Maroc-Belgique: les échanges économiques loin de refléter l’intensité des relations
Les échanges économiques ne reflètent pas pleinement l’intensité des relations entre le Maroc et la Belgique, a souligné Didier Reynders, vice-premier ministre, ministre belge des Affaires étrangères.
Les deux Royaumes sont déjà des partenaires importants, y compris aux plans économique et commercial. « Nos échanges ne reflètent cependant pas encore pleinement l’intensité des relations qui existent, à tout niveau, entre nos deux pays. Il y a encore beaucoup de potentiel et d’opportunités », a regretté le chef de la diplomatie belge dans une interview accordée à la MAP à la veille de la mission économique de haut niveau que conduira son pays du 25 au 30 novembre au Maroc.
La Belgique est le 8 ème pays exportateur vers le Maroc et son 9 ème client, et ces chiffres évoluent favorablement, s’est-il félicité, notant que le choix du Maroc pour mener cette mission économique «la plus grande mission jamais organisée», a rassemblé un large consensus.
Faisant écho d’ »un véritable engouement du monde des entreprises » pour le Maroc, Reynders a souligné que cette mission constituera certainement «un jalon important de nos relations économiques et commerciales bilatérales».
«Ce sera un catalyseur et il faudra veiller, ensemble avec nos partenaires marocains, à maintenir ce momentum dans les prochaines années », a-t-il préconisé.
Se félicitant des atouts économiques du Maroc, Reynders a souligné qu’ «au-delà d’une croissance soutenue, qui fait du Maroc la locomotive de l’Afrique du Nord, les opportunités pour les entreprises belges, tant les plus grandes que les PME, sont nombreuses».
C’est certainement le cas dans des secteurs comme ceux de la construction et des infrastructures, du transport et de la logistique, de l’agro-alimentaire ou du textile, mais aussi dans des domaines tels que l’automobile, l’aéronautique ou les énergies renouvelables, a-t-il rappelé.
Reynders a affirmé que «le Maroc offre également une localisation stratégique au carrefour de l’Europe et de l’Afrique ».
«Cela en fait une porte d’entrée vers le continent africain – comme la Belgique l’est pour l’Europe », a-t-il dit, notant que les entreprises belges «suivent attentivement les efforts effectués par le Maroc pour développer ses relations économiques avec l’Afrique sub-saharienne, et sont bien au fait du rôle de partenaire stratégique que votre pays peut jouer pour leur permettre de se déployer dans cette région du monde ».
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La mission économique belge sera donc l’occasion d’ «encourager des coopérations triangulaires vers l’Afrique sub-saharienne », a noté le ministre, rappelant que trois projets pilotes sont déjà en cours avec l’Agence marocaine pour la coopération internationale, «qui montrent que cette voie mérite d’être poursuivie».
Après avoir rappelé l’historique des relations d’amitié et de coopération entre la Belgique et le Maroc, M. Reynders s’est félicité de l’excellence des «relations chaleureuses qui unissent nos deux familles royales ».
Il a également mis en exergue «les liens humains très forts» qui marquent les relations bilatérales du fait de l’importance de la communauté d’origine marocaine en Belgique, rappelant la célébration en 2014, du «jubilé de cette autre étape importante de notre histoire commune qu’a représenté à l’époque la signature de la convention relative à l’emploi de travailleurs marocains en Belgique ».
La mission économique belge au Maroc sera également l’occasion d’attirer l’attention sur «le potentiel et le talent de la communauté d’origine marocaine en Belgique, qui est active dans un large éventail de secteurs, et qui peut jouer un rôle moteur dans l’intensification de nos relations bilatérales », a affirmé le vice-premier ministre belge.
Rappelant sa visite au Maroc au début de l’année, Reynders a relevé que «la conclusion commune qui a émergé alors est que notre coopération bilatérale mérite d’être encore approfondie, avec un accent particulier sur le renforcement de nos liens économiques et commerciaux », notant que les deux pays sont par ailleurs conscients que «les défis qui nous attendent dans les domaines de la sécurité ou de la migration rendent également nécessaire une intensification de notre coopération».
Évoquant, par ailleurs, le rôle que jouera la Belgique en tant que membre non permanent du conseil de sécurité en 2019, le chef de la diplomatie belge a souligné que « dans un contexte où les structures multilatérales sont davantage mises sous pression, la Belgique continuera à promouvoir la vision ambitieuse de la coopération internationale qui est au cœur de sa politique extérieure depuis plus de 70 ans ».
Le mandat que la Belgique entamera le 1er janvier prochain pour deux ans en tant que membre non-permanent du Conseil de sécurité, est une nouvelle expression de cet engagement multilatéral, a dit le ministre.
La Belgique, a-t-il expliqué, va s’inscrire dans le travail collectif et la cohésion de l’ensemble des membres du Conseil de sécurité, en «partenaire constructif, fiable et ouvert».
Elle s’efforcera aussi de valoriser, avec pragmatisme et bon sens, son rôle traditionnel de conciliateur, comme elle l’a mis en avant tout au long de sa campagne, avec le slogan : « Bâtir le consensus, agir pour la paix », a souligné Reynders, notant que l’autorité d’un membre non-permanent doit se bâtir en se reposant sur un travail intense et surtout sur la qualité, la valeur ajoutée qu’on apporte, quelle que soit la taille du pays.
«L’action de notre pays en faveur de la paix et de la sécurité repose sur plusieurs grands axes. Il s’agit en premier lieu de l’appui à la démarche du Secrétaire Général des Nations-Unies qui vise à mettre l’accent sur la prévention des crises. Un autre axe est la recherche de synergies avec les régions concernées – singulièrement en Afrique où la Belgique souhaite s’appuyer sur une action forte des organisations sous-régionales et de l’Union Africaine ainsi que de son Conseil Paix et Sécurité ».
«Dans l’ensemble des débats au Conseil, la Belgique attachera également une attention particulière à des thèmes sur lesquels nous nous sommes investis depuis longtemps, et que nous avons mis en avant dans notre campagne. Il s’agit notamment de la prévention des conflits et du soutien à la médiation, de la protection des civils, du rôle des femmes et de la jeunesse dans la paix et la sécurité et de la lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme », a conclu le chef de la diplomatie belge.