Des experts mettent en avant le rôle historique de Sijilmassa dans le commerce transsaharien
Des experts ont mis en avant, jeudi à Rabat, le rôle majeur de la cité médiévale de Sijilmassa dans le commerce transsaharien, soulignant qu’il s’agissait au fil de plusieurs siècles d’un carrefour entre la région du Sahel et celle du Maghreb.
La ville de Sijilmassa qui a été fondée par les Kharijites vers 757 a constitué entre le 8ème et le 14ème siècles une ville marchande vers laquelle convergeaient les caravanes de commerce transsahariennes, reliant ainsi les différentes agglomérations maghrébines à celles sahariennes et subsahariennes, ont-ils indiqué lors d’une conférence organisée à l’Académie du Royaume du Maroc sous le thème « Sijilmassa, porte de l’Afrique, patrimoine en partage, site en péril ».
Le directeur de l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine (INSAP), Abdelouahed Ben-Ncer, a souligné l’importance de l’identification et de l’étude du patrimoine de cette cité historique du Tafilalet pour comprendre à bien des égards les périodes clés de l’histoire de l’occident, et particulièrement celle du Maghreb et Maroc, notant que la ville-principauté de Sijilmassa a été un centre phare des échanges commerciaux pour la partie nord-ouest-africaine, mais aussi pour l’Europe.
L’intérêt scientifique que portent les vestiges de cette cité ne date pas d’aujourd’hui, d’autant plus que les premières interventions d’ordre archéologique remontent au milieu du 19ème siècle, a-t-il relevé, ajoutant que ce n’est qu’en 1972 que des fouilles systématiques ont été lancées afin de percer les mystères de la cité à travers un programme maroco-américain.
Par la suite, le site a été pratiquement laissé à l’abandon en termes d’exploration archéologique et ce n’est qu’en 2012 qu’un nouveau programme quinquennal a été engagé, permettant de dégager un premier plan chronologique de répartition des vestiges selon les dynasties qui s’y sont succédé.
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Le professeur à l’INSAP, Erbati Elarbi, a passé en revue les multiples facettes de la ville de Sijilmassa, rappelant que les vestiges archéologiques de la cité ont permis de montrer la présence de plusieurs ensembles urbains distincts dans le temps mais déconnectés dans l’espace.
Il a appelé, dans ce sens, à la création d’une conservation du site ou d’un centre d’interprétation pour la mise en valeur du patrimoine culturel de Sijilmassa, ainsi que pour la promotion d’activités culturelles en partenariat avec les populations et les autorités locales.
L’historien Jilali El Adnani a mis en exergue les atouts économiques qui lui ont permis de se positionner comme une porte des flux économiques transsahariens. L’existence de Ksours qui portent le nom de Meknassa ou Maghraoua à l’ère du Royaume du Ghana et l’existence d’une très forte communauté noire dans la région du Darâa-Tafilalet reflète la connectivité du nord au sud de Sijilmassa. Il a également mis en avant l’importance des textes dans l’étude archéologique du patrimoine de la cité, qui ont permis de relater les relations intenses qu’entretenait Sijilmassa avec le Royaume du Ghana.
De l’avis d’Ahmed Skounti, professeur à l’institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine, Sijilmassa est tournée par excellence vers le patrimoine comme levier de développement, relevant qu’elle devrait avoir un impact significatif notamment sur le plan quantitatif en termes de contribution au Produit national brut (PNB) et qualitatif sous forme d’apport à la qualité de vie de la population, pour peu que cette région médiévale soit placée au cœur des plans de développement culturel. En tout cas, la promotion de son patrimoine ne peut qu’avoir des retombées bénéfiques sur la valorisation des repères historiques du site, a indiqué M. Skounti qui souligne l’impératif d’accroître les moyens de recherche afin de protéger les vestiges du site.
Il a aussi appelé à une mise en valeur du site en le rendant plus accessible aux visiteurs afin de contribuer au développement économique de la région du Darâa-Tafilalet.
Initiée dans le cadre des activités culturelles et scientifiques de l’Académie du Royaume du Maroc en hommage à l’historien marocain Larbi Mezzine, le colloque se propose de favoriser une meilleure connaissance des principales composantes de la cité de Sijilmassa, à la valorisation de son patrimoine et sa préservation.