L’avocate française Rachel Lindon, de qui est-elle le nom ?
Par Hassan Alaoui
C’est une étrange avocate, avec un non moins étrange scénario ramené dans sa besace depuis Paris et qui s’évertue à nous dispenser des leçons de droit, à calomnier ni plus ni moins la justice marocaine et s’en prendre à ses institutions. Une avocate qui, après deux jours seulement de présence devant les juges, préfère la voie de la presse plutôt que le prétoire pour défendre « son » client, présenté comme la victime suprême d’une loi inique et arbitraire.
Rachel Lindon pour ne pas la citer , avocate aux barreaux de Paris et de Madrid, de la Cour pénale internationale (CPI), débarquée en renfort de son confrère anglais, Roney Dickson , initialement désigné pour défendre Taoufik Bouachrine mais qui s’est dérobé in extremis et ne s’est pas présenté aux audiences, s’est fendue, quant à elle, d’un long communiqué qui s’apparente davantage à une logomachie, et à un réquisitoire contre la justice marocaine qu’à une plaidoirie de son client. Membre du comité des défenseurs du directeur du quotidien arabophone « Akhbar al-Youm », elle s’en est prise, entre autres, au parquet, aux procédures d’enquête, aux méthodes d’instruction du procès, aux principes qui président à la mise en examen, à l’arrestation du présumé coupable, aux « violations » des articles 9-3, 9-4 et 14-1 du Pacte international sur les droits civils et politiques que le Maroc a signés en 1977 et ratifiés en 1979, et tout simplement à la police judiciaire qui a procédé, le 23 février dernier, à l’arrestation de Taoufik Bouachrine en ses bureaux. Opération menée non pas par 40 policiers, comme elle le prétend, suivant en cela la rumeur, mais par une dizaine tout au plus…
Un « communiqué » confus
Une grave confusion imprègne le communiqué que Mme Rachel Lindon a cru adresser à la presse directement, tout en boycottant les assises et les audiences où, de toute évidence, se déroule le procès en vertu des règles de justice. Elle affirme d’emblée que la décision d’interpeller le présumé coupable émane du parquet, alors qu’elle devrait procéder du juge, ajoutant que Taoufik Bouachrine « n’a pas bénéficié de son droit de se défendre » ! Ce qui est évidemment faux, puisqu’il est entouré par une impressionnante armada d’avocats. Ensuite, dès le départ de son affaire, le concerné a été mis au courant des faits qui lui sont reprochés et des « circonstances de sa détention, notamment les motifs, les dates, les lieux et l’identité de celles qui ont porté plainte contre lui ».
Dans sa stupéfiante prise à partie de la justice marocaine, l’avocate française a cru dénoncer « l’inégalité des armes », entre le parquet et le directeur de Akhbar al-Youm , alimentant selon elle un dossier à charge contre lui par de nouvelles révélations et plaintes, sans en informer ses avocats. Voilà qui est encore une preuve de la mauvaise foi avérée de l’avocate atterrie sur la scène d’un complexe dossier pénal dont elle ignore à vrai les tenants et aboutissants.
Comment, en effet, se prévaudrait-elle de mettre en cause un système judiciaire, disons une procédure minutieusement entourée de toutes les précautions, et de verser dans la calomnie alors qu’elle n’a daigné se rendre au tribunal que deux fois pour se livrer à son exercice préféré : propager mensonges et calomnies? Comme l’a si bien souligné Maître Mohamed El Haini, le communiqué qu’elle a distribué à la presse est un tissu de « mensonges et de contradictions », entre elle et son collègue anglais qui a mis en exergue une sorte de surenchère qui nuit à la défense de Bouachrine et révèle des failles incommensurables et impardonnables.
En contradiction avec le Pacte de 1977
Quand bien même elle se référerait au Pacte international sur les droits civils et politiques et à sa signature par le Maroc en 1977, Rachel Lindon est à coup sûr en flagrante contradiction avec le texte, et notamment avec l’article 9 dans sa globalité. L’alinéa 1 de l’article 9 stipule que « nul ne peut être privé de sa liberté, si ce n’est pour des motifs et conformément à la procédure prévus par la loi ». Il convient de préciser que dans le cas d’espèce, la procédure ici est pénale, ce qui nous renvoie à l’alinéa 2 de l’Article 9 et qui spécifie que « tout individu arrêté sera informé, au moment de son arrestation, des raisons de cette arrestation et recevra notification, dans le plus court délai, de toute accusation portée contre lui… ».
Or, l’avocate française, férue davantage d’idéologies que de règle de droit feint de l’ignorer et surtout déblatère en affirmant encore que son client « n’a pas été informé à temps des chefs d’accusation portés à son encontre (…), qu’il ignore les circonstances et les motifs de sa détention ». Le gouvernement marocain est-il à ce point si méprisant et inconscient pour signer un Pacte international des droits civils et politiques pour le bafouer et le tourner en dérision ? Rachel Lindon préfère passer sous silence l’existence des 50 vidéos, les témoignages et les cris de détresse des femmes qui ont porté plainte…Et comme quelqu’un a dit : « elle est du côté du violeur et non des femmes violées avec mépris ». Elle oublie cependant cette vérité de la justice marocaine qui dispose ainsi : « L’article 7 du Code de procédure pénale indique que toute personne victime d’un préjudice physique, matériel ou moral est dans la capacité de porter plainte avec constitution de partie civile ». Les femmes qui ont porté plainte contre Taoufik Bouachrine n’ont pas badiné avec cette loi…
De la même manière, son avocate française se fait fort de mettre en balance le pouvoir du parquet et celui du juge, criant à qui veut l’entendre que le premier est éclipsé par le deuxième qui le met sous emprise et le dépouille des ses attributs. Voilà, bien entendu, un raisonnement caricatural, fallacieux parce qu’il procède de cet enfumage que certains prétendus juristes, a fortiori s’appropriant les enjeux et l’héritage des droits de l’Homme comme d’une manne instrumentalisent à des fins politiques.
Rachel Lindon ne rougit guère de ses contradictions flagrantes lorsqu’en même temps qu’elle décrit – en forçant le trait bien entendu – les conditions de détention de « son » client, « non respectables » dans « une cellule individuelle » et « isolé », victime de « souffrances physique et mentale », elle avoue qu’elle « ne l’a jamais vu ni rencontré » et que son désir est « de le rencontrer, de le voir comme tous les autres clients »… Ce n’est donc pas la moindre entorse à l’éthique du métier qu’elle exerce, ni non plus un respect scrupuleux à la règle de droit et aux femmes bafouées. Mme Rachel Lindon, commise par on ne sait quelle force ou quel pouvoir, venue lire un communiqué mal inspiré et faire de l’agitation, nous rappelle ces équipées de tenants des droit-de-l’hommisme débarquant avec leurs gros sabots en terrain conquis pour nous donner des leçons, au mieux d’incrédulité et d’ignorance , au pire d’ethnocentrisme.