Abbès Jirari appelle à approfondir la recherche scientifique sur le Malhoune
Le doyen de la littérature marocaine, Abbès Jirari, a appelé samedi à Azemmour, à approfondir la recherche scientifique sur le Malhoune en vue du renouvellement et le développement de cet art ancestral.
Lors d’un colloque sur l’art du Malhoun organisé à Azemmour dans le cadre de Malhouniyat, sous le thème »l’art du Malhoun marocain : entre les manifestations de la spécificité et de la singularité et les traits du rayonnement et de la dissémination », M. Jirari a réitéré son appel aux universités marocaines d’ouvrir les portes aux étudiants et chercheurs, pour enrichir l’art du Malhoun, contribuer à sa pérennité, développer ses objectifs, ses expressions, et ses formes de styles et de rhétorique affinées.
Pour atteindre un tel objectif, il s’avère impératif de conjuguer les efforts des chercheurs dans ce domaine très vaste, riche d’une production d’un grand nombre de poètes.
Bien que le flambeau de la recherche scientifique dans ce domaine est porté par des chercheurs spécialisés, ce qui revêt une grande importance, il demeure, néanmoins, nécessaire de plancher actuellement sur ‘’l’approfondissement des détails’’, ce qui n’était pas possible il y a un demi-siècle quand la recherche au sujet de cet art était encore à ses débuts.
Il a, à cette occasion, exprimé sa joie de voir « après plus d’une cinquantaine d’année de dévouement et d’abnégation au service de ce cet art patrimonial, une autre génération de chercheurs prendre le flambeau pour naviguer dans +cette mer sans rivage+ ». En début des travaux de ce colloque, marqué par la lecture d’un poème déclamé en l’honneur de M. Jirari, dont la 8è édition de Malhouniyat porte le nom, le poète et chercheur Noureddine Chammach a dressé un tableau exhaustif de l’histoire du Malhoun. »L’émergence de la culture populaire a accouché de l’art du Malhoun considéré comme le Diwan (recueil) des Marocains ».
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Tout en étayant ses thèses par la lecture de plusieurs Qsaids (Poèmes), M. Chammach a indiqué que le poète du Malhoun n’a laissé aucune situation humaine ou liée à la nature sans qu’il ne s’y implique. Et c’est là où réside, selon lui, la force du Malhoun, qui l’a transformé d’une simple poésie et créativité à une épopée sociale dans laquelle chacun y trouve, quel que soit son sexe, son âge, et ses capacités d’écoute, un moyen d’expression des sentiments qu’il ressent,.
Le Malhoun, a-t-il poursuivi, est ainsi passé du statut de simple poésie et littérature pour devenir »une culture de société » qui encadre, oriente, rassemble et motive toutes les composantes du peuple marocain. Par ailleurs, c’est autour du »Malhoun et de l’identité d’ouverture » que l’universitaire et chercheur Abdelouhab Filali a axé son intervention, appelant à davantage d’efforts en termes de recherches en vue »d’une culture de l’étude et de la perception ».
Le conférencier a, en outre, rappelé que l’inscription le 9 janvier 2018, du Malhoun sur la liste du patrimoine culturel immatériel auprès de l’UNESCO, en collaboration avec le ministère de la Culture, est d’ailleurs le couronnement même de cette perception dont l’on parle. A cet effet, M. Filali a mis en exergue, à travers plusieurs Qçaids, les trois composantes de l’art du Malhoun, à savoir la valeur artistique, critique, et culturelle.
Il a par la même occasion souligné que la poésie du Malhoun a constitué le miroir de la société marocaine, et les poètes ont ainsi pu résumer leurs expériences et en tirer la morale et les leçons grâce à leur grande sensibilité et leur entière interaction avec les questions concernant toutes les catégories sociales.
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D’autre part, le »langage corporel dans la poèsie du Malhoun » est le volet sur lequel le poète et chercheur Mounir El Biskri a orienté sa communication. En effet, a-t-il assuré, plusieurs Qçaids chante la femme et la porte au plus haut niveau. Le programme de la soirée de ce samedi animé par l’artiste Nabil Jay, a été consacrée à l’orchestre dirigé par Mohamed El Ouali.
Le menu comprenait aussi l’Algérie comme invité d’honneur avec la troupe Algérienne »l’art populaire » et l’artiste Nassim Tabit, mais l’artiste Fatim Zahra Ben Rahal, Abdelmajid Rahimi et la Troupe Ben Khama pour l’Art Aissaoua d’Azemmour.
Jeudi soir, les mélomanes ont assisté à un spectacle réunissant une pléiade d’artistes marocains qui se sont succédé sur scène pour célébrer ce patrimoine artistique, en présence notamment du gouverneur de la province d’El Jadida, Mohamed El Guerrouj.
Organisée par l’Association provinciale des affaires culturelles (APAC), en partenariat avec l’OCP, le Conseil provincial et la commune d’Azemmour, cette huitième édition a offert un plateau de choix, en particulier un récital donné par les musiciens les plus en vue du Malhoun, sous la houlette de Mohamed Al Ouali.
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Le programme comportait aussi des spectacles de l’Association Roudania menée par Mohamed Mouline, de la compagnie Tazi de l’art du samaa et de madih, de la troupe Achmaoui de l’Art Aissaoui, d’Azemmour, de la troupe algérienne pour l’art populaire, de l’orchestre Français « Rencontre et Paix », de la Troupe Zaouia Hamdouchia d’El Jadida, de la troupe Zamane Al Ouasl de Salé, ainsi que de prestations d’autres artistes tels Sanae Marahati et Thami Belhouate.
Le festival a connu la participation d’artistes venus d’Algérie, de Tunisie et de France pour rehausser le niveau de cette édition, qui intervient dans le sillage des efforts des acteurs concernés et du ministère de la Culture pour inscrire le Malhoun sur la liste du patrimoine culturel immatériel auprès de l’UNESCO.