Agro-alimentaire : Une valeur ajoutée de 30 milliards de dirhams au PIB
En perturbant les chaînes d’approvisionnement mondiales, la pandémie de Covid-19 et le conflit russo-ukrainien ont remis au centre des préoccupations la question de la sécurité alimentaire. Le problème se pose avec acuité en Afrique, où plusieurs pays produisent et exportent de grandes quantités de matières premières agricoles. Au Maroc, l’IMIS explique que le secteur de l’industrie agro-alimentaire (IAA) génère 30 milliards de dirhams en valeur ajoutée, soit 26 % du PIB industriel.
Très perceptible au Maroc, comme dans la plupart des pays du continent, cette ambivalence a incité l’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS) à explorer les pistes à même de permettre au Maroc d’assurer sa souveraineté alimentaire et de faire de son industrie agroalimentaire un nouveau moteur de croissance de son économie et de ses échanges commerciaux avec le reste du monde.
Dans son rapport publié en septembre 2022, l’IMIS explique que le secteur de l’industrie agro-alimentaire (IAA) génère 30 milliards de dirhams en valeur ajoutée, soit 26 % du PIB industriel, regroupe environ 2.000 entreprises et emploie plus de 150.000 personnes, soit l’équivalent de 25% de l’effectif industriel global.
Le tissu des IAA marocaines demeure néanmoins essentiellement composé de PMI (entreprises de moins de 200 salariés) puisqu’elles représentent 95% du secteur. Mais celles-ci n’assurent qu’un peu moins de la moitié de la production agroalimentaire alors que les 5% restantes sont les plus importantes et en assurent près de 55%.
L’agro-industrie, l’un des secteurs phare du Plan d’accélération industriel du Maroc, connaît depuis près de 10 ans une croissance de l’ordre de 6% par an en moyenne, et constitue donc un pilier important de l’industrie marocaine avec près de 5% du PIB national. Ce qui en fait le deuxième secteur industriel du pays en taille.
Les produits marocains de l’agro-industrie sont en effet principalement destinés au marché domestique, les biens exportés ne représentant que 12% du total des exportations industrielles pour une valeur d’à peine 1,7 milliard de dollars.
Les exportations restent ainsi inférieures par rapport à leur potentiel, aux opportunités du marché mondial et aux nombreux accords de libre-échange signés par le Maroc, situation due essentiellement à l’insuffisance de l’offre exportable, aux irrégularités des campagnes agricoles et au cadre réglementaire et fiscal actuel qui, selon les professionnels, empêche l’émergence d’un marché intérieur organisé à cause de la vente en vrac de produits transformés et d’une imposition de la TVA à 20% sur les produits alimentaires emballés.
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L’on estime par ailleurs que près de 40% des revenus générés par les entreprises de l’agro-industrie sont liés à la transformation de produits importés (meunerie, tabac, boissons sucrées, etc.), plutôt qu’à l’ajout de valeur à la production agricole nationale.
A l’horizon 2030, le Maroc pourrait faire de son industrie agroalimentaire un nouveau fer de lance de sa souveraineté alimentaire, de son économie et de ses échanges commerciaux avec le reste du monde. Sécurité, Intégration, Durabilité et Innovation constituent à cet égard les piliers d’une vision rénovée.
Les champions marocains
Le tissu des IAA marocaines demeure néanmoins essentiellement composé de PMI (entreprises de moins de 200 salariés) puisqu’elles représentent 95% du secteur. Mais celles-ci n’assurent qu’un peu moins de la moitié de la production agro- alimentaire alors que les 5% restantes sont les plus importantes et en assurent près de 55%. Celles-ci appartiennent soit à des groupes nationaux (Diana Holding, Holmarcom, Unimer, Koutoubia…), soit à des multinationales à capitaux étrangers (Nestlé, Coca Cola, Savola, Centrale Danone…).
Ceci dit, l’agro-industrie, l’un des secteurs phare du Plan d’accélération industriel du Maroc, connaît depuis près de 10 ans une croissance de l’ordre de 6% par an en moyenne, et constitue donc un pilier important de l’industrie marocaine avec près de 5% du PIB national. Ce qui en fait le deuxième secteur industriel du pays en taille.
