Affaire Ikram : une nouvelle audience le 23 juillet
La justice marocaine a décidé le mercredi 10 juin, de remettre en détention préventive, l’homme accusé d’avoir violé la petite Ikram, fillette de moins de six ans. Une nouvelle audience a été fixée au 23 juillet prochain.
La décision du tribunal survient suite aux recours en appel activés par le Ministère public et le père de la victime présumée après le jugement de la Cour d’appel d’Agadir. Celle-ci a été accueillie avec soulagement par la société civile qui s’est mobilisée dans cette affaire et a exprimé une forte indignation suite à la remise en liberté provisoire du présumé coupable. Une pétition en ligne réclamant « justice pour Ikram » a récolté plus de 200 000 signatures au bout de quelques jours et de nombreux sit-in de la population de la localité de Fem Lahcen, dans la Province de Tata ont eu lieu pour réclamer justice.
« En tant que spécialiste des affaires de défense des droits de l’enfant, je considère que la poursuite judiciaire en état de liberté, dans ce genre d’affaires, constitue un réel danger sur la vie des victimes et leur psychique, surtout que la récidive en matière de délinquance sexuelle est une réalité», nous confie Me Youssef Rharib, avocat au barreau de Casablanca mandaté par l’association « Touche pas mon enfant », qui s’est portée partie civile dans cette affaire. « Nous souhaitons qu’une révision ou un réajustement de notre code pénal soit envisagé dans l’objectif de juger ce genre de prévenu en état d’incarcération jusqu’à ce que le verdict tombe pour permettre une meilleure protection de nos enfants face aux dangers de la pédophilie », ajoute-t-il.
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Retour sur les faits
Tout a commencé lorsque les autorités sanitaires de la localité de Fem Lahcen, ont reçu la victime accompagnée de sa mère. Les faits remontent au jeudi 4 mai, selon un communiqué du ‘Forum Iffous pour la démocratie et les Droits de l’Homme’, publié le 7 juin, les services auraient interpellé le père en raison de l’état physique de sa fille après le viol, qui lui a causé une « grave hémorragie ». Ensuite l’accusé a été arrêté et mis en garde à vue, suite à une plainte déposée par le père d’Ikram.
Samedi dernier, le tribunal d’Agadir a décidé de libérer sous caution le présumé violeur, suite au retrait de la plainte du père de la jeune fille. De son côté, le père de la victime a affirmé avoir signé « sous pression » un accord écrit pour renoncer aux poursuites contre le présumé pédophile.
Dans cette petite localité, l’affaire a provoqué une onde de choc. Plusieurs habitants de la région se sont rassemblés, le mardi 9 juin, dans les rues pour dénoncer cette décision. « Nous refusons le viol », « la mort plutôt que l’humiliation », ont scandé des dizaines de manifestants rassemblés dans cette ville.