15ème anniversaire en fanfare pour les Andalousies Atlantiques d’Essaouira
12 concerts et une centaine de musiciens et de chanteurs pour revisiter les répertoires les plus emblématiques du répertoire judéo-arabe.
Que restait-il à Essaouira pour, une fois encore, nous éblouir autour des répertoires mythiques du Matrouz, du Samaa, du Chgouri et de tous ces autres rendez-vous que les liturgies et les civilisations musulmane et juive ont su ensemble et pendant des siècles donner aux partitions les plus exaltantes de la musique andalouse ?
Que restait-il donc pour que, du 25 au 28 octobre 2018, ce 15ème anniversaire du Festival des Andalousies Atlantiques d’Essaouira soit au diapason de toutes les autres éditions qui, depuis 2003, nous ont enchantés, transportés et souvent réconciliés avec ce patrimoine précieux que le Maroc, depuis la Cité des Alizés, a le talent de promouvoir et de partager bien au-delà de nos frontières.
Il restait à l’Association Essaouira-Mogador, muse souirie à l’élégance discrète mais jamais à court d’une audace, à nous concocter un programme à couper le souffle pour que cette édition anniversaire s’inscrive non seulement dans la même veine que les précédentes mais aille encore plus loin dans la créativité et l’émotion qui sont la marque de fabrique de ce festival à nul autre pareil.
Pari tenu, car sans en dévoiler les détails et les ultimes secrets, la grande fête de la musique que nous prépare Essaouira va, entre autres, réussir l’exploit de donner rendez-vous sur la même scène à Raymonde El Bidaouia et à Hajja El Hamdaouia. Ces deux icônes de la scène marocaine n’ont jamais chanté ensemble. Il fallait Essaouira pour oser ce rendez-vous indicible et improbable, riche de tellement de promesses puisées dans l’exceptionnelle richesse de notre diversité à nous Marocains.
Autre temps fort et inédit mais combien emblématique de la profondeur et de l’enracinement de ce patrimoine, les groupes Hapyout et Andalucious qui réunissent une trentaine de chanteurs et de musiciens juifs seront eux aussi présents sur la même scène. Hapyout pour nous faire retrouver et nous offrir les poèmes chantés du judaïsme mythique du Tafilalet, dans la lignée des œuvres du Grand Rabbin Yaacov Abihssera. En écho à ces troubadours filalis, Andalucious avec à sa tête le jeune violoniste étoile Elad Lévi nous proposera un concert kaléidoscope qui revisitera les pièces les plus emblématiques du Melhoun, du Chgouri et du Matrouz judéo-arabe dont Essaouira n’a pas fini de nous faire découvrir les partitions écrites à deux mains et chantées à deux voix.
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Le Maghreb Uni sera aussi de la fête pour ce 15ème anniversaire hors normes. En effet, la grande Hayat Boukhriss que chacun connait invitera sur scène et à ses côtés Rym Hakiki venue d’Alger et la tunisienne Syrine Benmoussa. Trois grandes dames qui ont le talent de nous dire chacune à sa façon notre Maghreb réuni dans un répertoire qui ne connait pas de frontières.
C’est dans ce même registre que le flamenco tout droit venu des meilleures écoles flamenca de Séville sera, comme chaque année à Essaouira, le fil de lumière qui éclaire cette Andalousie Atlantique de tous les possibles que la Cité des Alizés a choisi d’incarner avec talent.
Autre moment d’exception de cette Andalousie mythique en escale à Dar Souiri pour nous faire revivre le legs de deux des plus grands poètes andalous, Ibn Arabi et Ibn Gabirol. Un concert à deux voix, celle de Said Belcadi, maître du Madih et du Samaa au Maroc qui aura à ses côtés Curro Pinana, l’héritier du cante minero en Espagne.
Last but not least et surtout à ne pas rater, la soirée d’ouverture du jeudi 25 octobre qui nous proposera un concert grandiose avec près d’une centaine de musiciens et chanteurs sur scène dirigés par Anass El Attar, l’un des maîtres de la musique andalouse qui sera à la tête du légendaire orchestre Mohamed El Brihi. Avec son Rbab du 18ème siècle, Anass El Attar et son orchestre accueilleront sur scène la magnifique et imposante chorale des « Mélomanes de la Musique Andalouse ». Ils seront rejoints par le mounchid Ahmed Marbouh et les cantors Benjamin Bouzaglo, Hay Korkos avec à leurs côtés, la diva du Melhoun Sanaa Marahati, pour donner à ce premier concert les accents et les mots du répertoire de Samy Al Maghribi, Albert Suissa et Salim Halali.
Ouverture en fanfare donc, clôture en apothéose et pendant 3 jours une douzaine de concerts sans compter ces rendez-vous « Au-delà de Minuit » que les habitués connaissent bien avec cette année une quarantaine de maîtres du Madih et du Samaa qui se réuniront à Dar Souiri pour rendre hommage à Abdelmajid Souiri qui nous a quitté le 2 avril dernier.
Dimanche matin, avant de se dire au-revoir, en première au Maroc, projection et débat à Dar Souiri auteur du film de Hanna Assouline « Les Guerrières de la Paix ».