Cette percée significative, quoiqu’inégale géographiquement et en densité, s’explique par une rapide évolution du mode de consommation interne, notamment en milieu urbain, mais aussi par la forte croissance de la demande extérieure et du fort appui public dont bénéficie le secteur. L’État par le biais, notamment, du Plan Maroc Vert et du contrat-programme de 2017 signé avec les opérateurs privés, agit fortement pour restructurer le secteur et le valoriser. Toutefois, l’action opérée sur l’offre reste insuffisante tant sur l’amont que sur l’aval et notamment la transformation.
Les produits marocains de l’agro-industrie sont en effet principalement destinés au marché domestique, les biens exportés ne représentant que 12% du total des exportations industrielles pour une valeur d’à peine 1,7 milliard de dollars. Les exportations restent ainsi inférieures par rapport à leur potentiel, aux opportunités du marché mondial et aux nombreux accords de libre-échange signés par le Maroc, situation due essentiellement à l’insuffisance de l’offre exportable, aux irrégularités des campagnes agricoles et au cadre réglementaire et fiscal actuel qui, selon les professionnels, empêche l’émergence d’un marché intérieur organisé à cause de la vente en vrac de produits transformés et d’une imposition de la TVA à 20% sur les produits alimentaires emballés.
L’on estime par ailleurs que près de 40% des revenus générés par les entreprises de l’agro- industrie sont liés à la transformation de produits importés (meunerie, tabac, boissons sucrées, etc.), plutôt qu’à l’ajout de valeur à la production agricole nationale.
Quid des filières marocaines
Ainsi, sur la base de la dépendance aux marchés d’importation et d’exportation, le secteur agroalimentaire peut être divisé en trois catégories :
- Les filières « championnes» : celles-ci sont actives surtout à l’exportation, mais également sur le marché intérieur. Les entreprises de ces filières sont généralement techniquement avancées et compétitives. Les chaînes de valeur dans lesquelles elles opèrent sont fonctionnelles et subissent un degré d’implication moindre du secteur informel. Les filières de cette catégorie comprennent les industries des fruits et légumes (transformés et jus de fruits), les industries laitières, ainsi que les industries du poisson.
- Les filières qui dépendent du marché domestique : elles subissent la concurrence des importations de produits transformés. Les entreprises de cette catégorie s’approvisionnent localement et vendent la majeure partie de leur production sur le marché intérieur, tout en conservant une certaine orientation à l’exportation. Ces filières sont fortement concurrencées par l’importation de produits partiellement subventionnés, en provenance de pays méditerranéens concurrents. Parallèlement, le secteur informel prend une part de marché assez importante, gênant ainsi la croissance des entreprises formelles. Les filières de cette catégorie comprennent les industries du biscuit, du chocolat et de la confiserie, ainsi que les industries des boissons non alcoolisées et de l’eau.
- Les filières qui dépendent du marché intérieur et de l’importation de fournitures : ces filières ont une fonction intermédiaire d’importation de produits alimentaires et de transformation en aliments pour les consommateurs marocains. Elles sont en concurrence avec les transformateurs alimentaires internationaux et doivent faire face aux coûts de l’importation et de la transformation locale. Le secteur informel couvre une part importante de ce marché qui comprend l’industrie de la biscuiterie, du chocolat, de la confiserie, l’industrie des huiles alimentaires, de la mouture, des céréales, des pâtes, du couscous, du sucre, du thé et du café.
L’industrie agroalimentaire reste ainsi duale, caractérisée par de grands acteurs structurés et pluridisciplinaires et par une multitude de petits acteurs spécialisés dans des productions de niche. Le poids des entreprises à participation étrangère est élevé en termes de valeur ajoutée, soit 58% du total de l’industrie agroalimentaire, fournie par un nombre d’entreprises représentant le tiers des entreprises du secteur (2013). Les principaux pays investisseurs dans l’IAA au Maroc sont la France (59%), Singapour (24,2%) et la Grande-Bretagne (14,7%).