La violence, vestige de l’évolution ou mal des temps modernes ?
Dossier du mois
Dr Abdellah Cherif Ouazzani, Enseignant chercheur en pensée islamique et sciences de l’éducation
La violence au quotidien
La violence est un phénomène social qui est né avec l’être humain depuis son avènement sur terre, a ponctué sa vie et l’a accompagné dans son évolution et son développement. Dans le Coran, Allah informe ses anges qu’il va mettre sur terre un vicaire : « Lorsque Ton Seigneur confia aux Anges : Je vais établir sur la terre un vicaire, Ils dirent : Vas-Tu y désigner quelqu’un qui y mettra le désordre et répandra le sang, quand nous sommes là à Te sanctifier et à Te glorifier ? » (Sourate 02/30). Et puis le Coran nous renseigne sur le premier cas de violence de l’histoire de l’humanité à travers le meurtre perpétré par Caïn, fils d’Adam, sur son frère Abel, en raison de la jalousie, l’envie et la cupidité. « Son âme l’incita à tuer son frère. Il le tua donc et devint ainsi du nombre des perdants.» (Sourate 5/21).
Donc la vie sur terre est une épreuve où les gens sont confrontés à des situations de difficultés, et Dieu a envoyé ses messagers pour les guider, leur inculquer des valeurs et les imprégner de vertus pour être dignes de la distinction divine. Et les exemples sont nombreux quand Dieu envoya Moïse voir le Pharaon qui s’est autoproclamé Dieu, il lui dit : « Allez au Pharaon, il s’est vraiment rebellé, puis parlez-lui gentiment, peut-être se rappellera-t-il ou me craindra-t-il » (Sourate 20/44).
Quant au Prophète de l’Islam, Dieu lui a inculqué les valeurs de la miséricorde, du respect et de la modestie et lui a demandé de s’en imprégner dans ses relations avec les autres : « C’est par quelque miséricorde de la part d’Allah que tu as été si doux envers eux, mais si tu étais rude, au coeur dur, ils se seraient enfuis de ton entourage, alors pardonne-leur donc, et implore pour eux le pardon (d’Allah), et consulte-les à propos des affaires » (Sourate 3/159).
Partant de ces orientations et recommandations, les gens doivent purifier leur âme qui est, dans son état originel, mauvaise : « l’âme est très incitatrice au mal, à moins que mon Seigneur, par miséricorde ne la préserve » (Sourate 12/53). Et la responsabilité d’éduquer, d’accompagner les jeunes et les orienter, incombe d’abord aux parents, aux enseignants éducateurs, aux hommes de religion et à l’ensemble de la société. Sauf qu’on assiste, aujourd’hui, à une démission des parents (de par leur absence physique et morale), un effondrement de l’école qui n’arrive plus ni à former ni à éduquer, une détérioration du message religieux qui, en grande partie, est devenu littéraliste, au lieu d’insister sur le sens et l’essence de la religion, ses valeurs éthiques et morales, oriente son message davantage sur le licite et l’illicite, ainsi que sur les aspects extérieurs, et enfin une transformation profonde et radicale de la société qui privilégie le matérialisme tous azimuts et se réjouit des succès éphémères, et ainsi glorifie et fait l’apologie de l’argent facile pour répondre au consumérisme sauvage, quitte à utiliser les voies dangereuses (vol, prostitution, arnaque…).
Une prise de conscience s’impose et un retour aux valeurs devient urgent, sinon, la descente aux enfers est amorcée.