Roi Mohammed VI en contrepartie de la prise en charge par son cousin des frais de scolarité de son fils aux Emirats Arabes Unis. Omar Brouksy n’est pas en reste et occupe une place de choix dans la file des obséquieux de la « Liste de Hicham »
Nullement embarrassé d’être le parrain d’une clique aussi malsaine, Moulay Hicham ne rate pourtant aucune occasion -comme l’a si bien dévoilé le journaliste Abderrahim Ariri, dans son récit sur les apartés épisodiques qu’il avait eus avec le prince à l’époque, au cours desquels ce dernier lui avait proposé d’injecter 50 millions de dhs pour le financement d’un journal « anti-système »-, pour déverser une avalanche d’insultes à l’encontre du premier cercle restreint du Roi, qu’il accuse sans fondement aucun, de s’ingénier à protéger ses intérêts personnels. Pourtant il est de grande notoriété que Mohammed VI a toujours été et demeure particulièrement pointilleux sur le respect rigoureux par ses proches collaborateurs de l’éthique du pouvoir en n’admettant sous aucun prétexte qu’un membre de son entourage fraude le fisc, verse dans la concussion, ou s’accapare par cupidité un quelconque avantage, en exploitant sa proximité avec le Souverain, sachant que ceux qui ont été tentés de le faire en ont été pour leur frais.
C’est cette intransigeance royale à l’égard de tout abus de pouvoir qui taraude à l’extrême l’esprit de Moulay Hicham et au lieu que celui-ci s’interroge si les requins qui l’entourent sont aussi irréprochables que les personnes faisant partie de l’entourage royal, il persiste à distiller plutôt médisances et calomnies sur l’aptitude du premier cercle du Roi à gérer les affaires de l’Etat, en se demandant avec perfidie « où sont passés les gros calibres qui entouraient Hassan II »?
Une fois n’est pas coutume, l’amnésie de Moulay Hicham mérite une petite piqûre de rappel sur la force du lien familial au sein de la monarchie marocaine et la fidélité à toute épreuve de ses membres et ce, afin de mettre à nu la complotite aigue du « prince rouge », qui prétend vouloir « démanteler le Makhzen », mais rêve en secret, comme en sont persuadés certains de ses domestiques souffre-douleur, de pouvoir un beau jour l’incarner de manière despotique, voire même tyrannique.
Car, s’il est vrai que comparaison n’est pas raison, il n’en reste pas moins que les marocains n’oublieront jamais la décision courageuse du prince Moulay Ali Alaoui, neveu de Mohammed V, ayant volontairement rejoint la famille royale lors de son exil à Madagascar et œuvré infailliblement, sa vie durant, pour la défense des intérêts stratégiques du Maroc. C’est surtout dans l’épreuve que ce « digne cousin germain de Hassan II », cherchait à exprimer sa loyauté indéfectible au défunt souverain.
Qu’en est-il du « cousin germain de Mohammed VI », en l’occurrence Moulay Hicham? Aurait-il réagi avec le même élan nationaliste pour défendre la légitimité de la monarchie ? Assurément non et il est fort probable, qu’au regard de sa culture très western, il se serait plutôt déployé à truander Ben Arafa, non pas pour revendiquer le retour de Mohammed V, mais pour prendre sa place.
C’est du moins cette logique qui transparaît des innombrables manigances de Moulay Hicham, dont particulièrement celle qu’il était parvenu à faire gober à une certaine presse de caniveau, ayant finalement amèrement regretté de s’être fait piéger par un prince manipulateur aspirant à se tailler de toutes pièces un costume d’opposant traqué par les services de sécurité marocains et qui n’aurait eu d’autre choix que celui de s’auto-exiler aux Etats-Unis et ce, dans l’espoir inavoué de regagner le Royaume en révolutionnaire de cumin.
C’est précisément cette logique de victimisation obsessionnelle qui résume toute la vie de Moulay Hicham. Comme l’a pathétiquement mis en scène le nègre Benchemsi dans le livre autobiographique du prince, ce dernier serait la seule, l’unique et l’exceptionnelle tête de turc de l’entourage royal, qui aurait décidé de l’adopter comme « punching ball ».
Par conséquent, ce sont les proches collaborateurs du Roi qui auraient sommé Bank Al Maghrib de rejeter pour défaut de provisions le chèque d’une valeur de 2 millions de Dhs, récemment émis par Moulay Hicham pour honorer sa dette envers le défunt Omar Slaoui, le beau-frère de son épouse Malika Benabdelali et à propos duquel le prince savait parfaitement qu’il était en phase terminale. Face à cette situation honteuse, ce n’est pas tant la condition de prince de Moulay Hicham qui a empêché la famille du défunt de faire valoir ses droits en recourant à la procédure du protêt bancaire, mais c’est plutôt son refus de provoquer un scandale susceptible d’éclabousser par ricochet la famille royale, d’autant plus que tout le monde sait au sein des familles Slaoui, Kadiri et Benslimane que le « prince rouge » est un puits sans fond.
C’est aussi une main invisible de l’intérieur du Palais qui incite Moulay Hicham à poser des lapins à l’homme d’affaires Michel Azeroual, des que celui-ci réclame le règlement de ses créances qui se chiffrent en millions de dollars. Cela doit être une onde émanant du palais qui téléguide le businessman Abdelaziz El Mnezhi à s’infliger quasi quotidiennement l’humiliation de supplier Moulay Hicham de lui rembourser son dû pour pouvoir payer les frais de scolarité de sa fille à l’étranger. Enfin, c’est sans aucun doute encore un énième coup fourré fomenté par le palais qui a poussé Moulay Hicham à extorquer « mielleusement » la somme de 800.000 Dhs à la vertueuse professionnelle de l’enseignement privé, Saloua Rabii Al Andaloussi, laquelle pourrait passer par la case de prison pour faillite personnelle. La liste des victimes de l’insolvabilité de Moulahoum (leur seigneur) Hicham ne cesse de s’allonger. Demandez l’avis à Abderrahman El Cohen, doyen des souffre-douleur du prince, ou encore à Omar et Hicham Kadiri et même à la famille Chaabi.
La déroute financière de Moulay Hicham est telle, que même le staff administratif à son service se plaint régulièrement des retards de paiement des salaires et autres redevances mensuelles. Sans parler des prestataires comme l’avocat Ali Sqalli Houssaini et le notaire Jaouad Chraibi, qui en ont ras-le-bol de cumuler des honoraires impayés, au point qu’ils menacent aujourd’hui de faire un scandale public pour récupérer leur dû.
Tout le monde l’a désormais compris. A force de comploter toute sa vie contre les autres, Moulay Hicham a fini par devenir l’ombre de ses échecs et l’acteur central de sa propre décadence. Il s’est attelé à prouver que ô combien la prémonition du Roi Hassan II était fondée lorsqu’il a offert au prince un dollar troué. Un présent qui, dix sept ans après la disparition du défunt souverain, continue de symboliser à la perfection le bilan de l’action de Moulay Hicham et de ses fiers à bras chargés de tramer des coups tordus pour souiller l’image du Maroc et celle du régime, dont le prince espérait en hériter la régence.